Fireworks (1998), le troisième album d'Angra, a ses fans... je n'en fais pas partie. Après les deux bombes Angels Cry et Holy Land, j'avais été véritablement déçu. Oui, ça s'écoutait, ce n'était évidemment pas immonde... mais en voulant se diriger vers un heavy plus classique, moins riche et original, avec une production (que je juge) décevante et des morceaux moins marquants ou plus inégaux, cet opus m'avait fait l'effet d'une belle douche froide. Même le chant d'André Matos, qui m'avait fortement impressionné sur les deux premiers disques du groupe, m'avait moins plu (je ne le dis pas trop fort mais il m'avait même un peu agacé, chuuut...). Puis le groupe a splitté : chanteur, bassiste et batteur (rien que ça !) sont partis pour former Shaman. La paire de guitaristes hallucinants formée par Kiko Loureiro et Raphael Bittencourt s'est alors mise en tête de continuer à faire vivre Angra. C'est finalement en 2001 que le justement nommé Rebirth (le côté symbolique du nom "renaissance" n'aura échappé à personne) arriva sur nos platines avec trois nouveaux membres fraîchement recrutés : le chanteur Edu Falaschi, le bassiste Felipe Andreoli et le batteur Aquiles Priester. 

Réaction (personnelle) en deux temps :

D'abord : "Chouette ! Angra est de retour !"

En effet, on retrouve vraiment le style des débuts. Ce heavy speed mélodique aux influences classiques (ou symphoniques), aux touches progressives, et accompagné de quelques sonorités brésiliennes est de retour. L'ange de la pochette évoque celui d'Angels Cry. Rebirth semble bien porter son nom. L'intro suivie d'une Nova Era aussi épique qu'énergique propose un début d'album enthousiasmant. Même remarque pour, un peu plus tard, l'excellente Acid Rain avec ses beaux chœurs, sa rythmique solide et de très belles lignes de chant. Ces pistes me font retrouver avec plaisir le groupe que j'avais tant aimé quelques années plus tôt. Entre ces deux compos se trouve Millenium Sun qui propose un contraste (semblable à celui que l'on pouvait trouver sur Silence And Distance, album Holy Land) entre une belle intro posée avec piano et voix et une suite plus heavy et conquérante. Enfin, point non négligeable tant la tâche était ardue, Edu Falaschi, le nouveau vocaliste chargé de remplacer le charismatique André Matos, possède une bien belle voix et s'acquitte de son devoir à merveille, sans trop essayer de copier son prédécesseur.

Mais dans un second temps, une fois la surprise passée, je reviens sur terre et me rends compte qu'il manque quelque chose à cet album : ce soupçon d'audace et d'inventivité qui est la marque des grands. On sent bien que le groupe a voulu rassurer ses fans, on le sent même trop. Unholy Wars est calquée sur le même modèle que Carolina IV (Holy Land), Running Alone rappelle beaucoup Evil Warning (Angels Cry)... D'autres passages sonnent très familiers, on est sans cesse en terrain connu, balisé, et l'impression que le groupe n'a pas cherché à prendre de risque (mais a plutôt tenté de composer une sorte de "Angels Cry in Holy Land : le retour") se fait persistante. Après, cela n'enlève pas aux Brésiliens de véritables qualités de composition et d'interprétation. Les morceaux que je viens de citer sont, objectivement parlant, loin d'être mauvais. Le travail du nouveau batteur, le technique et véloce Aquiles Priester, est à souligner, la virtuosité de Loureiro et Bittencourt n'est pas à remettre en cause non plus... Falaschi livre une prestation vocale plutôt classe (je trouve que c'est même l'album d'Angra où il chante le mieux) et il y a de beaux moments, comme la chanson titre par exemple, introduite par une jolie mélodie à la guitare sèche, et qui évolue, passant de ballade acoustique à compo plus heavy et symphonique (avec un passage instrumental speed en milieu de parcours). Mais malgré des qualités irréfutables, ce Rebirth n'arrive pas à surprendre et émerveiller autant que les deux albums qui permirent au groupe de se faire une place de choix sur la scène metal quelques années plus tôt.

Ce n'est pas bien grave. Ce quatrième opus reste globalement assez réussi (agréable, bien fait, efficace), peut se voir comme à un pas dans la bonne direction... et le message est passé : Angra est bel et bien vivant ! C'est un bon début. Mais il faudra faire mieux afin de confirmer ce retour aux affaires. D'autant plus que l'année suivante, les ex-compères de Loureiro et Bittencourt proposeront un disque plus fort que celui-ci sous la forme de l'excellent Ritual. En 2004, Temple Of Shadows devra donc se charger de cette mission... et s'en sortira plutôt bien, je trouve (même si, là aussi, il y aura des choses à redire... mais dans une autre chronique, un jour peut-être).

Tracklist de Rebirth : 

01. In Excelsis
02. Nova Era
03. Millenium Sun
04. Acid Rain
05. Heroes Of Sand
06. Unholy Wars
07. Rebirth
08. Judgement Day
09. Running Alone
10. Visions Prelude