C’est en provenance tout droit d’Australie qu’on retrouve Carmeria pour leur nouvel opus Tragédie d’Amour, et le moins que l’on puisse dire c’est que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille pour le groupe de metal. Si cette galette fut un plaisir pour mes cages à miel en ces temps estivaux et cet album une parenthèse presque enchantée pour votre humble serviteur, la conception de cette dernière en est tout autre, enfin sans exagérer non plus, petit feed-back... Quand un groupe n’a pas de label il faut trouver d’autres pistes, et là Carmeria a sollicité le crowdfunding pour arriver à finaliser cet album, et rien que pour ça un grand merci à tout ceux qui y auront contribué. Carmeria c’est Jordan Von Grae au chant, mais aussi à la conception et la production, Jerry Zahija à la guitare, Mishka Bobrov aux claviers, Emma Louise Nagy à la basse et Lachlan Blackwood aux futs. Voilà les présentations sont faites, mais alors que renferme cette Tragédie d’Amour (en français dans le texte) ? Carmeria c’est du dark metal symphonique avec des touches hard rock voir FM par moment, un joli patchwork dont le groupe a trouvé la formule pour proposer un projet assez original entre légèreté et bourrinage de rigueur. Dès l’attaque sur Call For My Sorrow on se sent un peu perdu, le titre commence comme un titre hard rock assez conventionnel avec un chant clair, ma foi assez plaisant, et monte gentiment en puissance pour finir de manière plus puissante avec du chant growlé et un solo de clavier (?) bien speed mais toujours dans un univers metal symphonique (euh, ça va j’en ai pas perdu en cours de route ?). Le groupe pose d’entrée les jalons de ce qu’ils veulent nous faire passer. Et forcément la suite sera dans les mêmes tons avec cette alternance de chant clair et growlé déjà plus présent sur A Thousand Winter Rains, un hard rock typé old-school par moment et des claviers bien à propos. On retrouve ça et là des changements de rythmes et solos de guitares, et le tout à chaque fois au meilleur moment possible.
Et pourtant, dès le troisième titre Thorns, le côté symphonique, presque FM prend le dessus, mais le chant de Jordan Von Grae est tellement entrainant que le titre s’écoute avec plaisir, les claviers et guitares n’étant pas pour rien dans cet avis. Carmeria nous offre un moment hors du temps et en suspens avec Whispers Of Forgiveness, tout en retenue dans le chant et seulement accompagné de piano et guitare sèche. Un titre à contre courant du reste qui arrive comme un ovni, mais sublime et trop court tant on en redemande (moi surtout pour ce coup-là !).
Allez on repart sur du rythme pêchu avec Shadow’s Throne où la batterie reprend du service et bat le fer avec les riffs de guitare et les claviers. Tout fonctionne et le chant n’a plus qu’a se poser pour parachever l’œuvre pour une chanson aux teintes symphoniques qui est, de loin, l’une des plus réussie de cet opus. Immortal suit le sillon laissé et propose une chanson dans les mêmes couleurs que Shadow’s Throne, donc, là aussi qui fait mouche, même si les claviers sont plus présents, presque un peu trop, mais c’est chipoter.
Burning Ships est l’autre ballade de cet album dont le chant est porté par la bassiste Emma Louise Nagy qui assure son rang sans rougir, et même si ce n’est pas aussi émouvant que Whispers Of Forgiveness, c’est assez sympa à l’écoute. L’album s’achève sur la troisième ballade A Vision In Passing qui n’est pas la meilleure, très, voire trop symphonique, mais à dire ce genre de truc je vais me faire courser moi car bon nombre de groupes aimerait pouvoir s’enorgueillir de ce genre de titre qui fonctionne malgré tout grâce à son orchestration et son final au piano. Mais voilà, à côtoyer le bon, on devient vite exigeant, et j’espère que le groupe me le pardonnera. Carmeria nous offre là un très bel opus, réussi et diversifié qui montre tout le talent du groupe. Là où beaucoup seraient partis dans tous les sens, eux sont restés dans ce qu’ils savent faire avec brio, un metal symphonico-ghotico-dark aux teintes FM. Ce qui paraissait un exercice de style casse-gueule se révèle comme un projet sans accroc ou presque. C’est l’un des groupes que je vais surveiller comme le lait sur le feu, et j’invite nos lecteurs avides de belles découvertes à se pencher sur ce groupe.
Tracklist de Tragédie D’Amour :
01. Call Forth My Sorrow 02. A Thousand Winter Rains 03. Thorns 04. Leading The Lyre 05. Whispers Of Forgiveness 06. Shadow’s Throne 07. Immortal 08. Burning Ships 09. The Hoping Heart 10. A Vision In Passing