C H R O N I Q U E

Bleeding Through a un problème avec la France. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Brandan Schieppati, leader du groupe de son état, qui indique en interview qu'il se demande ce qu'il fait chez nous à chaque fois qu'il vient, vu qu'il n'intéresse personne. En effet, Bleeding Through fait partie de ces combos Américains bien implantés chez eux mais souvent inconnus dans nos contrées malgré six albums au compteur. L'effet de la tournée en première partie de Machine Head et Hatebreed va peut-être changer la donne. Le concert que j'ai pu voir à Bruxelles était efficace à défaut d'être transcendant, l'expérience aidant (le groupe a aussi tourné avec Slayer, Marilyn Manson et la ozzfest).

L'efficacité, c'est le crédo de Bleeding Through. L'originalité, pas vraiment. La preuve en est, avec son nouvel album sobrement intitulé Bleeding Through. On ne peut pas dire que Brandan ne se soit trop foulé sur ce coup là mais cela aura au moins le mérite d'être facile à retenir. Musicalement, on est plus proche d'un cassoulet-frites que d'un carpaccio-salade. C'est du metalcore pur jus, avec quelques ambiances black metal apportées par le clavier. Du lourd.

L'album est dans la lignée des précédents, Bleeding Through n'ayant pas cherché à évoluer. Les fans ne seront pas déçus, les amateurs de metalcore non plus. Ce qui est dommage, c'est que l'on sent un potentiel gâché. Lorsque le groupe se veut ambitieux, cela donne des morceaux plutôt bien faits (Breathing in the wrath et son break atmosphérique, Divide the armies avec son chant clair et ses solos inspirés). Bleeding Through donne même dans le calme pour une respiration courte mais bienvenue (Light my eyes). Le reste n'est que brutalité entre blast-beats et rupture néo, chant hardcore et metal extrême. C'est bien exécuté, ça bastonne sévère. Mais on reste dans une impression de déjà-entendu alors que l'on sent qu'avec un peu de volonté et moins de pilotage automatique, le groupe est capable de passer dans la division supérieure.

Difficile dès lors de sortir d'autres chansons du lot. Quand aux paroles, ça fuck, ça hurle, ça en veut à la terre entière. La marque de fabrique du style.

Bref, ce n'est pas le type d'album qui fera que la France tombera amoureuse de Bleeding Through. Mais je pense que Brandan s'en moque. Je le conseille donc aux amateurs du genre qui trouveront leur bonheur, les autres passeront en essayant de ne pas énerver le musculeux chanteur. L'invitation au printemps des poétes attendra.

Tracklist de Bleeding Through :

01. A Resurrection
02. Anti-Hero
03. Your Abandonment
04. Fifteen Minutes
05. Salvation Never Found
06. Breathing in the Wrath
07. This Time Nothing is Sacred
08. Divide the Armies
09. Drag Me to the Ocean
10. Light My Eyes
11. Slow Your Roll
12. Distortion, Devotion