Artiste/Groupe:

Ayron Jones

CD:

Child From The State

Date de sortie:

Mai 2021

Label:

Big Machine Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Didier

Note:

17.5/20

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Il ne faut pas plus de deux secondes pour comprendre qu’Ayron Jones possède un son et un toucher de guitare tout à fait particulier. Il faut ensuite quinze secondes pour réaliser qu’il possède aussi une voix, une sacré voix même. À sa façon de chanter, on comprend aussi de suite que c’est un écorché vif et que sa musique est un exutoire, voire même une sorte de thérapie. Quand le morceau explose enfin dans un délire de larsen et de cordes à vide, on est complètement subjugué par le niveau de production, mons-tru-eux de cet album. La façon de jouer d’Ayron, un peu crade et à la fois proche de Hendrix et du style grunge : un parfait mélange. Son chant est aussi capable de se transformer entre du Lenny Kravitz, du Prince, du Danko Jones et même du Michael Jackson. Clairement quand il chante, c’est avec ses tripes et on comprend qu’il a une sensibilité à fleur de peau. Il chante les inégalités, la pauvreté, la condition noire et sa propre enfance, pas folichonne. Le gamin de Seattle (tiens, tiens) né de parents jeunes et en proie à de multiples addictions, n’a jamais connu son père et il est finalement abandonné par sa mère (il en parle dans Take Me Away). Il se retrouve placé, très jeune, d’où le titre Child Of The State (qu’on pourrait traduire par enfant de la DDASS). Il finira par être récupéré par un oncle et une tante qui l’élèveront, mais la douleur, la souffrance de la solitude transpire dans les compositions d’Ayron. Rien que l’écoute de Take Me Away, me file les poils et permet de tout comprendre (“take me away from this lonesomeness”), le solo de guitare vous arracherait presque une larme. Ayron, qui cite des influences aussi variées que Prince, Eminem, Dr Dre, Jimi Hendrix, Stevie Ray Vaughan, Nirvana et Soundgarden, dédicace son album à ses deux parents, décédés depuis, comme quoi, il n’est pas rancunier.

Attention, si cet album est considéré comme le premier, c’est en fait le troisième, mais le premier sur un label. En effet, il avait déjà sorti deux albums indés avec son power trio de l’époque, d’abord Dream (2013) produit par un artiste de rap et Audio Paint Job (2017) produit par Barrett Martin (producteur et batteur célèbre de la région de Seattle dont je vous avais parlé dans mes chroniques de Walking Papers ou plus récemment de Patrón). D’ailleurs, preuve de l’activité de tous ses artistes de la scène musicale de Seattle, quand le super groupe Levee Walkers, composé de Duff McKagan (Guns ’n’ Roses), Barrett Martin (Screaming Trees) et Mike McCready (Pearl Jam) enregistre leur premier single, All Things Fade Away, c’est Ayron Jones qu’ils invitent pour chanter. Après ces deux premières réalisations, Ayron se verra offrir des premières parties de groupes prestigieux comme Guns ’n’ Roses, Public Enemy, Jeff Beck ou BB King. Bref après un départ dans la vie assez chaotique et à force de travail, Ayron a fait les bonnes rencontres.

Sur ce nouvel album on retrouve quatre morceaux issus de Audio Paint Job (Take Me Away, Emily, Boys From From The Puget Sound et Take Your time) et deux de Dream (My Love Remains et Baptized In Muddy Waters), ils sont remasterisés par Ted Jensen (Behemoth, Slipknot pour ne citer que son travail dans le milieu metal). Ayron chante et joue toutes les guitares, certaines basses, il n’a pas vraiment de groupe pour cet album mais pas mal d’invités. A la basse par exemple on trouve Bob Lovelace (aussi son bassiste live), DeAndre Enrico et Marti Frederiksen. A la batterie c’est  Kai Van De Pitte son batteur attiré mais on trouve aussi Ehssan Karimi et Barrett Martin.

