Blind Guardian

Artiste/Groupe

Blind Guardian

CD

At The Edge Of Time

Date de sortie

Aout 2010

Style

Metal mélodique, symphonique, épique...

Chroniqueurs

Blaster of Muppets, Christian

Note Blaster of Muppets

16/20

Note christian

15/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E Blaster of Muppets

Le voici enfin le neuvième album studio des valeureux Blind Guardian. Désormais, plus personne n'est surpris du laps de temps imposé entre deux livraisons des allemands... quatre ans, c'est ce que notre patience doit endurer, et c'est comme cela depuis Nightfall in Middle-Earth sorti en 1998. L'aspect positif de tout cela est, qu'en général, le nouvel album est (très) travaillé et qu'il apporte son lot de surprises et d'expérimentations qui le démarquent immédiatement de son prédecesseur. Oui, Blind Guardian ne fait pas dans la copie carbone. At the Edge of Time s'inscrit-il dans cette logique ou déroge-t-il à la règle ? Brisons immédiatement ce suspense insoutenable et annonçons le haut et fort: 2010 restera dans les années "Guardianesques" comme un très bon cru ! At The Edge Of Time est différent (oserais-je dire "bien meilleur" ? oui, j'ose) de A Twist in the Myth.

Entrons dans le vif du sujet. D'entrée de jeu, je propose de vous donner trois titres de chansons qui, à elles seules, valent à cet album d'intégrer votre discothèque sans préavis, et le rendent immédiatement supérieur à son prédecesseur. Sacred Worlds, Curse My Name et Wheel of Time, respectivement (et judicieusement) placées en ouverture, milieu et conclusion de At The Edge Of Time sont d'ores et déjà trois classiques, et la manifestation concrète de tout le génie et la créativité dont la bande à Hansi Kürsch et André Olbrich (les deux principaux compositeurs depuis un moment déjà) est capable.
La première est une composition de heavy symphonique s'étalant sur près de neuf minutes. Epique avec des arrangements tels que le groupe n'en avait jamais eu auparavant, elle fait mouche et s'impose de par son évidente classe. Evidemment, la présence d'un véritable orchestre symphonique y est pour quelque chose, et les premières minutes de l'album, où l'orchestre démarre seul pour être progressivement rejoint par les membres du groupe, sont de toute beauté.
Quelques pistes plus tard, Curse My Name vient nous enchanter. Autre composition, autre ambiance. Cette fois, nous sommes sur le terrain de la ballade médiévale et (encore une fois) épique et lyrique, à mi-chemin entre A Past and Future Secret et Nightfall. Celle-ci est à classer parmi les grandes réussites du genre. Signe particulier: un break de deux minutes en milieu de parcours où percussions, flûtes, violons et choeurs s'entremêlent lors d'une jolie montée en puissance qui donne des frissons. Le groupe est allé encore plus loin dans ses arrangements folkloriques et le résultat est saisissant.
Enfin l'album se termine sur LE morceau de bravoure intitulé Wheel of Time. Quelle claque ! Retour de l'orchestre, retour des neuf minutes également, influences orientales dans les arrangements... les parties speed, heavy ou plus douces s'enchaînent avec un savoir-faire implacable, les mélodies sont superbes, et tout cela donne l'un des plus beaux morceaux du groupe, bien plus réussi (et plus digeste à mon sens) que And Then There Was Silence sur l'album A Night at the Opera.

Ceux qui reprochaient à Blind Guardian une trop grande sobriété, un côté moins épique ou des titres globalement moins impressionnants sur le précédent A Twist in the Myth peuvent se rassurer, le groupe a bel et bien changé de cap. Et c'est pour le moins réjouissant.
On sent d'ailleurs bien que At The Edge Of Time veut faire plaisir à tous les fans de Blind Guardian car on y trouve un peu de tous les éléments chers à nos bardes teutons.
En effet, Hansi & co. nous ressortent quelques morceaux speed et agressifs pour contenter l'aficionado des années 90. C'est ainsi que déboulent Tanelorn (rien que le titre rappelle celui d'une autre chanson sur l'album Somewhere Far Beyond sorti en 1992), Ride Into Obsession assez directe, sobre et efficace, ou le premier single de cet album, A Voice in the Dark. Si ces nouvelles compositions ne viennent pas, à mon avis, faire de l'ombre à des classiques comme Valhalla, Lost in the Twilight Hall, The Script for my Requiem ou Mirror, Mirror, elles restent efficaces, bien fichues et font plaisir à entendre. Elles apportent à ce disque un peu de variété et de vélocité, ce qui n'est pas désagréable, loin de là. Du bon riff, de la double grosse caisse et du refrain épique au programme, c'est toujours sympa.

