C H R O N I Q U E

En quelques années, le deathcore est devenu une véritable mode, comme le fut le néo-metal il y a une dizaine d'années. Du coup, on voit fleurir un peu partout dans le monde des groupes qui prétendent jouer du deathcore, et reconnaissons-le... ce style tourne inlassablement en rond, se mord la queue, à tel point que toutes les formations aujourd'hui se ressemblent. Toutes ? Non ! Car une tripotée d'irréductibles musiciens continuent malgré tout à s'épanouir, et à livrer une musique qui a, dieu merci, de la personnalité ! C'est justement le cas ici avec les parisiens de As They Burn, qui nous livrent là leur premier album Aeon's War, deux ans après un EP sobrement intitulé A New Area For Our Plagues, qui avait déjà révélé le potentiel fort intéressant de ce combo. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si As They Burn a partagé l'affiche avec War From A Harlot's Mouth, Emmure, August Burns Red et autre Walls of Jericho.

On constate déjà que, à l'instar de l'EP, l'artwork de Aeon's War est très riche, très travaillé, pour un résultat sublime. Surfant sur ce même univers d'apocalypse, de fin du monde et de régénérescence des terres qui semblait déjà leur plaire sur ANAFOP (acronyme de A New Area For Our Plagues, vous croyez quand même pas que je vais le réécrire à chaque fois !), As They Burn montre donc déjà certains signes de cohérence, et ça...ça fait plaisir. Mais passons au thème le plus important sur un album musical: la musique !

Deathcore est composé de "core", certes, mais également...de "death" ! Et ça, le quintet ne l'a pas oublié puisque la musique d'As They Burn est un savant mélange de riffs lourds et puissants, du genre à frapper bien fort sur la nuque jusqu'à éclatement des cervicales, et de breakdowns qui viennent finir le boulot. Dès la parution il y a quelques semaines du clip de Distorted Rules, As They Burn annonçait la couleur avec un morceau accrocheur qui tabasse.

Ce qui est agréable avec ces mecs, c'est qu'ils n'en font pas trop. Non non non non, loin de là. On ne joue pas la carte du "bon, on pousse le délire jusqu'au bout ?". Dans Aeon's War les ambiances se mêlent et s'entremêlent, oscillent, se croisent, varient pour nous pousser jusque dans nos derniers retranchements. Si des morceaux tels que City Ov Pyramids ou Philosophical Research Society se font remarquer par leur côté "boum dans ta face", d'autres comme Beg For Death ou Psychoactive Green Fairy se veulent plus posés et aériens, et apportent une certaine fraîcheur à l'album.

Oui, parce que s'il y a quelque chose qui fait souvent défaut à bien des formations (notamment dans les milieux "core" et "extrême"), notamment quant elles sont dans la force de l'âge et découvrent les joies et les galères d'un premier album, c'est le manque de mélodie qui se dégage dès la moitié de l'album. Or ici, plusieurs morceaux ou intros viennent calmer le jeu, comme celles de Psychoactive Green Fairy ou de l'éponyme Aeon's War - avant cependant que ce morceau prenne véritablement la mouche et devienne d'une férocité remarquable !

MAIS ! Oui, car là aussi il y a un "mais" ! Derrière tout ce petit condensé de talent à l'état sauvage des musiciens de As They Burn, on constate qu'il y a un cruel défaut qui se fait hélas vite ressentir (oui, à travers mes mots vous pouvez sentir que ça me désole): la prod. Trop d'effort tue l'effort. Car on sent qu'il y a eu un gros boulot en studio pour que tous les instrus soient mis au même niveau, dans le but, je pense, de rendre le tout plus "aérien". Seulement voilà, puisque tout est au même niveau, rien ne ressort ! Certes il est agréable de pouvoir sentir les coups de basse fort habilement placés sur Philosophical Research Society, mais un peu plus de puissance, de poigne sur certains plans auraient été les bienvenus ! Il manque souvent ce petit quelque chose qui fait que l'on a envie de tout défoncer à grands coups de poing, ce petit quelque chose qui donne envie d'éclater la face du premier inconnu qui passe. Il manque cette touche de folie qui pilonne les tympans ! Pourtant, pas besoin d'être un maestro pour deviner que Aeon's War doit livrer toute sa bestialité en concert !

Mais allez, ne jetons pas trop la pierre à As They Burn, pour un premier effort, c'est franchement pas mal! Un groupe qui montre déjà une personnalité travaillée et intéressante, tantôt violent tantôt plus aérien, et montre une fois de plus que les français ont du talent à revendre ! Des musiciens qui savent ce qu'ils font, qui maitrisent leurs instruments et ont d'ores et déjà affirmé leur style. Messieurs, continuez !

Tracklist de Aeon's War:

1. Bless My Will
2. City Ov Pyramids
3. Scarlett The Sacred Whore
4. Distorted Rules
5. Beg For Death
6. Aeon's War
7. Philosophical Research Society
8. Psychoactive Green Fairy
9. Unfinished Creature

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