Groupe culte avec ses plus de trois décennies d’existence, Brujeria se fait rare continuant son original chemin entre anonymat de ses membres, sorties épisodiques et modifications de line-up en tous genres. Avec un dernier album paru en 2016, un chant en espagnol original sur lequel on reviendra, le collectif réuni autour de Fantasma (basse), Hongo aka Monsieur Shane Embury  (Guitares), Pinche Peat (samples), Juan Brujo le phénomène de hurleur en chef tous présents depuis 1989 et désormais accompagné d’El Sangron (chant), El Criminal (guitares) et La Encabronada (chant féminin) nous revient aux affaires avec un nouvel effort qui envoie du steak et mérite un mot. Déjà, j’adore les patronymes des musiciens qui renvoient à l’origine mexicaine des zikos et cela donne un cachet incroyable à ce groupe qui de fait présente un univers bien particulier. 

Esto Es Brujeria c’est le nom de ce nouveau disque et si on trouve ici aucune grande évolution, encore moins de prise de risque, le plaisir est au rendez-vous. Enfin, ce dernier est un peu malsain car il ressort toujours de cette écoute un aspect presque flippant même si ce point était plus marquant au début du combo. La voix de Juan Brujo est impressionnante, ce chant en espagnol mine de rien bluffe d’autant que nous n’y sommes guère habitués. Sérieux, la voix du mec et ce chant en espagnol nous font passer le chant guttural et froid d’un Till Lindemann pour de la presque chansonnette. On se rappelle qu’à ses débuts, le groupe présentait un aspect hyper true (Raza Odiada) et aussi ce petit aspect Fear Factory avec ce côté froid, chirurgical rappelant qu’un des fondateurs de Brujeria avait formé Fear Factory à ses débuts. Depuis, la formule du groupe, bien que fidèle à ses fondamentaux, s’est quelque peu «ensoleillé » avec un aspect plus frais dans le rendu. Bon cette remarque est à nuancer car cela reste bigrement engagé. Je persiste cependant à penser que ce chant reste l’élément fort de Brujeria. Et certainement sa marque de fabrique.

Les paroles sont comme toujours hyper engagés (politiquement j’entends), la musique hyper directe et violente bref une écoute in your face qui fait du bien. Percutante à souhait, ce Esto Es Brujeria se conclut en beauté avec un Cocaina final dantesque. Dynamique à souhait même si déroulant une mécanique implacable désormais bien huilée bien que plus « propre » loin du côté sale / underground des débuts mais ça on le savait depuis un moment, Brujeria ne faisant que continuer dans la lancée d’un Pocho Aztlan dont on retrouve les qualités et défauts. Les fans du Brujeria des débuts ont de toute façon fait leur deuil de cette époque mais trouveront toujours un disque de bonne facture. Pour celles et ceux ne connaissant pas ce groupe, une approche chronologique semble de ce fait indispensable pour mieux apprécier ce dernier disque et surtout bien kiffer Brujeria. Il va sans dire que le collectif est attendu de pied ferme en live où clairement, ça risque de tout écraser sur son passage. Un groupe à part, pas simple à appréhender car franchement brutal et cradasse mais incontestablement original.  

Tracklist de Esto Es Brujeria :