L I V E R E P O R T

C'est en ce mois de novembre que Sonata Arctica vient nous présenter sur la scène du Bataclan leur nouvel album Stones Grow Her Name. Les Finlandais ont encore une fois ravi leurs fans français sur cette nouvelle date parisienne, Battle Beast ayant bien chauffé le public en première partie de concert.

Ce jeune groupe s'est fait connaître en remportant le Metal Battle organisé au Wacken Open Air 2011, lui assurant un contrat chez Nuclear Blast, puis en tant que première partie de Nightwish lors de sa tournée européenne 2012. Fort d'un premier album (Steel), Battle Beast connaît déjà le public français, lui ayant d'ailleurs offert le clip Iron Hand lors de son précédent passage à Bercy. 

Le groupe devait néanmoins faire face à une grosse difficulté sur cette nouvelle date. Suite au départ de leur ancienne chanteuse Nitte Valo, Battle Beast se devait de convaincre à nouveau et assurer au public que Noora Louhimo, la remplaçante, saurait s'intégrer rapidement. Chose faite vue la qualité du concert. 

Battle Beast monte sur scène vers 19 heures 30. Le groupe est en forme, nous offrant ses meilleurs morceaux avec une énergie sans limite. Conquise, une bonne partie de la salle reprend en coeur les chansons phares du répertoire. Le show était très bien interprété, avec un enchaînement Steel / Iron Hand exceptionnel. Le groupe se montrera soudé et complice avec le public tout au long du set. Peu de jeunes groupes peuvent se féliciter d'autant accrocher avec les fans français qui ne sont en général pas très coopératifs avec les premières parties. Une demi-heure de plaisir qui a su chauffer la salle. Voir de jeunes musiciens de mon âge aussi talentueux m'a rassurée quant à l'avenir du Metal. Un peu timide mais très énergique, la petite chanteuse blonde égalerait presque Nitte, si ce n'est au moins au niveau du charisme. Elle s'en sort avec les honneurs compte tenu de la difficulté que représente la partie vocale de Steel. L'album n'ayant pas été écrit pour elle, Noora joue le jeu et nous offre une belle prestation vocale et scénique. Je pense que Battle Beast reviendra prochainement en France, probablement en tête d'affiche cette fois-ci, et ce sera une date à ne pas louper ! J'ai été réellement conquise par ce groupe que je suivais déjà depuis le Wacken et j'ai vraiment hâte de le revoir.

Setlist de Battle Beast :

01. Justice and Metal
02. The Band of the Hawk
03. Armageddon Clan
04. Cyberspace
05. Steel
06. Iron Hand
07. Victory
08. Guitar Solo
09. Enter the Metal World

Le temps passe pendant que l'on change la scène pour laisser place à Sonata Arctica. Observant la salle, je vois beaucoup de personnes inexpressives, la plupart venues en touriste ou pour la première fois. C'est bien ça que je reproche au public français et surtout lors des concerts comme celui-ci. Une salle dans sa configuration minimale qui pourrait offrir bien plus, avec un cadre esthétique mais avec un public qui semblait comme à son habitude divisé en deux parties, les fans qui prennent du plaisir en concert d'un côté et les gens statiques de l'autre.

Ceci dit, la setlist de Sonata Arctica n'aide pas non plus. Inégale dans le rythme, surtout en début de show, certains morceaux pourtant plus pêchus manquent parfois leur cible et le public peine à réagir. 

Début du set de Sonata.

Le groupe est heureux de retrouver la "ville lumière" qu'il affectionne et le prouvera tout au long du concert.

Le concert débute de manière classique, avec l'instrumental de Wildfire part. III enchaîné directement sur Only the broken hearts. Sans réelle surprise, le groupe commence à jouer devant une salle mitigée. Contrairement à l'année dernière, pas de jeu de lumières, pas de réelle nouveauté sur cette intro qui semble peut-être un peu vide comparé aux autres années.

Vient alors Black sheep, morceau qui se trouvait généralement en fin de concert et clairement là pour chauffer le public. C'est finalement assez efficace, les fans réagissent et le concert prend doucement vie. Les variantes scéniques sont toujours là, et la fameuse phrase "We are not Iron Maiden and we're not from England, We are Sonata and we come from Finland" répétée sur presque tous les shows fait mouche une nouvelle fois. Je commence à bien connaître ces variantes, mais loin de me lasser, je prend au contraire le parti de suivre le groupe dans ses délires assumés.

Black sheep, une des chansons les plus fortes du groupe, est suivie de Alone in Heaven, une des ballades du dernier album. C'est un mauvais choix qui à mon avis casse complètement le rythme du concert, ce qui va d'ailleurs arriver assez souvent ce soir. Une belle ballade, bien interprétée et plus efficace que sa version studio, même si elle ne semble clairement pas taillée pour le live. 

Losing my insanity vient ensuite nous ranimer. Le morceau n'est pas aussi prenant que Flag in the ground ou Paid in full, mais plaît au public qui suit timidement le groupe dans son interprétation. Tony Kakko fait l'enchaînement oral avec Broken, le morceau suivant. Un choix peu judicieux à vrai dire. Ce morceau est l'un des plus lourds de la discographie de Sonata et est peu apprécié en général. Un pavé dans l'eau, le seul du concert heureusement. 

