Nous étions au mois d’avril et je n’avais toujours pas eu ma dose de thrash estampillée 2024. Quasiment un tiers de l’année sans qu’un seul riff qui tabasse ou qu’un chanteur qui braille ne passe par mes oreilles délicates, ça fait long. Et puis j’ai appris le retour d’Atrophy...
Atrophy donc, groupe vaguement culte des années 80. La majorité d’entre vous n’en a sans doute jamais entendu parler, c’est de la troisième division. Mais les zinzins comme moi, qui fouillent le monde obscur du thrash à la recherche du petit album de derrière les fagots, ont sans doute déjà vu passer les pochettes des deux premiers albums du groupe. On est loin d’un grand groupe, mais c’est pas mauvais non plus. Y’a de bons riffs et un type qui braille, ça fait le taf. Cela dit, le groupe avait tendance à pondre des titres assez bordéliques/décousus, se contentant un peu d’enfiler des riffs... Bien mais pas top, comme dirait l’autre.
Et donc les revoilà, plus de trente ans après. Enfin presque : il ne reste plus que le chanteur, avec une nouvelle équipe. À noter que l’ancien batteur a aussi reformé un groupe appelé Scars of Atrophy -super original- et a pondu un EP oubliable mais pas catastrophique en 2022. Bref, revenons à Asylum, à côté duquel j’ai failli passer (j’en profite et je me permets de remercier, via ces lignes, mon pote Pat de m’avoir filé l’info : merci Pat). Une pochette infecte de mauvais goût (et encore, vous n’avez pas vu l’intérieur du livret) qui ne donnerait franchement pas très envie au tout-venant mais qui suffit à titiller ma curiosité, surtout qu’elle recycle le vilain bouffon démoniaque de la pochette du premier album.
Vous avez vu la note, donc vous savez que l’album est bien plus réussi que sa pochette -dieu merci, d’ailleurs. Neuf titres, quarante-cinq minutes de thrash bien fichu. C’est tout ce que je demande, ça tombe bien. Pas de fioritures, on lance les hostilités avec un bête roulement de batterie et un riff qui défonce et on est partis ! Très honnêtement, j’aurais bien du mal à déblatérer pendant des lignes et des lignes pour vous parler de ce disque : c’est du thrash tout beau tout propre (enfin, propre, je me comprends), très classique mais bigrement efficace, soit tout ce qu’on aime sans réelle once de génie mais avec tout ce qu’il faut dedans (à savoir des riffs qui tuent, des envies de secouer fort la cabosse et encore d’autres riffs qui tuent).
Ah si, peut-être un petit mot sur la prod, quand même : on est sur un truc assez moderne, tout sonne bien mais on est malgré tout très éloigné de ce qu’on mange à toutes les sauces dans les prods du moment. C’est pas du Andy Sneap ou tout sonne fort mais propre. Nan, ici on a du moderne mais un peu cradingue quand même, comme un joli tube de chrome mais avec un brin de rouille dessus. Le bon compromis pour ceux qui veulent un son convenable mais un peu de saleté dessus (votre serviteur, par exemple). Tiens, écoutez moi ce son de batterie un peu crincrin, par exemple, garanti pas triggée.
D’aucun pourrait ronchonner, en disant que le groupe claque son meilleur morceau d’entrée de jeu et n’a pas vraiment d’autres gros morceaux de bravoure après. Je pourrais presque être d’accord, mais je me permets de chipoter. Le deuxième et le troisième titre sont bigrement efficaces, pareil pour Five Minutes, qui clôt l’album d’une bien belle manière. Et n’oublions pas Close My Eyes, qui commence comme une petite ballade sombre (Slayer sait bien faire ça) et qui s’avère plus heavy que thrash. Le reste est, il est vrai, moins marquant. Mais j’aurais bien du mal à trouver un mauvais titre sur cette galette, qui passe toute seule.
Du thrash pas franchement brillant, jamais vraiment marquant mais toujours réjouissant. On secoue la tête, on s’amuse bien : Atrophy fait le taf. J’aurais même tendance à dire que c’est le meilleur album, puisqu’ils font enfin l’effort de faire des vrais morceaux un peu plus construits. Bref, un bon p’tit disque de thrash pour ceux qui ont besoin de leur dose, pas plus mais certainement pas moins !