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Power Prog Metal Festival
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L I V E R E P O R T
Le Power Prog & Metal Festival a vu sa première édition se dérouler le samedi 10 avril à Mons, en Belgique. Comme son nom l'indique, cette manifestation fut l'occasion pour les férus de metal à tendance progressive (mais pas seulement, d'autres genres étant également représentés) de se régaler avec des groupes qui n'ont pas trop l'habitude de s'aventurer par chez nous, ou si près de nos frontières en tout cas. Je pense notamment à des formations comme DGM ou Pagan's Mind... Pour l'occasion, il fallait une belle tête d'affiche pour rameuter du chaland, et alors que, vu l'intitulé du festival, on aurait pu s'attendre à un groupe comme Dream Theater, on a eu le droit à... Scorpions (!) qui n'est pas vraiment power, ni prog... et pas franchement metal non plus. Pas grave, les fameux teutons viennent d'entamer leur tournée d'adieu et l'occasion est trop belle... d'autant plus que finir la journée sur du bon rock chaleureux et fédérateur est une perspective plutôt réjouissante. Je m'en vais donc vous conter le déroulement de cette journée sachant que, bien entendu, je n'ai pas assisté à tous les concerts (il y avait dix-sept groupes répartis sur deux scènes). Voici donc les artistes pour lesquels j'ai tenu à faire le déplacement: Virus IV, Astra, Adagio, DGM, Pagan's Mind et Scorpions.
L'après-midi démarra donc (pour moi) avec Virus IV, groupe belge emmené par la chanteuse Magali Luyten qui possède une voix bien puissante loin des minauderies dont certaines vocalistes nous abreuvent plus que de raison. Et ça fait un bien fou ! Oui, j'avoue être un peu lassé du Metal Sympho-Prog à chanteuse qui vocalise tout en ondulant plus ou moins lascivement sur scène... Virus IV s'est montré particulièrement convaincant, leur metal carré aux riffs incisifs servi par un gros son (enfin fort surtout) a fait mouche. Il m'a fallu quelques morceaux pour bien rentrer dedans (les premiers titres joués n'étant pas, à mon avis, les plus accrocheurs du groupe) mais au bout de la quatrième chanson, la reprise Such a Shame (de Talk Talk), l'ambiance a véritablement décollé et les efforts déployés par la frontwoman ont porté leurs fruits. A partir ce moment-là, l'intensité est allée crescendo. Le groupe nous a offert deux compositions extraites du nouvel album actuellement en cours d'enregistrement, et on n'a plus décroché jusqu'au final Frightening Lanes bien puissant. Verdict: le groupe est pro, bien en place, la chanteuse est très douée et ne manque pas de puissance... Bref, Virus IV a constitué une mise en bouche de choix pour une journée qui s'annonçait bien. Setlist Virus IV (40 min.): 1. New Karma
Un peu plus tard, je suis allé voir Astra, groupe italien de pur Prog Metal qui compte parmi ses influences les plus évidentes des groupes comme Dream Theater (Astra a d'ailleurs commencé sous la forme d'un cover band des fameux américains) ou Queen (pour certaines harmonies vocales et la présence assez importante de choeurs). Le dernier album From Within étant assez puissant et intéressant, en plus de s'offrir l'excellent Titta Tani (ex-DGM) au chant, j'étais curieux de voir ce que les italiens allaient donner sur scène. Et bien, ce fut une petite déception... mais pas forcément imputable au groupe. En effet, Astra fut, malgré d'évidentes compétences, desservi par un des plus mauvais sons de la journée. Dommage, car le groupe semble plutôt bon sur scène même si légèrement statique... bah oui, mais là aussi, ce n'est pas complètement de leur faute, Titta Tani ne fait plus partie du groupe depuis peu (deuxième déception en ce qui me concerne) et c'est le bassiste qui se retrouve promu au poste de frontman. Cela dit, le bougre s'en sort plus que bien, c'est un très bon chanteur et nos italiens n'ont pas besoin de chercher un nouveau vocaliste ! Bon choix de titres (variété des tempos et des ambiances, pas mal de morceaux heavy), technique indiscutable... mais un son qui a massacré la majeure partie du set. A revoir dans de meilleures conditions, si l'occasion se représente un jour. Souhaitons-le ! Setlist Astra (45 min.): 1. Me, Myself and I (ego)
