BABYLON PRESSION

Artiste/Groupe

Babylon Pression

Album

Travaille Consomme & Meurs

Date de sortie

10/09/2007

Style

Hardcore/Frenchcore

Chroniqueur

Damien

Note

18/20

Site Officiel

http://www.babylon-pression.com/

C H R O N I Q U E

Les Babylon de Marseille sont de retour après un inégal et décevant Negative Generation. Et ça va faire mal ! D'abord, un coup d'oeil au site internet du groupe et le ton est donné : nous voici devant la Babylon Inc., multinationale aux grandes dents. Et lorsque l'on met la musique sur Play, tout démarre directement. Seul parmi les autres, au feeling Punk-Stoner, au riff saccadé aussi affûté que la tronçonneuse d'Ed Gein.

Le texte parle nous met dans la peau d'un psychopathe (obsédé ?) qui ne souhaite que du bien à une demoiselle un peu jeune ("ta tête dans le sac le sac à l'arrière"). Deuxième morceau, le groupe monte en puissance. Le titre est évocateur : Je ne sers à rien. Mais attention, la chanson, elle, est très travaillée, nous plongeant dans le dépit d'un chômeur. Car oui, là est le point fort du Babylon Pression version 2007 : les textes sont très humanistes et lucides, permettant à quasiment chaque français de s'identifier à un personnage de cette galerie dressée. Le seul bémol est la production, un poil trop brouillonne, qui ne met pas assez en valeur l'aspect musical mais qui sied à merveille à l'aspect furax de l'album.

Troisième morceau, un employé pas très doué se fait virer, et on embraye pour un morceau rapide, sautillant, à la limite du feeling Punk et avec des riffs 100% Frenchcore. Jumpy vers la fin, troisième claque. Et ça enchaîne avec le magistral et lourd "La vie sous vide". Une sorte de croisement entre Poison The Well, les Deftones, avec une pointe de Boog-ïa (combo culte français de Frenchcore ravageur). Un morceau entre tristesse et lumière, avec une succession de riffs qui en fait le premier gros moment culte de l'album, avec des cris désespérés et un chant d'écorché vif plus que convaincant. Énorme.

On passe ensuite à la peur, avec un thème à la System Of A Down version Frenchcore, avec des samplers de discours d'Hommes politiques (au hasard Lionel Jospin, Philippe de Villiers ?). Petite pause avec des samplers de discours (Raffarin !) sur Responsables mais pas coupables. Le saturé Demagloria, furieux et Metal à souhait se place un ton en dessous, le groupe accuse peut être une baisse de régime. Le morceau suivant est aussi en dessous mais le savoureux Sandwich à la merde (!)rempile. Joli moment de poésie, un plaidoyer contre la consommation de masse ravageur.

On zappe le convenu Esclave de la patrie, patriote et plus secondaire. Et là, c'est le drame ! La baffe hardcore métallisée version roots. Les riffs volent et s'excitent, le chanteur crache sa haine à la face de sa copine (qui ne devrait pas le rester longtemps !) et la préviens "ne pars pas ou je te tue !". Le message est clair, le groupe lâche ses dernières forces, sur un riff à la croisée de Sepultura et d'Hatebreed. Furieux, ravagé, un cri de colère libérateur qui balance une sacrée patate du gauche dans la tête !

Derrière, le dernier titre est la libération même, la conclusion d'un cheminement vers l'ombre, un concept comme le dernier Dimmu Borgir. On finit par devenir sataniste à force de subir les désagréments de notre vie.

On passe sur Travaille Consomme Meurs de la joie au désespoir, de la colère à la tristesse, ce disque est un fabuleux exutoire, pour se défouler après une journée de boulot, pour éviter de tabasser sa copine, pour éviter de virer psychopathe. Ah oui, une dernière chose : si vous pensez que le groupe ne connaît pas le second degré (voire le troisième), écoutez les toutes dernières secondes de TCM et savourez cette reprise...suspecte du générique d'un célèbre dessin animé. Et vous comprendrez. Babylon Pression efface d'un coup de Kärcher tout ce qui est censé définir le style Frenchcore, repoussant loin derrière les Watcha, Eths, Pleymo et autres qui définitivement auront bien du mal à atteindre un jour un tel niveau. Vive Babylon Pression, une deuxième bonne raison d'aimer la France (avec Gojira) !