Restent quelques titres plus mid-tempos comme Valkyries, Control The Divine ou Road Of No Release. Cette dernière possède une assez jolie mélodie au piano. Ces chansons n'auraient pas dépareillé, stylistiquement parlant, sur Nightfall in Middle-Earth ou A Night at the Opera. C'est riche, mélodique et assez touffu... du Blind Guardian en somme. Je les aime bien... sans qu'elles ne m'enflamment outre mesure. Il y a également une autre ballade (War of the Thrones) qui, même si elle n'est pas aussi brillante que Curse My Name, est très agréable et constitue une jolie accalmie.
Un petit mot sur la production. Elle est bonne, bien sûr. Charlie Bauerfeind s'y connait et fait du bon boulot. Cependant, je trouve tout de même le son un peu sec et, personnellement, j'aurais souhaité que ça pête un peu plus... ça laisse rêveur d'imaginer ce que ce disque pourrait donner avec un son énorme.

Le bilan est clair et positif: en mélangeant l'excellent, le très bon et le sympa, At The Edge Of Time est, globalement, une réussite de plus à ajouter à l'étonnante discographie de Blind Guardian. Foisonnant d'idées, d'arrangements divers et variés, apportant son lot de nouveautés ainsi que des références au passé ou à une certaine forme de tradition, il est, en ce qui me concerne, l'album de la réconciliation, après un décevant Twist in the Myth que j'avais trouvé bien fade. Reste à voir comment tout cela sera transposé sur scène. Réponse en septembre prochain avec le début de la tournée européenne. J'ai hâte. Comptez-sur moi pour un bon live report en bonne et due forme !

C H R O N I Q U E Christian

 Un album de Blind Guardian s'écoute, se ré-écoute puis seulement se juge...
 C'est, me direz-vous, la moindre des choses et le lot de chacune des parutions qu'il nous est donnée de chroniquer !
 Certes !
 Mais la particularité du style du "berger aveugle" tient à une telle complexité que plus que tout autre, leur CD nécessite une approche, une appropriation et une digestion.
 Je ne saurais vous situer la phase dans laquelle je me trouve après une bonne vingtaine d'écoutes, toujours est-il que je continue à découvrir des détails qui, au prime abord, m'avaient échappé...
 Reste finalement à se demander si le prix à payer pour apprécier se justifie, autrement dit : n'y a-t-il pas lieu de s'interroger sur le facteur lassitude automatiquement présent lors d'une écoute en boucle ?
 Autant ma démarche s'impose dans la mesure où je me suis engagé à vous livrer mon opinion sur cette galette, autant la vôtre risque de tourner court si votre motivation à découvrir la richesse de ce "At The Edge Of Time" s'épuise au fil de vos valeureuses tentatives...
 Je chercherai donc ici à demeurer aussi objectif que possible même si l'affection que je porte au combo Allemand risque de peser lourd dans mon évaluation...
 Côté historique : le dernier Blind Guardian est dans la lignée du précédent : la structure des morceaux s'avère dense et le discours (musical s'entend...) ne gagne pas en limpidité : on est loin des hymnes qui ont fait les heures glorieuses du combo...Toutefois, "At The Edge Of Time" a gagné en sincérité : on ne fait pas patienter quatre longues années ses fans pour leur servir un plat réchauffé ou une préparation fast-food !
 Hansi Kursch n'a rien perdu de son talent et l'économie calculée dont il fait dorénavant preuve me ravit : finis les dérappages dans l'aigu outrancier, il place sa voix dans le registre qu'il maîtrise et tout au long des dix morceaux, c'est un régal de sobriété et d'efficacité.
 Ses petits camarades ne s'en laissent pas compter et la production qui continue à s'améliorer au fil des albums permet d'apprécier le talent de chacun des musiciens y compris ceux de l'orchestre qui, dans "Sacred worlds" et "Wheel Of Time", se joignent au groupe pour majorer leur effet symphonique déjà perceptible de par leur construction complexe...
 Cette tendance à l'orchestration systématique apparaissant quelquefois comme artificielle chez certains, il me semble capital de souligner le fait qu'elle magnifie le style "Blind Guardian" : dommage que ce ne soit pas une constante car d'autres pistes y auraient gagné en intensité ! Je pense notamment à "Ride into obsession" ou "War Of The Thrones" dont l'ambiance eût été décuplée : l'une pour sa vivacité, l'autre au contraire pour sa pondération...
 C'est finalement peut-être là que le bât blesse : une sensation que ç'eût pu être encore mieux surtout si "Tanelorn" et "A Voice In The Dark" avaient été évités, ces deux morceaux sans nuance n'apportent rien à mon humble avis...
 Sont-ce finalement mes préjugés favorables auxquels je faisais allusion plus haut, ou la qualité intrinséque du produit qui finissent par me convaincre ?
 J'avoue qu'à la centième écoute, je ne saurai toujours pas répondre à cette délicate question alors lancez-vous et ôtez-moi du doute !

Tracklist de At The Edge Of Time :

01. Sacred Worlds
02. Tanelorn
03. Road Of No Release
04. Ride Into Obsession
05. Curse My Name
06. Valkyries
07. Control The Divine
08. War Of The Thrones
09. A Voice In The Dark
10. Wheel Of Time