Reprenant de nouveau la parole après le "na-na-na- na- na" de Broken, Tony nous présente une petite nouveauté dans la setlist de la tournée. Ceux qui suivent Sonata depuis un moment savent qu'à chaque tournée le groupe apporte un morceau qu'il n'a jamais joué (ou presque). Lors de la tournée précédente, il s'agissait de Blank file, cette fois-ci ce sera The gun. Même si le morceau est excellent en live, l'ignorance du public refroidit un peu le concert. The gun est une chanson accrocheuse et énergique sur laquelle on peut facilement se donner à fond, l'une des rares qui nous rappelle qu'un jour Sonata Arctica a été un vrai groupe de Power Metal. Une nouvelle fois cassé dans sa lancée, le concert se poursuit avec The day et le single I have a right, tous deux extraits de Stones grow her name.

Ce dernier disque est très bien représenté, trop peut-être, car il ne laisse que peu de place aux anciens albums qui ne se contenteront que d'un ou deux morceaux chacun. Sonata Arctica a toujours eu ce défaut de composer des setlists bancales. On sent que le groupe veut faire plaisir à ses fans en leur offrant des nouveautés et des délires scéniques, mais a du mal placer les morceaux, le nombre croissant de ballades dans leurs albums ne faisant qu'envenimer les choses.

Vient alors l'heure du set acoustique, composé de Talullah, The dead skin et Wanted dead or alive, une reprise de Bon Jovi. Cette partie peu commune et assez intimiste du concert intrigue tout d'abord la salle, qui va finalement se réveiller petit à petit. Sous le charme, le public suit le groupe sur les chansons, avec cependant une certaine retenue sur The dead skin. Ce morceau peu connu de l'album The days of grays se voit donc réinterprété pour le plus grand plaisir des connaisseurs, au risque de dérouter de nombreux fans. La reprise de Bon Jovi passe elle aussi très bien en acoustique, même si beaucoup de monde se demandait d'où pouvait bien venir la chanson.

Pourtant le morceau n'est pas totalement étranger au groupe, et en particulier Tony Kakko, car Northern Kings en avait déjà fait une cover. Mais cette fois-ci, c'est une version plus proche de l'originale qui nous est offerte. C'est aussi une particularité du groupe de réinterpréter les morceaux acoustiques d'une manière souvent inatendue. Je ne suis pas spécialement fan de The dead skin en live, mais j'ai été ravie par la cover de Bon Jovi qui s'intègre parfaitement à l'univers particulier de Sonata Arctica.

Fin de ce set. Tony garde sa guitare acoustique pour nous annoncer le morceau suivant, Paid in full. C'est à partir de là que le concert a vraiment pris forme et comme d'habitude la chanson est reprise en coeur. S'en suit Shitload of money qui finit de réveiller les paresseux ; le groupe est en forme et le fait comprendre de nouveau. Pas le temps de respirer, Replica vient s'annoncer. Loin de casser le rythme, le morceau confirme la beauté du concert et laisse vite place à une nouvelle surprise. Le groupe se retire, laissant Henkka seul au synthétiseur. Il commence alors une mélodie, mélange d'intros de différents morceaux, coupant le souffle de tout le monde. Un aparté musical tout en douceur qui sert aussi d'introduction à FullMoon, histoire d'achever la salle. Je crois que c'est vraiment à ce moment que j'ai réalisé qu'il y avait bien plus de deux cents personnes autour de moi. Cependant, le concert est presque fini et le public enfin chaud en redemande. Il était temps ! Viennent alors Cinderblox et Don't say a word en guise de rappel. Le Bataclan m'est vraiment apparu comme une salle de concert à ce moment-là, trop tard malheureusement.

Je comprends certains vieux fans blasés par les concerts de Sonata Arctica. Le cadre était vraiment beau, le son correct (surtout pour Battle Beast, un peu moins pour Sonata) et la setlist désordonnée (mais néanmoins inventive) et cette nouvelle date parisienne aurait pu être un vrai bon souvenir pour le public et le groupe. Mais au lieu de ça, j'avais autour de moi des centaines de jeunes gens, filles ou garçons, accrochés à leurs pixels comme si leur vie en dépendait. Durant toute la soirée, je les ai ainsi vus filmer l'intégralité du concert ou prendre des photos avec leur téléphone portable tout en restant muets et immobiles, tels les piliers de feu l'Élysée Montmartre. J'en garde encore une vraie rancoeur envers eux. Ce ne sont pas les quelques minutes gravées sur votre disque dur qui vont vous donner de meilleurs souvenirs. Vivez plutôt le concert intensément et en entier, c'est ça qui vous fera vous sentir en vie. Pour le reste, vous pourrez toujours vous procurer les dvd.

Je reverrai Sonata Arctica, encore et encore. Non pas par fanatisme, mais parce que le groupe a pour lui qu'il veut avancer et que je veux avancer avec lui. Il a évolué, pas forcément de la manière la plus appréciée, mais de façon plus personnelle. Sonata Arctica se donne beaucoup pour faire plaisir aux fans, même si ces derniers ne le leur rendent pas toujours bien. Dommage, car ce concert aurait pu être une belle preuve de communion entre le groupe et son public. 

Setlist de Sonata Arctica :

01. Intro (Wildfire, Part. III - … more)
02. Only The Broken Hearts (Make You Beautiful)
03. Black Sheep
04. Alone In Heaven
05. Losing My Insanity
06. Broken
07. The Gun
08. The Day
09. I Have A Right

- Acoustic Set -
10. Tallulah
11. The Dead Skin
12. Wanted Dead Or Alive (Bon Jovi cover)

13. Paid in Full (Preceded by Tony's Solo on Acoustic Guitar)
14. Shitload Of Money
15. Replica
16. FullMoon
17. Cinderblox
18. Don't Say A Word

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