Histoire de vous donner le contexte de cette chronique, je tenais à préciser que 6:33 m’avait happé par répercussions. C’est grâce, ou à cause, de M. Arno Strobl (pour qui j’ai un profond respect) que j’avais été mettre une oreille l’EP Giggles, Garlands and Gallows en 2012. Grand bien m’en avait pris puisque cet Ep était de grande qualité. Avec l’arrivée de Rorschach (il n’y est pour rien !) au chant sur Deadly Scene, j’avais un peu lâché l’affaire, malgré un album avec des qualités évidentes. Mais je crois surtout que je saturais des masques et de l’esthétisme à tous crins développés par le groupe, et par d’autres... Je saturais un peu de toute cette mise en scène, j’avais besoin de choses plus directes, plus bas du front.
Sept années se sont écoulées et quatre années de travail pour 6 :33 qui nous proposent Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome. Et autant vous le dire tout de suite, cet album est d’une classe sans nom. Pourtant, dès les premières écoutes, je me suis dit que ça manquait de puissance, que certains titres traînaient un peu en longueur, que cet album n’était pas assez Metal pour moi. (Ben oui que voulez-vous, je suis un dévoreur de chauve-souris la nuit tombée). Et au final, je suis totalement happé par cette production qui mérite d’être écoutée avant d’aller faire la bise à Satan.
Histoire de me contredire d’entrée de jeu, le premier des arguments c’est l’esthétisme qu’a mis le groupe dans cette production qui déjà indique la direction artistique de cet album. Que ce soit le single Act Like An Animal qui me renvoie à mes jeunes années devant ma Megadrive, ou la pochette de l’album. C’est une déferlante de référence à la décennie des lumières néon rose/violette : les 80’s. Bas les masques, c’est le retour vers le futur qui est bel et bien annoncé.
Et en effet, dès Wacky Worms le décorum de l’album est posé. Un premier titre basé sur des sonorités à grand coup de synthétiseur des années 80’s, même si le riff principal est un riff assez tordu, c’est bien cet aspect là qui se dégage de ce titre.
Il y a aussi quelques titres très dansants, comme Party Inc. qui possède lui aussi un feeling si particulier, ou encore Release The He-Shes qui pourrait être intégré sans aucun souci la BO de Stranger Things. Il faut également noter le travail vocal remarquable sur Hot Damn Chicas qui possède ce groove R&B à souhait.
Pourtant tous ces arguments ne sont pas des arguments qui de prime abord me séduisent, mais là, que voulez-vous, c’est vachement bien foutu.
Par contre, il y a des titres qui m’ont de suite renvoyée à des références qui me parlent. L’excellentissime Hangover totalement dans la veine des riches productions de Mr Patton. L’aspect musique de film s’accentue sur Prime Focus qui renvoie aux B.O. d’un Burton ou d’un John Williams. J’ai adoré l’élégance jazzy d’un Holy Golden Boner, ou d’un Flesh Cemetery, qui me renvoie à une phrase de Gertrude Stein, une amie d’Hemingway, qui a dit sur le jazz : « Le jazz, c’est la tendresse jointe à une grande violence ». C’est exactement les sensations que je ressens avec cet album.
Pour conclure, si vous aimez quelqu’un, prouvez-le lui et offrez-lui cet album, même à votre chat faute de mieux, il vous en remerciera. L’univers que développe 6 :33 est tellement unique dans le paysage musical actuel, que ce serait une erreur d’acheter une Rolex à la place de cette galette car c’est un véritable bijoux ! Le groupe réussit le tour de force de donner une forme de classe universelle à tous les titres de ce Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome, le tout en y incluant des contrepieds musicaux permanents. C’est tout simplement l’art de rendre accessible une musique fouillée ! Chapeau bas !
Tracklist de Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome
01. Wacky Worms 02. Holy Golden Boner 03. Prime Focus 04. Party Inc. 05. Hot Damn Chicas 06. Rabbit In The Hat 07. Release The He-Shes 08. Downtown Flavour 09. Flesh Cemetery 10. Act Like An Animal 11. Hangover