Quand on attaque l’écoute de ce Child Of The State, on est littéralement scotché par la puissance combinée du chant, de la guitare et de la production. En plus on se fait laminer par vagues successives avec d’abord ce Boys From The Puget Sound où on ressent la hargne d’Ayron qui nous parle des galères de son groupe de rock, en tournée (notamment dans le sud des US), sans arrêt contrôlé par la police, parce que simplement trois musiciens noirs. La guitare est vraiment sauvage (sans le moindre solo) le chant vraiment chargé de violence et d’émotion. La deuxième lame, c’est Mercy, au riff simple et puissant et au chant plein de soul, qui s’éraille pour et finit par implosé en fin de morceau. Je vous propose un petit clip pour vous rendre compte:


Mais c’est pas encore fini, car pour finir de nous convaincre, Ayron envoie la purée de Take Me Away, le single de l’album. Incroyable le chant fait penser à Michael Jackson, ce type est un caméléon. Là encore la guitare est puissante, furieuse, beaucoup de cordes à vide, un petit solo très inspiré à la Tom Morello. J’adore les choeurs féminin sur le break qui suit le solo. Je vous laisse juger la bête :




Après on se calme un peu avec un morceau qui fait penser à un Lenny Kravitz croisé avec Danko Jones (si, si !) Supercharged, le refrain est catchy, le tout plus pop, la basse claque bien. Free est un morceau fabuleux, irrésistible même, le chant est superbe sur ce couplet, le refrain est tout aussi accrocheur, avec ces chœurs à la “ho ho ho” c’est un morceau qui aurait pu être sur un album de Bon Jovi. Carrément ! Ayron y fait un joli solo de guitare. En parlant de Danko Jones, je trouve que le chant saturé de Killing Season, rappelle celui de Danko sur le couplet. En parlant d’influences il y a pas mal de Nirvana sur le refrain de Spinning Circles et encore du Michael Jackson sur le break. Hot Friends fait penser à du Prince, c’est un super morceau, super groovy, franchement impressionnant ce Ayron, un vrai touche-à-tout.

L’album possède aussi ses moments calmes avec plusieurs ballades toutes assez émouvantes. Dans My Love Remains, c’est clair que l’ami Ayron chante fabuleusement bien et sait varier les styles. Cette ballade est assez typé rock sudiste je trouve, son côté un peu folk, va faire pleurer la ménagère américaine de 50 ans. Emily est une power ballade, chargée de guitare, plutôt puissante et racée. La voix à la fois énervée et soul d’Ayron fait des ravages. Baptized In Muddy Waters est une fausse ballade (couplet calme, refrain énervé) un peu du genre Joe Bonamassa rencontre Prince, c’est réussi. La power ballade qui clôt l’album, Take Your Time est aussi une réussite, avec une bonne ligne de basse, un refrain accrocheur et un bon travail de guitare, elle finit un peu en Negro Spirituals qu’on se verrait bien chanter en tapant des mains dans une église du sud des US.

Pfffff nom-di-diu ! Ça sera pour moi, sans la moindre hésitation, un album de mon top 2021, car j’aime trop ce son, ce chant et cette guitare. Ayron Jones est un sacré compositeur et un artiste complet, tapant dans tous les styles avec beaucoup de brio. Cet album est un quasi sans faute. On ne va quand même pas lui tenir rigueur d’une ballade gentillette et tout public ? C’est un album qui devrait plaire à beaucoup d’amateurs de rock, blues rock, pop/soul.  Je recommande donc sans la moindre hésitation et je ne suis d’ailleurs pas le seul puisque toute la presse spécialisée semble unanime à son sujet.

Tracklist de Child From The State :

01. Boys From The Puget Sound
02. Mercy
03. Take Me Away (Album Version)
04. Supercharged
05. Free
06. My Love Remains
07. Killing Season
08. Spinning Circles
09. Baptized In Muddy Waters
10. Hot Friends
11. Emily
12. Take Your Time

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