C H R O N I Q U E

Ancestors, c'est un petit groupe inconnu. Un groupe jeune, formé il y a tout juste six ans, un groupe auteur de bons albums, très légèrement au-dessus de la masse de groupes à guitare qui a faim, et pas si éloigné que ça des grands noms qui ont marqué le métal. Mais ça, c'était avant. Avant ce In Dreams And Time. Car dans l'histoire de la musique, il est certain que cet album laissera une trace. Alliant le génie pur et une qualité sonore de tout premier ordre (mondial), ce quintet américain est purement excellent. Rarement, un disque ne vous aura fait rire, pleurer, rêver, décoller. Et pourtant, en six titres pour plus d'une heure de musique, vous allez en avoir pour votre argent.

Des premières secondes du génial Whispers aux dernières lourdes notes de First Light, impossible de décrocher. La claque majeure infligée, la rencontre parfaite en psychedelic rock, progressif, stoner et doom, changera à tout jamais certaines convictions. Déjà, oui, finalement on peut faire plus irresistible que Krux et plus spatial que Yob. C'était dur d'y croire. Et pourtant l'exploit est réalisé, à coup de claviers 70's parfaitement bien placés, d'un chant purement monstrueux (pas dans le sens bête des bois en furie, dans le sens "le mec, il assure grave"), difficile de trouver de quoi à redire avec ce somptueux troisième album.

Opeth devient rapidement plat, Mastodon devient pop, Paradise Lost devient ennuyeux, et Ancestors ringardise en trente secondes de Whispers la crème du metal mondial. C'est simple, à part The Call Of The Wretched Sea d'Ahab et le Song Of Torment-Song Of Joy de Leif Edling, rarement un album ne m'aura autant habité (et voilà une règle de brisée, ne parler de soi quand on fait une review. Oui, mais là c'est une question de tripes, madame...). Noir quand il faut l'être, le groupe peut, dans la seconde d'après, vous emmener au fin fond de la galaxie, vous remplir la tête d'étoiles et évacuer tout cela dans un trou noir définitif l'instant suivant. Et tout ça passe comme une lettre à la poste.

On touche ici aux fondamentaux de la musique qu'on aime, de cet esprit pionner et visionnaire, qui ne craint rien ni personne, qui se fout pas mal du "qu'en dira-t-on ?" et qui envoie promener les certitudes si durement acquises après des décennies de musique saturée. Pour nous avoir redonné espoir en cette musique qui, en de si nombreuses occasions, arrive à tourner en rond sans se remettre en question : merci. Eteignez la lumière en sortant.

Tracklist d'In Dreams And Time :
1. Whispers
2. The Last Return
3. Corryverckan
4. On The Wind
5. Running In Circles
6. First Light

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