C H R O N I Q U E

Chaostar. Voilà le type de groupe bien difficile à chroniquer, car difficilement classable. Un groupe à part dans le metal, dans la mesure où rien dans la musique ne s'apparente à du metal. Tellement à part que pour apprécier Chaostar il faut soit être un musicien averti, soit un fou de musique classique, soit les deux. Pour ceux qui ne connaitraient pas, il s'agit d'un groupe grec créé par le maître à penser de Septicflesh, Christos Antoniou, qui a voulu créer un projet purement classique et expérimental, en complément de la musique de Septicflesh. C'est en quelques sorte le pendant classique de ce dernier. Il compose tout de A à Z, ce gars-là est un pur génie de la musique. Le dernier Chaostar remonte tout de même à neuf ans avec Scarlet Queen (Underworld, sorti en 2007 n'étant pas un véritable album), autant dire une éternité. Entre temps Christos a resuscité Septicflesh et s'est dit qu'il pourrait faire de même avec Chaostar. Voyons voir si la magie opère toujours.

Le titre d'ouverture nous plonge dans une ambiance des plus glauques, bruitages, sons ethniques inquiétants, et un orchestre au loin. S'ensuit l'arrivée de Androniki Skoula, la nouvelle chanteuse lyrique du groupe, et des choeurs. Une longue intro étrange, plus à base de sons que de musique. Un pensiero per il destino se veut plus classique dans le genre, un rythme et une mélodie répétés par l'orchestre du début à la fin du titre et un chant féminin décidément divin !

Si les compositions sont toutes exceptionnelles artistiquement parlant, elles sont souvent très (trop) élitistes. En témoigne Medea (avec en ouverture les spoken words de David Vincent de Morbid Angel), condensé de musique classique contemporaine avec par exemple un piano dissonnant au possible et des bruitages qui peuvent vite casser les oreilles et faire fuir ! Difficile à suivre pour un musicien, quasi impossible pour le néophyte qui passe par là. Dilate the Time en revanche reste plus accessible, avec un guest de renom en la personne de Fernando Ribeiro, chanteur de Moonspell. Il nous gratifie d'une bien belle performance tout en chant clair (même si un léger growl est présent à la toute fin du morceau), voix qui se marie à merveille avec celle de Androniki Skoula. La plus grande réussite de l'oeuvre à mon sens est Truth Will Prevail, qui réussit à combiner la complexité et l'accessibilité (enfin, le mot est fort), avec ces choeurs imposants et son incroyable fin... en mode dubstep, un peu comme l'avait fait Diablo Swing Orchestra sur le titre Justice for Saint Mary. Autre originalité, la basse typiquement funk sur ¼μορφη κüρη et ses vocaux on va dire originaux. En revanche, pour ma part, impossible d'écouter la chanson bonus Canticles 2, on se croirait en boîte de nuit, quelques secondes ça passe, un titre en entier je n'en vois pas l'intérêt. Titre complètement électro qui risque d'en rebuter plus d'un.

Difficle donc de pénétrer dans l'univers si particulier de Chaostar. On aime, on déteste, mais impossible de rester indifférent, même si l'on peut rester insensible à la musique du groupe. Car si artistiquement parlant il n'y a rien à redire, le tout peut vraiment sembler indigeste, intellectuel voir prétentieux. Une chose est sûre, la démarche est purement artistique et on ne peut moins commercial, ce qui est à saluer. Difficile de noter une telle oeuvre tellement cela parait dérisoire et réducteur face au travail effectué par ce maître de la musique. Les fans vont adorer, ceux qui ne connaissent pas devraient au moins jeter une oreille attentive pour voir ce qu'est une vraie créativité artistique. Ca passera, ou ça cassera.

Tracklist de Anomima :

1. (MA)
2. Un pensiero per il destino
3. Sorrow Descending
4. Medea
5. Dilate the Time
6. Les réminiscences extatiques
7. Truth Will Prevail
8. ¼μορφη κüρη
9. The Charmer
10. L’idée fixe
11. Misery’s King
12. Canticles 2 (digipak bonus track)

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