J’ai toujours eu un rapport assez paradoxal avec Celeste : une phase de
fascination, enchainant un Nihiliste(s) ou un Misanthrope(s) d’une traite, sans
coup férir ; puis une grosse période d’accalmie, où je laisse les albums
de côté, beaucoup moins touché par leur style.
Ces périodes
n’ont pas de sens ou de dynamiques particulières, elles sont purement et simplement de
l’ordre de l’aléatoire. Et cette année, je ne sais toujours pas où me
situer. Je l’avoue. Cela étant dit, je vais quand même tenter le coup de la
chronique, au risque, peut-être, de passer à côté ou de sur-interpréter
certaines choses dans ce nouvel opus, titré comme à leur habitude, au féminin
(pluriel) : Assassine(s).
Première sensation, assez évidente au
premier abord, c’est le lissage du style. Vous le savez sans doute, Celeste ne
s’embête pas avec les étiquettes. On peut donc lire qu’ils jouent à la
fois du Black Metal, du Sludge, du Post-Hardcore, et sans doute tout cela en même temps. Encore un
paradoxe difficile à résoudre : signature efficace et singulière ? ou
flou définitionnel laissant l’auditeur se perdre au fil des cavalcades (souvent)
hallucinées ? Assassine(s) résout pour moi cette question avec
facilité, puisque le lissage permet une appropriation plus rapide de l’opus, sans se
prendre la tête à chercher des références dans un, ou un autre des styles
précités. Celeste fait du Celeste. On va se contenter de
ça, et c’est déjà très bien.
Le chant est tout à
fait audible, ce qui fait que les paroles sont bien mises en valeur, par rapport aux premiers opus
notamment. Cependant, le paradoxe revient vite chez moi. Oui c’est plus audible, mais est-ce que
ce n’était pas la noirceur et la lourdeur d’un Morte(s) Nee(s) qui me
fascinait justement ?
Je sais, je me perds, je vous perds, on est perdus.
L’indécision, encore. Alors que normalement il me suffit d’un riff, d’une
atmosphère pour être absorbé par le tourbillon de la musique et des ambiances,
Assassine(s) me complique sévèrement la tâche. C’est sans doute une
bonne chose, une bonne remise en question sur le chroniqueur et sa chronique, en dilettante, claquant
son soliloque au clavier.
Alors que dire de plus ? Assassine(s) vise sans
doute plus juste que le précédent opus, plus précis, plus minutieux, moins
dispersé. Une bonne entrée en matière dans l’univers de
Celeste, avant de se replonger dans les premières pépites des
années 2008-2009. Nul genre ne domine, seul l’objectif est atteint, celui de poursuivre
l’écoute d’une traite, avec facilité et sans ambages. Une autre manière
d’aborder la musique des Lyonnais, mais la pochette, toujours magnifique dans son travail
photographique, vous rappelle que Celeste reste Celeste, que la
noirceur est toujours là, à corps perdu, aux grains sur la peau, à la chaire
troublée… C’est d’ailleurs la dernière piste, Le Cœur Noir
Charbon qui a fini par me cueillir là où il fallait, avec le chant le plus
« blackisant » de l’album, et son rythme alterné entre batterie
mitraillette et mid-tempo. Je ne doute plus. Merci.
Tracklist de Assassine(s) :
01. Des
Torrents De Coups 02. De Tes Yeux Bleus Perlés 03. Nonchalantes De
Beauté 04. Draguée Tout Au Fond 05.
(A) 06. Il A Tant Rêvé D’elles 07. Elle Se
Répète Froidement 08. Le Cœur Noir
Charbon
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