Le choc, d'entrée de jeu, c'est l'agression sonore. Ce son totalement abusé, noyé dans une saturation sale et charnue. Le son colossal comme acteur principal de cette folie musicale. Ultra puissant, comme une énorme masse grumeuleuse qui s'échappe de vos enceintes pour retapisser vos murs en moche, il impressionne et écrase, ne laisse aucun autre choix que de rester assis, se taire et écouter... subir, un discret sourire figé au coin des lèvres. Car dès les premières mesures de Bull Of Minos, la messe est dite et l'on comprend vite qu'il va être question de douleur, de lourdeur étouffante, de Doom abject, de Sludge vénéneux car, oui, Coffin Torture est lent... mais pas que !
Tel un serpent, potelé et huileux, qui rampe douloureusement, mais avec un plaisir honteux, sur un lit de graviers acérés, Coffin Torture trace un sillon visqueux dans notre cerveau et y colle sa matière musicale dégoulinante de gras. Ce Sludge épais au groove dégueulasse mais à l'efficacité terrassante est magnifique dans sa disgrâce. Tout est dans l'excès, des couleurs douteuses de la pochette, qui se révèle parfaite au fur et à mesure que défilent les sept titres de l'album, au bain de distortion rêche dans lequel baigne l'ensemble, en passant par cette voix acide qui déclame des textes malaisants posant une atmosphère poisseuse digne des plus beaux moments de Delivrance ou des plus belles scènes de Gummo, ambiance... Tout est dans l'excès, c'est trop, tout est trop, mais le résultat est purement ultime car le duo responsable de cette infamie faite musique maîtrise son art à la perfection et enchaine plans triomphaux et riffs définitifs comme des perles. Peu de perte, peu de déchet, les cordes font mouche à tous les coups. Lent, mais pas que, disais-je plus haut. En effet, Coffin Torture ménage son œuvre et ses effets, variant avec brio les plaisirs et les allures. Si l'imposant D.H.F nous broie tranquillement la boîte crânienne sous son riffing pachydermique, Gustave, l'énergique, nous étripe sur un beatdown bien nerveux pendant que le synthé macabre de Bolted Down, Boiled To Grease ajoute la touche finale à ce tableau finalement bourré de saveurs différentes. Pas une seconde d'ennui, l'album s'avale goulûment d'une traite, comme une huître, sluuurp.
D'ores et déjà héros de cette jeune année 2018, Dismal Planet se pose comme l'archétype d'un Sludge Core toxique, dessiné par un duo de musiciens jusqu'au-boutistes qui savent exactement où aller et surtout comment y aller pour que le cauchemar soit impeccable. Indéniablement, dans son horrible genre, cet album est une réussite totale !
Tracklist de Dismal Planet :
01. Bull of Minos 02. Izhar 03. Bolted Down, Boiled to Grease 04. Gustave 05. D.H.F. 06. Dismal Planet 07. Trench Hog
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