1970. Un étrange album tombe dans les bacs des disquaires. La seule vision de la pochette a tout pour mettre mal à l’aise. Ca sent tout de suite le truc glauque : ce personnage fantomatique devant ce moulin médiéval n’a pas l’air naturel. D’ailleurs, la légende veut que cette silhouette ne soit apparue qu’au développement du cliché. Glups... Un corbeau attend patiemment sur le tronc d’un arbre sans doute mort au dos de la pochette. Ambiance cauchemardesque à souhait.
Alors on met le disque. Et le cauchemar continue. La pluie, le tonnerre, une cloche retentit. Le sabbat peut commencer. Black Sabbath, le morceau qui a donné son nom au groupe (et pas l’inverse – le groupe était parti pour s’appeler Earth) vous propulse dans un univers musical inédit : rythme lent asséné par la paire Geezer Butler / Bill Ward, guitare aux accords lourds de Tony Iommi et un chant démoniaque d’un certain John Michael "Ozzy" Osbourne. Black Sabbath était né. Le Heavy Metal avec lui.
Car, si l’on cite bien souvent Led Zeppelin, Deep Purple et Black Sabbath comme les pionniers du Hard Rock, cherchez bien lequel de ces trois précurseurs les groupes de Heavy, de Thrash, de Doom ou de Power Metal actuels citent comme influence principale... Black Sabbath EST le Heavy Metal. Il faut voir la quantité de groupes de Metal, tous styles confondus, qui a repris un jour ou l’autre un titre de Sabbath (Metallica, Faith no More, Entombed, Overkill, Sacred Reich, Grave Digger, Anthrax, Megadeth, Sepultura, Ministry, la liste est longue...) sans compter ceux qui ont voué un véritable culte aux Anglais (Candlemass, Pantera, Type O Negative...)
L’album entier a été enregistré en très peu de temps, à cause d’un budget plus que serré, dans des conditions live. Cela ajoute encore à l’aura du groupe. On a d’ailleurs l’impression que ça part en impro complète sur le titre The Warning avec un très long solo de Tony Iommi. La sortie de l’album fut précédé du single Evil Woman qui ne marqua guère les esprits en tant que single mais peu importe, Black Sabbath n’est pas un groupe à single et l’album complet réussit, lui, à se glisser dans le top ten. Pas mal pour un groupe alors inconnu, surtout que l’album fut très mal accueilli par les critiques des magazines de l’époque.
Outre le titre éponyme qui va marquer quelques générations de musiciens, The Wizard avec son intro et son solo à l’harmonica (joué par Ozzy), NIB et Beyond The Wall Of Sleep font aussi partie des grands classiques du groupe. Tous ces morceaux sur ce qui correspondait à la première face du vinyl. La seconde est un peu moins accrocheuse avec Evil Woman (une reprise), Sleeping Village qui est presque un instrumental (les paroles se limitent à quatre lignes) et le très long The Warning (près de onze minutes) qui est une reprise également.
Le son remasterisé de l’édition CD est excellent, tout en gardant le côté vintage de l’enregistrement original. A noter enfin (et c’est important) que certaines des éditions CD proposent en plus le titre Wicked World qui était la face B du single Evil Woman.
Black Sabbath sortira un peu plus tard cette même année son second album, Paranoid, qui va asseoir définitivement sa réputation.
A connaître évidemment si l’on est amateur de Heavy Metal. Car c’est là que tout a commencé.
Tracklist de Black Sabbath:
01. Black Sabbath 02. The Wizard 03. Behind The Wall Of Sleep 04. N.I.B. 05. Evil Woman 06. Sleeping Village 07. The Warning 08. Wicked World (sur certaines versions seulement)