Artiste/Groupe:

Between The Buried And Me

CD:

Coma Ecliptic

Date de sortie:

Juillet 2015

Label:

Metal Blade

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Lurk

Note:

20/20

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Between The Buried And Me n'est pas un nouveau venu sur la scène prog', avec pas moins de sept albums studio depuis 2002, sans compter le petit dernier, Coma Ecliptic. Pourtant, j'ai découvert ce groupe sur le tard, il y a environ un an, à l'époque de la sortie de Future Sequence : Live At The Fidelitorium. Tout de suite c'est la baffe, j'ai été subjugué par cette maestria progressive mêlant sans sourciller les velléités extrêmes du metal à une approche limite jazzy. Suite à cela, j'ai principalement écouté Parallax I et II, accrochant moins à leurs débuts. Puis Coma Ecliptic fut annoncé…

Memory Palace, premier single, place la barre des attentes très haut, jonglant entre le death, le jazz et le prog à la Pink Floyd, c'est un pur régal, très direct et catchy malgré ses neuf minutes. Puis c'est au tour de The Coma Machine de sortir, agrémenté d'un clip. Cette fois-ci le morceau est moins accrocheur et demande un peu plus d'écoutes avant d'être appréhendé, mais il n'en est pas moins riche et c'est encore un bonheur à écouter.

Puis l'album est sorti. Ne compter pas sur moi pour tergiverser, il se pourrait bien que Coma Ecliptic soit mon album de l'année, toutes catégories confondues. On va tenter de voir pourquoi :

Cela commence tout en délicatesse avec un Node joué au clavier. Le chant entre rapidement en scène et subjugue par son timbre. Il faut dire qu'il est doublé, une version plus grave et plus discrète enrichissant son spectre. Ce morceau servant d'introduction monte en puissance sur sa fin et s'enchaîne à la perfection avec The Coma Machine. Guitare, basse, clavier, chant, batterie, tout cela s'imbrique à la perfection. Chaque piste étant intéressante à elle seule, l'ensemble est un feu d'artifice de notes s'entremêlant avec grâce. Tous les instruments (et la voix rentre aussi bien dans cette catégorie) se taillent la part du lion, et Between The Buried And Me a à cœur de nous en mettre plein la vue dès ce morceau à tiroirs où les parties s'enchaînent et développent des sonorités multiples, des plus douces aux plus extrêmes. Ce qui marque rapidement quand on n'est pas habitué au style du groupe, c'est la présence marquée des claviers/synthés, qui ne sont pas là pour poser de bêtes nappes en harmonie avec le reste, mais bien pour apporter des mélodies à contre-pied de ce que proposent les guitares. Un autre élément frappant, c'est la versatilité et la précision du chanteur, qui porte à lui seule une grande part de la personnalité du groupe. Dès ce deuxième morceau (déjà connu, si vous m'avez bien suivi), BTBAM pose la base de ce que vous allez vivre au long de cet album.

Dim Ignition enchaîne sur une tonalité plus sombre infusée par des arpèges au synthé. Le jeu aux toms du batteur appuie lui aussi ce sentiment. Plus le (court) morceau avance, plus les pistes s'empilent dans une montée en puissance qui permettra l'accouchement de Famine Wolf. A nouveau, c'est une pièce variée qui s'ouvre à nous, proposant un panel de sonorités dont certaines, plus tordues, rappelleraient presque une imagerie "Burtonienne", un peu façon L'Etrange Noël De Mr Jack. C'est sans interruption que King Redeem – Queen Serene lui fait suite, proposant comme son nom le laisse deviner, une bivalence aux confins de la schizophrénie, mais surtout un leitmotiv épique et jouissif qui fait dresser mes poils. Systématiquement.

Avec Turn On The Darkness et ses huit minutes, le groupe nous sert son morceau le plus "prog' archétypal", le synthé appuyant les riffs, ou encore basse et guitare tissant chacune leur solo de leur côté. Les transitions se font plus naturelles, moins surprenantes. D'un autre côté, The Ectopic nous accroche instantanément avec son riff sautillant au piano, qu'il renverra vite au placard avec ce que Between The Buried And Me a de plus extrême à proposer, ce qui consiste en des grunts hargneux portés par des riffs rythmiques déstructurés, dont la violence tranche durement avec la douceur relative du reste. Le riff au piano du début continue à tourner dans le fond tandis que le morceau se développe, c'est assez génial à écouter. Pour couronner le côté excentrique, certains breaks annonciateurs de parties plus violentes rappelleront aux amateurs de bizarrerie musicale les barjos de Pryapisme. Bon sang, il s'en passe des choses dans les morceaux de BTBAM ! Notez d'ailleurs la fin, qui joue avec les codes et s'arrange pour créer une tension, qui ne sera qu'à moitié résolue par une discrète note de piano.  Rapid Calm est plus simple d'accès, plus posé et ambiancé. Les émotions n'en sont développées que plus efficacement, et le morceau nous assène des émotions fortes avec un timing parfait. Puis Memory Palace entre en scène. Ce n'est pas pour rien si ce morceau fut le premier dévoilé : c'est sans doute le plus fulgurant de l'album. C'est aussi le plus long et le plus varié, mais il n'en reste pas moins incroyablement cohérent, tout s'enchaîne à la perfection. Les mélodies se suivent et ne se ressemblent pas, les sonorités et les tons font de même. Toute la diversité instrumentale et vocale de Between The Buried And Me est présente dans ce morceau, c'est pourquoi il fait, à mon humble avis, l'un des meilleurs points d'accroche pour ce groupe. Malgré sa durée assez conséquente, l'ennui ne se pointe jamais, l'attention est constamment relancée, et la complexité musicale est portée par une production des plus épurés la rendant on ne peut plus accessible. Un vrai régal.

La transition avec Option Oblivion, sans temps mort, est désarçonnante, c'est un changement de tonalité assez brutal, qui sera vite oublié face à ce que propose le morceau. Between The Buried And Me en a fini avec les morceaux alambiqués et propose deux pièces propices à une redescente en douceur. 

L'album est fini, en onze morceaux et presque soixante-dix minutes, le temps s'est écoulé à une vitesse insoupçonnée. Malgré la complexité et la variété hallucinantes proposées tout au long de cet album, le son reste parfaitement clair et "lisible", rendant l'ensemble des compositions étonnement  accessibles. Voilà ce qui fait de ce Coma Ecliptic l'un des chefs-d'œuvres de l'année 2015, un album dépourvu de faiblesses et qui se place sans aucun doute possible parmi les classiques des générations futures.

 

Tracklist de Coma Ecliptic :

01. Node
02. The Coma Machine
03. Dim Ignition
04. Famine Wolf
05. King Redeem - Queen Serene
06. Turn On The Darkness
07. The Ectopic Stroll
08. Rapid Calm
09. Memory Palace
10. Option Oblivion
11. Life In Velvet