Artiste/Groupe:

AC/DC

CD:

Fly On The Wall

Date de sortie:

1985

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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Tout groupe peut avoir son moment de faiblesse, son album raté que le combo lui-même préfère oublier avec le temps. Et ça arrive même aux plus grands : Metallica a eu son St AngerAerosmith son Done With Mirrors, Judas Priest son Demolition (auquel on peut ajouter aussi Jugulator)Helloween son Chameleon, Scorpions son Eye II Eye, Accept son Eat The HeatMegadeth son Risk... et AC/DC, son Fly On The Wall.

Le dixième album des Australiens / Britanniques (oui, avec l’arrivée de Simon Wright à la place de Phil Rudd, ces derniers sont les plus nombreux au sein d’AC/DC) sort en 1985. Le groupe est alors déjà en perte de vitesse depuis la sortie de For Those About To Rock. Flick Of The Switch, l'album précédent (1983), montrait un certain manque d'inspiration. Fly On The Wall enfonce le clou dans les planches de bois de la pochette, qui n'incite pas non plus à s'intéresser à l'album... Et oui, rater son disque, c'est un concept complet, de la pochette au contenu (sans blague, reprenez la liste des albums cités plus haut et allez jeter un oeil sur leurs pochettes respectives...)

AC/DC tente avec cet album de prendre un train en marche, celui de la NWOBHM qui connaît un succès important, en essayant des morceaux plus heavy metal qu'à son habitude. Mais le Heavy Metal, ce n'est pas la nature du groupe et AC/DC glisse sur le marchepied et se plante, en perdant pas mal de ses fans, tout en n'en gagnant pas de nouveaux.
Seuls les deux singles Sink The Pink et Shake Your Foundations ont tiré leur épingle du jeu et encore, on ne peut pas dire qu’ils soient devenus des classiques du groupe (j’avoue personnellement que Shake Your Foundations, avec ses "a-i-a-i-o" ne m’a jamais emballé). Il faut dire qu’ils ont eu droit à une seconde chance en ressortant un an plus tard sur la compilation Who Made Who, on en reparle plus bas. Sink The Pink étant vraiment, de mon point de vue, le morceau à sauver de ce Fly On The Wall, le seul morceau où l’on retrouve cette patte caractéristique du groupe et le doigté d’Angus Young, bien peu inspiré sur le reste des morceaux. Le troisième single issu de l’album, Danger, a quant à lui fait un flop retentissant. Pas étonnant, c’est à mon avis l'un des titres les plus faibles de ce disque, qui ne comporte déjà pas que des chefs-d’oeuvre à la base. Stand Up aurait pu faire un bien meilleur single de mon point de vue, plus dans l’esprit AC/DC, malgré son refrain un peu trop répétitif.
Le reste, ce sont des titres pas foncièrement mauvais mais qui montrent un groupe à bout de souffle. L’inspiration n’est plus vraiment là. Back In Business, First Blood ou Send For The Man ne marqueront pas les esprits. Difficile d’ailleurs de retenir un morceau à la fin de cette écoute, si ce n’est le Sink The Pink et ce fameux "a-i-a-i-o" de Foundations (mais ce n’est pas parce que ça rentre dans la tête que c’est bien !).
Et non, malgré le titre prometteur Back In Business, ce n’est pas le retour au top d’AC/DC avec cet album…
Autre coup dur pour les fans, plus anecdotique me direz-vous : à cela s’ajoute l’absence de Phil Rudd, batteur d’AC/DC depuis le premier album, qui a laissé sa place à Simon Wright, dont c’est ici le premier enregistrement avec AC/DC. Le pauvre n'est pas à blâmer mais il arrive dans le groupe au pire moment (et le quittera avant le vrai retour du succès, pas de chance…)

Enfin, et ce n’est pas le moindre des défauts de ce disque, la production est assez médiocre. Pour la seconde fois, les frères Young ont préféré s'auto-produire, pour un résultat ma foi bien décevant. Les guitares sont certes bien servies mais la voix est en retrait, presque étouffée. Ca et le fait que Brian Johnson chante sans desserrer les dents et donc n’articule pas intelligiblement ont évidemment conduit certaines critiques de l’époque à se foutre de lui en disant qu’on ne comprenait pas un mot de ce qu’il racontait, excepté sur les refrains répétés jusqu’à plus soif. Et ce n’est pas tout à fait faux par moments…
Les frères Young auront cependant retenu la leçon puisque Fly On The Wall est le dernier album qu'ils produiront eux-mêmes.

Fly On The Wall est un échec commercial et artistique, le pire de la carrière du groupe. Mais AC/DC va être sauvé de la descente aux enfers dès l'année suivante par la proposition de l'écrivain Stephen King de faire la BO de son film, Maximum Overdrive. Le groupe enregistre pour l'occasion un nouveau titre, Who Made Who, et deux instrumentaux (D.T. et Chase The Ace) et sort le tout sur une compilation de titres où l'on retrouve entre autres Shake Your Foundations et Sink The Pink avec un meilleur mixage (le groupe a rappelé Vanda et Young, leurs producteurs historiques, pour mixer les nouveaux morceaux ainsi que ces deux-là qui en avaient besoin). Who Made Who va bien marcher et remettre le groupe sur les rails, qui va progressivement remonter la pente jusqu’à la sortie salvatrice de son Razor’s Edge en 1990.
Moralité : on n’enterre pas les légendes avec un ou deux albums passables.


Tracklist de Fly On The Wall :

01. Fly On The Wall
02. Shake Your Foundations
03. First Blood
04. Danger
05. Sink The Pink
06. Playing With Girls
07. Stabd Up
08. Hell Or High Water
09. Back In Business
10. Send For The Man