1992, il est nécessaire de remettre en contexte l’ambiance de l’époque pour tous les lycéens dont l’auteur de cette missive faisait partie. MTV règne en maitre et permet non pas l’éclosion mais l’explosion du metal, dont certains groupes vont trouver matière à faire exploser leurs carrières tels Metallica, les Guns N’ Roses ou Aerosmith pour ne citer que les plus planétaires. Les ados deviennent complètement dingues de metal, les plus téméraires lorgneront sur Slayer, les plus tendres vers Nirvana (plus simple à jouer à la guitare pour épater la galerie), tout en se sapant avec des jeans troués et des vestes en jean logotés Iron Maiden, et je ne parlerais pas des coupes de cheveux pour ne pas froisser tous ceux qui ressortent les photos aujourd’hui et font rire leurs enfants. Après cette intro(spection) qui explique le contexte, et aura surement fait sourire une partie de nos lecteurs, l’année 1992 a aussi vu l’arrivée dans les bacs de Keep The Faith de Bon Jovi. Ce groupe décrié par la population citée ci-dessus comme un groupe de vendus, peroxydé pour midinettes, tout juste bon à être rangé du côté d’Europe de l’époque (là aussi la rédemption sera longue), n’a pas les louanges des cours de récrés, et je ne parle pas de ceux qui oseront sortir le t-shirt Bon Jovi. L’album est écouté d’une oreille pour ne pas avoir l’air con non plus, mais il dérange. Et oui, parce qu’il est bon surtout, mais ça il ne faut surtout pas le dire. J’ai encore ce souvenir après un I Believe en entrée cette intro monumentale de Ritchie Sambora à la talk box sur Keep The Faith qui scotche tout le monde et enchaine sur un titre complètement dingue. Tout est bon, de la guitare au chant, un refrain magnifique et une sacrée claque qui se poursuit avec I’ll Sleep When I’m Dead tout aussi superbe que Keep The Faith. Rien que pour le plaisir :

Et là ça commence à poser problème parce qu’au final cet album, ben il commence bien, et ce n’est que le début ! Ça enchaine du début à la fin avec un hard rock, certes bien calibré pour les radios US, mais d’une efficacité redoutable. Le groupe est dans une forme olympique, à l’apogée de son art sur Dry County, titre au summum de la créativité de Bon Jovi qui s’étale sur presque dix minutes. Jon Bon Jovi évoque la vie difficile des travailleurs pétroliers, et montre aussi une conséquence des années Reagan. Dix minutes d’une tuerie, un chef-d’œuvre de Bon Jovi et le titre de cet album qui devrait être écoutée et réécouté par tous les amateurs de musique, rien que ça ! Et que dire de la ballade Bed Of Roses, incontournable qui monte en puissance progressivement, un morceau qui nous ferait tirer des larmes aux yeux, propulsée là aussi par MTV qui matraque cette chanson tout au long de la journée, qui sera entendue dans toutes les cours de lycée (grrrr), mais on ne peut pas y rester insensible tellement c’est bon et efficace.

Au final, je fais partie de ceux qui vont avoir l’air con après ça. Je rappelle qu’on est en 1992, et on vient de s’envoyer ce qui reste à mes yeux le chef d’œuvre de Bon Jovi, dont le duo Jon Bon Jovi et Ritchie Sambora est au sommet de sa création, complété d’Alec John Such à la basse, David Bryan aux claviers et bien entendu Tico Torres aux futs. Il faudra du temps pour l’avouer, nombreux seront ceux qui après avoir acheté le CD (faut pas déconner on ne peut pas passer à côté), l’écouteront en douce sur leur platine. Il faudra attendre quelques années pour l’exhiber bien haut, presque comme un trophée, un album qu’on est fier de posséder. Et maintenant, je l’encense à l’écrit et j’espère que ceux qui liront ces quelques lignes, qui se seront reconnus dans les descriptions ci-dessus, reconnaitront qu’on tient là un sacré bon album de Hard Rock, non ?

Tracklisting de Keep The Faith :

01. I Believe
02. Keep The Faith
03. I’ll Sleep When I’m Dead
04. In These Arms
05. Bed Of Roses
06. Il I Was Your Mother
07. Dry County
08. Woman In Love
09. Fear
10. I Want You
11. Blame It On The Love Of Rock & Roll
12. Little Bit Of Soul