C H R O N I Q U E (Florent C)

Apocalyptica est certainement un des groupes qui a le plus prospéré ces dernières années. En effet, que de chemins parcourus depuis 1996 et l'époque où le combo n'avait pas de nom définitif ! Quelques six albums plus tard, nos violoncellistes ont tournés avec Rammstein et faits des tournées en tête d'affiche pleines à craquer. Un véritable engouement pour ce groupe peu probable (qui croyait en eux à leur début ?) de la scène metal !

Alors avec toute cette ferveur, on est tenté de se dire qu'Apocalyptica va virer commercial à fond pour plaire au plus grand nombre. A l'annonce des guests présents sur l'album, je ne peux m'empêcher d'aller dans ce sens et d'émettre quelques craintes sinon des doutes. Till Lindemann (Ramstein), Cristina Scabbia ( Lacuna Coil) et surtout Corey Taylor ( Slipknot, Stone Sour) sont de la partie, autrement dit trois invités de marques certes, mais surtout trois invités que les ados connaissent par coeur. Et qui dit ados dit grosses ventes en perspectives. Enfin, je ne vais pas leur jeter la pierre avant d'avoir écouté une note de leur musique.

L'album se compose de onze titres, sept instrumentaux et quatre avec chant. Je vais commencer par parler des instrumentaux :

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, comme d'habitude chez Apocalyptica, les instrumentaux sont les meilleurs titres... Le premier titre n'est autre que "Worlds Collide", morceau que les Finlandais ont joués à l'ouverture de la dernière édition de l'Eurovision. Très beau et mélancolique, il possède réellement une saveur particulière que je trouvais à l'époque sur l'album "Reflections".

Autre titre similaire, le meilleur de l'album certainement, "Burn" est à pleurer de beauté, les violoncelles se font lancinant, le tout joué dans les graves, ce qui sied le mieux au violoncelle, instrument qui retranscrit le mieux la tristesse et la mélancolie.

Les autres titres instrumentaux sont bien plus violents, plus heavy, à l'image d'un "Last Hope" complètement survolté ! A noter que le groupe a définitivement intégré un batteur dans leur line up, ce qui explique que la rythmique générale de l'album soit aussi bien plus metal qu'auparavant.

Excellente prestation du groupe sur ces sept titres, bravo !

En revanche, petit bémol concernant les titres chantés. Seule "Helden" (reprise de "Heroes" de David Bowie) chantée par Till Lindemann tire très bien son épingle du jeu et apporte un réel plus à l'album, Till chantant de façon différente que dans Rammstein.

Les trois autres titres sont sans saveur particulière, j'ai l'impression d'entendre du pseudo metal pour ado à l'écoute de "I'm Not Jesus" (le single de l'album...) et de "I don't Care", très pop. "SOS ( Anything but love)" avec Cristina Scabbia au micro s'en tire également avec les honneurs, les violoncelles n'étant pas trop en retrait par rapport à sa voix. Mais une version instrumentale de ce titre aurait pu figurer en bonus...

En conclusion, je reste sur ma position en pensant que Apocalyptica est avant tout un groupe instrumental. Ils arrivent à faire passer des émotions empreintes de mélancolie comme personne, tout en étant rageur quand il le faut. Alors pourquoi vouloir en faire trop avec ces invités ? Pour se faire un peu de pub et faire la couv' des magazines spécialisés peut être.

Dommage, le groupe perd un peu en efficacité et en intégrité. Quoi qu'il en soit ils ont accouchés d'un beau bébé (à la pochette sublime) et il n'y a pas de vrais mauvais titres, la qualité globalement est bien au rendez-vous et c'est le principal. Une qualité que je ne peux pas enlever au combo est d'avoir fait découvrir à pas mal de monde la musique classique par le biais de leur musique, et ça c'est déjà énorme dans une société où la Grande Musique est passée à la trappe...

C H R O N I Q U E (Souf)

Apocalyptica sonne plus heavy que jamais dans son nouvel opus "Worlds Collide". Des titres comme "Worlds Collide", "Ion" et "Last Hope" dégagent une réelle lourdeur, d'autant plus que, côté rythmique, ça y va au forceps, même au jeu en pizzicato. Apocalyptica décompléxé pour de bon de la facture classique de ses instruments revendique ses racines et son orientation métal, en intégrant par ailleurs un nouveau batteur permanent dans ses rangs. Les violoncelles se font plus grinçants et leurs sonorités davantage stridentes, à la limite de l'électro par moments.

La mélodie élégiaque incontournable refait surface dans "Grace", "I don't care" et "burn" mais, là encore, la batterie apporte une dynamique et une puissance qui rompent avec la solennité des archets. L'instrumentale de clôture "Peace" est emblématique de l'album puisqu'on y entend un contraste radical entre les aspects mélodieux/mélancolique d'usage et le côté plus bourrin caractéristique de l'album; sans conteste la composition la plus convaincante de l'album.

Des réussites telles que "Worlds Collide", "Peace", "Grace" et "I'm not Jesus" (affichant la voix claire et plutôt attachante du chanteur de Slipknot) se mêlent à des déceptions comme "Ion" ou encore "SOS (Anything but Love)". Des sentiments mitigés nous amènent à qualifier "Worlds Collide" d'album correct mais certainement pas indispensable (sauf aux mordus, bien entendu). La discographie du groupe recèle d'authentiques perles comme "Cult", "Reflections" ou "Apocalyptica" qui sauront bien mieux vous émouvoir.