Impressionnant de voir la liste de ces pointures (suédoises) qui sont passés par Bloodbath en deux décennies d’existence. Mikael Åkerfeldt avait monté ce projet parallèle avec Dan Swanö (producteur très réputé) et deux membres de Katatonia, Anders Blakkheim Nyström à la guitare et le discret Jonas Renkse à la basse. Bénéficiant d’un excellent accueil des fans, les musiciens avaient enregistré un album. Plus tard, souhaitant privilégier Opeth, Åkerfeldt avait quitté le projet au bénéfice de Peter Tägtgren, leader d’Hypocrisy et lui aussi producteur haut de gamme. Lui aussi sortira assez rapidement de Bloodbath. J’épargne à mon lecteur les vicissitudes avec les départs de certains membres, le retour temporaire d’Akerfeldt dans le cadre de concerts événementiels. Projetons-nous en 2014 avec le recrutement surprise de Nick Holmes, chanteur des excellents Paradise Lost. Choix étonnant car Paradise Lost avait sérieusement calmé le jeu dans la décennie 2000 basculant vers un son très Depeche Mode. Qualitatif et aventureux certes mais éloigné du registre plus extrême de leurs débuts. Toujours drivé par les deux membres de Katatonia à l’origine du projet, Bloodbath a continuellement œuvré dans un death old-school clairement orienté 80’s dans son imagerie avec notamment cette passion pour les fils d’horreur de cette époque. Il s’agit là du troisième opus proposé par ce line-up, preuve d’une stabilité retrouvée. Dernier point à relever avant de rentrer dans le vif du sujet de ce nouvel effort, la confiance et le plaisir retrouvé dans les chant growlé de Nick Holmes ce qui a indirectement réorienté Paradise Lost vers des registres encore plus extrême qui leur va à merveille. Rien que pour ça, Bloodbath mérite de sincères remerciements (Vallenfyre également !).

Mais Bloodbath, c’est aussi un super groupe avec de remarquables musiciens, de réelles pointures du genre qui se font plaisir avec ce projet qui frise le concept "Keep It True". On imagine le sens de l’humour très « caustique » qui doit régner au sein des réunions du groupe (Nick Holmes étant particulièrement doué dans cet exercice). On se souvient de la très bonne tournée avec Kreator et Hatebreed où Bloodbath s’en sortait bien. Les compos sont bigrement efficaces, presque régressives et le résultat est une belle déferlante death old-school bien dans la lignée d’un artwork assez typique de cette époque. Les paroles sont inspirées de films d’horreur, grande passion des musiciens. De légères tonalités thrash apparaissent sur ce nouvel effort du fait de la participation de Tomas "Plytet" Åkvik à la guitare. Lui aussi avait fait un petit tour chez Katatonia, longtemps musicien de session pour Bloodbath et désormais confirmé comme membre officiel.

Je resterai toujours fasciné par ces musiciens capables de réaliser des grands écarts entre leurs différents groupes. Le binôme Nykström / Renkse parvient à être efficace dans un registre plus mélancolique avec Katatonia (qu’on retrouvera en tournée avec Solstafir début 2023) que basiquement death avec Bloodbath. Pour moi, nous sommes là devant l’archétype de ce qu’un super groupe devrait être : un plaisir de musiciens, un savoir-faire remarquable au service d’une musique ciblée, ouvertement régressive et un propos bien différent de leurs groupes principaux. Un bon disque bien fun d’un combo attachant. Qui méritait tout de même une entrée sur votre webzine préféré. 

Tracklist de Zombie Inferno :

01. Zombie Inferno
02. Putrefying Corpse
03. Dead Parade
04. Malignant Maggot Therapy
05. Carved
06. Born Infernal
07. To Die
08. Affliction Of Extinction
09. Tales Of Melting Flesh
10. Environcide
11. No God Before Me