Artiste/Groupe:

Bruce Dickinson

CD:

The Chemical Wedding

Date de sortie:

1998

Label:

Air Raid

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

ced12

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Autant les années 80 furent une immense fête pour les groupes de heavy avec un succès considérable, autant les 90’s furent délicates. Un blondinet venant d’un bled paumé dans l’Etat de Washington était de fait passé par là signifiant par là la fin d’une ère. Le réveil pour beaucoup était brutal et les formations référentielles étaient en pleine crise de sens, sans doute rincées par une décennie menée tambour battant. Judas Priest avait perdu son chanteur et Iron Maiden connaissait aussi de sacrées secousses. Les puristes de la Vierge de Fer diront que  les soucis avaient commencé avec le départ d’Adrian Smith, parfait complément de Dave Murray, mais le départ post-Fear Of The Dark de Bruce Dickinson fût un choc, au même titre que celui de Rob Halford de Judas Priest générant un étonnant parallèle entre les deux formations, comparatif qui durera avec des « remplaçants » valeureux mais dans l’incapacité de succéder à de tels performers. Oui Jugulator est un grand disque ce que ne sont pas les deux disques de Maiden avec Blaze Bayley mais c’est un tout autre débat. 

Bruce Dickinson était donc parti sentant probablement la Vierge de Fer à bout de souffle et pensant sans doute mieux gérer en solo et en ce sens encouragé par le mythique manager du groupe Smallwood himself dans une bien mauvaise erreur d’appréciation à mon sens. Le résultat fût compliqué pour le vocaliste avec des disques ne percutant pas l’auditoire et un lent déclin pour Dickinson comptant pourtant parmi les légendes de la scène. Où je poursuis ma comparaison avec Rob Halford lui aussi semblant un peu perdu à l’époque. Bruce Dickinson au destin décidément fascinant se retrouva tout de même à donner un concert dans la non moins fascinante ville de  Sarajevo alors assiégée par les forces armées serbes alors que l’ex-Yougoslavie explosait dans un fracas terrible dont on sent encore les traces de nos jours (concert qui a donné lieu à un récent DVD sur cette incroyable aventure). Sur le plan artistique, il n’en sortait cependant pas grand-chose de marquant et il faudra attendre Accident Of Birth en 1997 pour que Bruce Dickinson n’en revienne à son registre de prédilection … et sur les terres de ses anciens comparses. Le retour aux fondamentaux reste une valeur sûre quand les temps deviennent difficiles. 

Lucide, Dickinson avait aussi compris qu’il avait besoin d’aide et le recrutement de Roy Z fût la vraie bonne idée. Rappeler le très populaire et estimé Adrian Smith, outre la nostalgie et le fan-service, en fut une seconde. Avec un artwork revenant vers le fantaisiste, le vocaliste la jouait plus « Maiden » que l’original ce qui quelques années après avoir quitté le groupe laissait une sensation mitigée (à moins qu’il ne se soit agi d’un appel du pied avec une volonté de retour mais je suis sans doute un peu médisant !). Musicalement, il n’y avait rien à dire, du bon heavy puissant, mélodique fait par des types très très valables mais sur le fond, la démarche m’avait semblé un peu inélégante, a minima peu subtile. Ayant ainsi constitué une équipe de choc avec une paire de guitaristes surdoués et populaire (Roy Z produisant en outre la galette), Bruce Dickinson allait proposer son meilleur disque solo avec The Chemical Wedding bien plus personnel et s’éloignant de la référence trop présente d’Accident Of Birth. Plus sombre jusque dans l’artwork très dark, doté d’une production aux sonorités très lourdes presque caverneuses. Sur les textes, la référence à William Blake fût une excellente idée avec un disque très abouti à la limite du concept. Moins facile d’accès mais bien ambitieux avec une équipe plus expérimentée et devenue redoutable. Les pépites s’enchaînent, le rendu est dense, cohérent et Dickinson y chante encore merveilleusement bien, épaulé des guitares bien puissantes. 

Après un trou d’air suite à son départ de Maiden, Dickinson avait remis les choses en ordre en constituant une excellente équipe autour de lui et The Chemical Wedding en est le plus haut fait d’armes. On ne sait pas quelle en aurait été la suite car comme chacun sait, Dickinson (devenu au passage pilote de ligne !!) et Smith retourneront dans un Iron Maiden alors exsangue (jouant désormais dans des Zénith contre des Bercy auparavant) pour un « come-back » retentissant. Mais c’est là une autre histoire … 

PS: Je ne résiste pas à rappeler  qu’un certain Rob Halford fit ensuite appel à un certain Roy Z pour un album bien typé Judas Priest (et un duo historique avec Bruce Dickinson sur un titre !). Le Metal God reviendra ensuite dans Judas Priest laissant penser que Roy Z était alors spécialisé dans la « relance » de chanteurs de légende. Les tumultueuses années 90 étant finies, la vague grunge ayant reflué, chacun pouvait alors rentrer dans ses pénates. 

Tracklist de The Chemical Wedding :

01. King In Crimson
02. Chemical Wedding
03. The Tower
04. Killing Floor
05. Book Of Thel
07. Jerusalem
08. Trumphets Of Jericho
09. Machine Men
10. The Alchemist

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !