Cradle of Filth c’est le groupe qui fait parler quoi qu’il arrive, qui crée systématiquement le buzz. Groupe incontournable à la fin des années 90 / début 2000 grâce à un enchaînement imparable Dusk... and Her Embrace, Cruelty and the Beast et Midian, ils sont depuis ce temps bénis dans tous les mauvais coups. Trop commercial pour les true-blackeux, des prestations live souvent discutables, des clips cheaps à souhait, une imagerie trop présente par rapport à la qualité de la musique, sont quelques-unes des critiques classiques… Ce groupe ne fera jamais l’unanimité, c’est évident.
Mais la bande à Dani, qui reste le seul membre de la formation originelle et représente à lui seul l’identité du groupe, existe depuis vingt-cinq ans et ça, les amis, personne ne lui enlèvera à l’imitateur de cochon qui s’est coincé les doigts dans la porte. J’avais clairement lâché le groupe depuis une quinzaine d’année, la faute à des albums assez moyens à mon sens (Quel plaie le passage chez Roadrunner). Mais comme beaucoup, je mets toujours une oreille sur leurs productions et Hammer Of The Witches avaient tout de même réussi à me charmer. C’est donc tout naturellement que je me suis tourné vers leur treizième LP (eh ouais les haters, treize albums !) Cryptoriana - The Seductiveness of Decay.
L’album s’ouvre comme d’habitude par une introduction tout en douceur, Exquisite Torments Await, mais contrairement à beaucoup d’autres albums c’est un vrai morceau, et pas juste du clavier, où Dani chante peu mais ne peut s’empêcher d’ouvrir sur un de ses cris ultra-aigus typiques dont il est le dépositaire. Le décor est posé, c’est du Cradle, pas de doute.
S’ensuit Heartbreak and Seance, déjà clippé depuis un moment, et là c’est le flashback, je retrouve mes plus jeunes années et le triptyque que j’évoquais en introduction. Alors, je vais balayer de suite le fantasme du retour de Cradle au top du top, il n’en est pas question sur cet album. Mais le groupe est stable depuis Hammer Of The Witches, reprend les choses là où il les avait laissées, et on le ressent de suite. On retrouve le côté Heavy-Gothico-Maidenien qui fait la grande force de ce groupe. Nous sommes d’ailleurs bien loin des standards du Black, qui ne correspondent toujours pas à leur univers, et au final seul l’imagerie fait le lien, car musicalement il n’y a aucun parallèle à faire.
Donc, ce qui me fait vraiment plaisir sur cette galette, c’est que les éléments qui à mon sens font la force de cette formation, je les retrouve tous, et ça c’était assez inattendu. Achingly Beautiful, certainement le morceau le plus ambitieux, offre des chœurs absolument délicieux et je trouve la structure du morceau assez classique, elle accompagne facilement l’auditeur tout du long, malgré ses sept minutes au compteur.
Inutile de faire un track by track, l’ensemble de ce Cryptoriana est dans la même veine. On y trouve des mélodies mélancoliques à souhait, des accélérations foudroyantes, des breaks et changements de tempos bien sentis, une base rythmique diablement efficace et des soli qui défouraillent tout sur leur passage. Alors on a aussi droit à des « whaaa (3 lignes plus tard) aaahhhhh » d’un Dani qui semble tout de même avoir décidé d’en mettre en peu moins partout et c’est heureux. Quant à Lindsay Schoolcraft, au clavier, elle sait se faire à la fois discrète et ses interventions sont bien équilibrées. D’autant que vocalement, cette déesse des ténèbres apporte une contribution d’une beauté absolue.
Malgré cela, Cryptoriana n’est pas le Cruelty des années 2010, il souffre de quelques faiblesses. Il y a quelques coups de mous dans les compostions avec des mélodies parfois un peu mollassonne ou terriblement standard. Cradle utilise les bonnes grosses ficelles qu’il maitrise, et peut tendre à rester dans sa zone de confort trop influencé par Maiden par moment. Mais c’est aussi pour cela que j’apprécie cet album... aaaahhh, schizophrénie, quand tu nous tiens !
Globalement Cradle me fait à nouveau voyager et je peux vous assurer que sur le papier ce n’était pas gagné. Il est sans conteste que c'est ce que j’ai entendu de meilleur en termes de Black/Heavy symphonique depuis le début de l’année. Si vous avez été sensibles à Hammer Of The Witches, vous pouvez investir les yeux fermés... Enfin, faites quand même gaffe en rentrant dans le magasin, ça peut être dangereux…
Tracklist de Cryptoriana - The Seductiveness of Decay :
01. Exquisite Torments Await 02. Heartbreak and Séance 03. Achingly Beautiful 04. Wester Vespertine 05. The Seductiveness of Decay 06. Vengeful Spirit 07. You Will Know the Lion by His Claw 08. Death and the Maiden
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