Dans la série projet qui m’a totalement hypé dès les premiers frémissements, Ahasver a eu une place de choix. En effet, ce « super groupe » à la française a été fondé par des membres d’Eryn Non Dae., Gorod, Psykup, Zubrowska, Dimitree, Drawers entre autres. Ces groupes déterminent en grande partie le metalhead que je suis. Et si en plus, les musiciens ne sont pas sur leurs instruments de prédilection, ça rend le projet encore plus intriguant. On retrouve ainsi, Nicolas Bastide au chant, Mickaël André et Julien Deyres aux guitares, Théophile Astorga derrière les fûts et Victor Minois à la basse.

Le quintet nous présente son premier effort Causa Sui (en latin : cause de soi-même), et comme son nom l’indique Ahasver nous raconte l’histoire, attends la suite, d’Ahasver. Selon un livre apocryphe, le personnage mythique d’Ahasver a refusé d’aider Jésus sur son chemin vers le Golgotha. Pour cette raison, il s’est vu refuser le droit de mourir et a été condamné à errer sur terre pour toujours. Ce mythe accompagne toute l’histoire imprimée de l’humanité. Pour Ahasver, les huit chansons qui composent Causa Sui, sont sa contribution à la poursuite de l’histoire. Ah, ça t’en bouche un coin Kévin autant de culture dans un même bonhomme, et bien rassures toi, tout ceci je le sais grâce à la bio du groupe, mais cchhuuuttt…

Côté bonnes nouvelles, Ahasver a de l’ambition. Il aura fallu pas loin de quatre années pour que le groupe soit satisfait de cette galette et ce n’est pas étonnant. Les titres sont fouillés, travaillés à la demi-mesure près. D’autant plus que le spectre proposé par Ahasver est large, on passe aussi bien du Doom / Sludge, à un joli panel plus extrême qui oscille entre Black voir Grind par moment. Les ambiances sont travaillées et on passe par différentes émotions tout au long du disque. Le chant colle bien à l’ensemble, il sait en imposer lorsque c’est nécessaire et sait se rendre plus envoûtant quand il s’agit de modifier le tableau initial.

Mais, car oui en éternel insatisfait que je suis j’ai encore un mais, il me manque un brin de cohérence dans les titres. Les plans sont globalement très bons, je sais que j’ai à faire à de la très haute qualité, mais je ne trouve pas forcément qu’ils s’enchaînent toujours très bien. Je pense qu’il manque des transitions entre différents plans, surtout lorsque l’on prend autant de soin à travailler ses ambiances. C’est le bémol qui m’empêche de cocher la case coup de cœur aujourd’hui…

J’attendais d’Ahasver certainement un cumul de décibels dingues, et j’ai certainement fantasmé un genre / un style que je n’attendais pas comme ce qui est proposé. Cet album est manifestement un album qui tutoie les sommets, avec des passages qui confèrent à la grâce divine, mais l’ensemble ne me parle pas toujours. Il faut du temps pour appréhender Causa Sui ; il est touffu et mérite le temps de l’appropriation. Mais même après une bonne dizaine d’écoutes je reste dans cette forme de paradoxe : un album de très haute volée qui me laisse par instant perplexe dans ces choix. Quelle étrange sensation…

Tracklist de Causa Sui :

01. Fierce
02. Peace
03. Dust
04. Tales
05. Wrath
06. Path
07. Sand
08. Kings