Alerte ! Alerte ! Un nouveau supergroupe vient de débarquer. Cette
annonce peut être accueillie avec joie ou scepticisme, c’est selon, vous faites comme vous
voulez. Personnellement, j’ai beau me méfier du phénomène "supergroupe" (on
s’est bien rendu compte à de nombreuses reprises que le résultat
n’était pas toujours à la hauteur des talents additionnés), l’annonce
de l’arrivée de Category 7 dans le paysage métallique a
éveillé chez moi une curiosité certaine. Et cela tient surtout à la
présence d’un chanteur pour lequel j’ai une grande affection : John
Bush (Armored Saint, ex-Anthrax, info pour les novices). Surtout mais pas que... parce que
derrière le frontman, c’est du sérieux : Phil Demmel
(Vio-lence, ex-Machine Head, Kerry King et j’en passe) et Mike Orlando
(Adrenaline Mob) aux guitares, Jack Gibson (Exodus) à la basse et Jason Bittner (ex-Shadows Fall, ex-Flotsam And Jetsam, Overkill) à la batterie. Et puis, il y a eu le premier
extrait donné en avant-goût : In Stitches qui permet à l’album de
démarrer plus que convenablement. Au menu : grosse section rythmique bien remontée (avec
notamment un Bittner en grande forme), deux guitaristes qui se tirent la bourre... et
la voix immédiatement reconnaissable d’un John Bush qui semble
imperméable au temps qui passe. Le morceau est énergique et en met plein la vue (ou les
oreilles plutôt). Cette bonne impression de départ se confirme-t-elle par la suite ?
Vous l’avez vu en jetant un coup d’œil à la
gauche de votre écran, la note est bonne. In Stitches n’était pas
qu’un coup de chance. Cependant, le score, aussi honorable soit-il, ne va pas jusqu’à
tutoyer la perfection... Sans parler de déception (car ce premier essai est franchement
enthousiasmant), je décèle immédiatement une marge de progrès. Voyons tout
cela d’un peu plus près. Après un démarrage prometteur, Land I Used To
Love vient confirmer le potentiel perçu sur In Stitches, avec en plus un refrain
plus marquant (élément qui fera défaut à quelques pistes un peu plus tard).
La rythmique est hyper entraînante, les leads de guitares mélodiques sur le refrain sont
bien cool, l’exécution (gros point fort de Category 7) est impeccable,
Bush toujours impérial... Tout va bien. Vu les CV des participants, pas de
grosse surprise quant au style pratiqué ici : on est face à un heavy thrashisant, enrichi
de quelques influences power US ou groove metal... On pensera parfois à un cousin de certains
groupes dont proviennent les intervenants (Anthrax période
Bush, Adrenaline Mob...). Pas de baisse de régime à
déplorer sur Apple Of Discord, l’énergie est toujours au rendez-vous, le
couplet sonne comme du bon Anthrax des 90s, le duo de guitaristes continue de
s’éclater comme il le fait depuis le début du disque... tout roule, le groupe aligne
les compos revigorantes avec un savoir-faire indéniable.
Sur Exhausted, Runaway Truck, White Flags &
Bayonets et Mousetrap, Category 7 continue de marquer des points.
L’accent est mis sur le dynamisme, pas de morceau lent au programme (n’espérez pas de
ballade), les Américains ont suivi un régime très vitaminé. Il y en a
d’ailleurs un qui a peut-être pris une dose de plus que les autres, c’est
Jason Bittner... quelle démonstration (c’est un régal,
écoutez ce qu’il fait sur White Flags & Bayonets par exemple, ou l’intro
de Mousetrap, sorte de petit "Painkiller" perso) ! Son instrument est d’ailleurs
très en avant, il ne risque pas de passer inaperçu. Premier bémol : je ne suis pas
totalement convaincu par la production d’Orlando qui privilégie un poil
trop la voix et la batterie à mon goût. D’autant plus que cette dernière a un
son trop artificiel, pas franchement organique. Les guitares sont évidemment bien audibles, mais
davantage lors des solos que sur les rythmiques... je me dis que les riffs pourraient encore plus
arracher mais ils ne sont pas suffisamment valorisés par le mix.
Plus on avance et se rapproche de la fin, moins l’aspect virtuose de
l’entreprise surprend, ce qui est normal... on s’habitue. Mais les gars continuent
d’en faire des tonnes, notamment sur la dernière piste, Etter Stormen, totalement
instrumentale, qui case des plans hallucinants dans tous les coins, jusqu’à créer
chez moi un petit début d’overdose... d’autant plus que le morceau atteint quand
même les huit minutes. Reste que tout cela est impressionnant, et toujours très remuant,
mais manque parfois un peu d’accroche, de variété ou de refrains frappants
qu’on se voit reprendre en concert.
Alors certes, il n’est pas parfait ce premier album de
Category 7. Pas parfait, mais fun (pas dans un sens comique mais plutôt parce que
la façon dont les musiciens se démènent provoque souvent - chez moi - un sourire
traduisant un mélange de plaisir et d’admiration), énergique, assez excitant par
moment... On sent que les gars se sont fait plaisir et leur enthousiasme (même s’il aurait
pu être encore mieux exploité / canalisé pour un ensemble plus marquant) est
sacrément communicatif. Category 7 a donc bien lâché les chevaux
sur ce premier disque heavy en diable et nous administre une bonne claque. C’est toujours un
plaisir d’entendre Bush donner de la voix et la technique de ses comparses est
monstrueuse. J’espère que le groupe va tourner, j’ai hâte de voir cela sur
scène !
Tracklist de Category 7 :
01. In Stitches 02. Land I Used To Love 03. Apple Of
Discord 04. Exhausted 05. Runaway Truck 06. White Flags
& Bayonets 07. Mousetrap 08. Waver At The Breaking
Point 09. Through Pink Eyes 10. Etter Stormen