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Avantasia
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C H R O N I Q U EL'arrivée d'un nouvel album d'Avantasia est désormais un événement majeur dans le petit monde du metal. Petit rappel historique : au départ Avantasia n'était qu'un projet de Tobias Sammet, leader du groupe Edguy afin de créer un opera metal à l'ambition grandiose en invitant la crème du metal, ses idoles de toujours... lui permettant ainsi de se différencier de son groupe d'origine. Premier album en 2001, qui devient par la même occasion un classique tant le succès (et la qualité, bien entendu) est au rendez-vous. La suite tout le monde la connaît, une deuxième partie tout aussi réussie, une pause et un retour en grande pompe avec une trilogie. Dorénavant, Avantasia c'est un blockbuster (à l'échelle du metal tout du moins), une des poules aux oeufs d'or du label Nuclear Blast, qui a vendu tout de même pas moins de trois millions d'albums... colossal. Une des clés du succès, outre le talent d'écriture du père Sammet, réside dans la multitude d'invités qui ont pu et su poser leur voix sur un des albums. Il faut dire que Tobias a su s'entourer des meilleurs et pas des moindres (Klaus Meine, Alice Cooper, Jon Oliva, Andre Matos, Michael Kiske et j'en passe). Une fois encore The Mystery Of Time ne déroge pas à la règle, la cuvée 2013 apporte son lot de petits nouveaux, avec un line-up qui sent bon le hard de papa : ainsi Joe Lynn Turner (Deep Purple, Rainbow, Malmsteen...), Biff Byford (Saxon), Eric Martin (Mr. Big) et Ronnie Atkins (Pretty Maids) donnent la réplique aux habitués des lieux que sont Michaell Kiske (ex-Helloween et Unisonic) et Bob Catley (Magnum). S'ajoute la jeune Cloudy Yang qui avait déjà poussé la chansonnette sur Angel Of Babylon. Niveau instrumentation nous ne sommes pas en reste avec Arjen Lucassen (Ayreon, Star One...), Bruce Kulick (ex-Meat Loaf et ex-Kiss) ou encore Russell Gilbrook (Uriah Heep). Bref, parlons musique et voyons ce qui nous attend avec ces mystères du temps. Tobias s'est payé un orchestre symphonique pour l'occasion, afin de donner un rendu plus épique et grandiloquent à sa musique, un fait qui semblait inéluctable et qui est enfin arrivé, ai-je envie de dire, l'apport d'un orchestre, s'il est bien exploité, étant toujours un gros plus dans ce style de metal. C'est d'ailleurs cet orchestre qui se charge d'ouvrir cette nouvelle oeuvre avec Spectres. Une intro inquiétante qui ne tarde pas à exploser avec l'orchestre (en particulier les cuivres et les cordes) qui se mêle aux instruments électriques, il y a du Nightwish là-dedans ! Tobias arrive et l'on sent le titre monter en puissance pour arriver au refrain, que l'on aurait pensé plus direct et explosif, déroutant à la première écoute. Le titre se veut complexe à appréhender, Joe Lynn Turner est le premier à ouvrir le bal des invités, sa voix est toujours aussi excellente, rien à redire, le duo fonctionne. Un break instrumental intéressant typé prog (on pense à Ayreon ou Spock's Beard) combiné à un clavecin intimiste amène sur une dernière montée en puissance du refrain, avant que le titre se clôture sur quelques notes inquiétantes. Voilà un bon début, un tantinet déroutant, qui demande un certain nombre d'écoutes avant de rentrer pleinement dedans (ça sera le cas tout le long de l'album d'ailleurs). Des grands moments il y en aura. La performance de Michael Kiske sur Where Clock Hands Freeze est magistrale, rarement on a pu l'entendre chanter si aigu depuis la période Helloween, (même s'il a déjà démontré sur les précedents opus qu'il a su garder ce timbre particulier). Sa voix est d'une pureté absolue, Tobias lui a écrit un titre à la mesure de son talent, et tout cela combiné à l'orchestre relève du régal. Un pur moment de speed comme on n'en avait pas entendu depuis longtemps dans Avantasia, avec une bonne grosse double qui défoule. Ronnie Atkins n'est pas en reste, sa performance sur Invoke The Machine (premier titre mis à disposition par le label) est exempte de tout reproche. Son timbre agressif colle parfaitement à ce titre, brut de décoffrage, sans orchestre. The Watchmaker's Dream également fait plaisir, avec la basse de Tobias vrombissante et très présente, pour ce titre taillé pour la scène, sur lequel Monsieur Lucassen nous sert un petit solo dont on reconnaît immédiatement la patte. Deux titres de plus de dix minutes présents sur la galette, deux réussites. Savior In The Clockwork débute tout en douceur avec l'orchestre (on se croirait revenu sur The Metal Opera Part 1) et voit se succéder Byford, Turner et Kiske. Le refrain est typique des dernières productions de Sammet, efficace. A noter un gros solo de Bruce Kulick qui en met plein la vue. Le deuxième titre du genre est The Great Mystery qui clôture l'album de fort belle manière. Une belle pièce épique aux multiples facettes avec une fois de plus un bel apport de l'orchestre aux moments clés. Eric Martin apparaît sur What's Left Of Me, un titre taillé pour sa voix. Si le bonhomme s'en sort bien, le titre n'est malheureusement pas des plus réussis, trop porté sur la vague ballade hard rock qui n'apporte pas grand chose. Pas mauvais mais loin d'être renversant. Au rayon déception il y a immanquablement Sleepwalking porté par Cloudy Yang qui hérite du pire. Titre le plus court de l'album, plat, ennuyeux... sans intérêt. Une nouvelle fois Tobias Sammet aura mis les petits plats dans les grands. The Mystery Of Time est un opus qui demande un grand temps d'adaptation. Déconcertant à la première écoute, il se révèle réellement au fur et à mesure des écoutes. Peu de refrains restent en tête immédiatement, mais une envie de se replonger et de découvrir les multiples facettes de cette oeuvre se fait sentir. Tobias a su mélanger habilement l'orchestre avec les parties rock sans rien dénaturer. Il s'agit sûrement de l'opus le plus rock de tous les Avantasia, ce qui est logique au vu des invités (il est d'ailleurs noté "A Rock Epic" sur la pochette et non plus "Metal Opera"). Allergiques aux années 80 et et aux groupes comme Queen, Whitesnake ou Meat Loaf, passez votre tour ! Le côté heavy power metal au gros refrain n'est pas oublié non plus, (et ce Black Orchid bien symphonique excellent dont je n'ai pas parlé !) non vraiment il y a de quoi être fier. Les invités nous régalent, mais comment aurait-il pu en être autrement avec ces gars-là ? Même s'il ne fait pas un sans faute, The Mystery Of Time possède tous les ingrédients pour avoir une longue durée de vie devant lui. Il faut simplement ne pas se faire une idée trop hâtive après deux écoutes à la va-vite et se laisser plonger dans son univers. Bon voyage.
Tracklist de The Mystery Of Time : 01. Spectres Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum ! |
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