Dix jours auparavant, j'avais été assez conquis par la prestation d'Adagio en première partie de Kamelot et j'étais ravi de les retrouver à l'affiche du PPM. D'autant plus que, cette fois-ci, les frenchies allaient voir leur temps sur scène rallongé: en effet 50 minutes en Belgique au lieu de 30 (avec Kamelot), yes ! Et bien, comme on le dit de l'autre côté de la Manche: they did it again! Bonne énergie, répertoire allègrement maitrisé (qui a dit transcendé?) par le tout nouveau (car fraichement démarché) chanteur sur cette tournée: le très en forme Mats Levén (ex-Malmsteen, ex-At Vance, ex-Therion)... Manquaient peut-être à l'appel un peu plus de chaleur et de communication de la part du groupe, et un son plus clair car on ne distinguait notamment pas les choeurs du claviériste Kevin Codfert, ni les vocalises Black Metal du guitariste Stephan Forté. A part ça, rien que du bon. Un set puissant et principalement axé sur les deux derniers albums du groupe (les excellents Dominate et Archangels in Black), seule Second Sight rescapée du premier album est venue rappeler à notre bon souvenir les débuts du groupe. Technique, puissance, atmosphère sombre à souhait, et chanteur ultra-performant furent les ingrédients d'un concert bien mené. Espérons que la collaboration entre les français et Mats Levén perdure au delà de cette tournée. Ce dernier est d'ailleurs responsable de l'un des rares traits d'humour de la journée: au bout de quelques titres, il a annoncé au public qu'ils allaient maintenant faire une reprise de Plastic Bertrand, bien que le reste du groupe ne soit pas au courant... il a ri de sa blague, et n'a pas donné suite à cette menace. Fun. Setlist Adagio (50 min.): 1. Vamphyri
Ce fut ensuite au tour de DGM de monter sur les planches. Et là, quel bonheur ! Je pense pouvoir affirmer, sans trop exagérer, qu'on tient là l'un des tous meilleurs groupes de la journée. Le dernier album Frame est une tuerie et cela pouvait sembler gagné d'avance, mais n'ayant jamais vu le groupe sur scène, je ressentais comme une petite appréhension... Et si DGM était un excellent groupe studio, mais un piètre défenseur de sa musique en live? Cela est déjà arrivé avant... On n'est pas à l'abri d'une déception. Cependant, les quelques doutes qui m'habitaient ont très vite volé en éclats. Présence scénique remarquable (le chanteur Mark Basile a arpenté avec une énergie incontestable chaque mètre carré de la grande scène qui constituait son terrain de jeu), groove indiscutable... les italiens ont reproduit sans mal leurs prouesses studios. L'énergie, le savoir-faire et le professionnalisme étaient bien de la partie, et on s'en est pris plein la tête ! Pour les fans désireux d'entendre un peu de toutes les différentes périodes du groupe, la frustration a pu se faire ressentir tant ces messieurs de DGM semblent avoir compris que Frame était leur meilleur album à ce jour: pas moins de huit chansons jouées ce soir-là venaient de leur dernière production, laissant tout juste trois places dans le setlist pour couvrir... les six albums précédents. Forcément, ça laisse peu de places aux vieilleries, mais on ne s'en plaindra pas trop tant le concert fut un enchainement de hits implacables. Espérons que cette prestation énergique devant un public bien fourni permettra au groupe d'avoir un peu plus de succès en Europe et de tourner davantage, il le mérite amplement. Setlist DGM (1h): 1. Heartache
Pagan's Mind fut le dernier groupe à jouer avant Scorpions. On aurait pu penser que cette place sur l'affiche était véritablement privilégiée, mais les norvégiens eurent tout le loisir de découvrir que ce n'était, en réalité, pas le cas. En effet, dans ce grand hall abritant le festival, les deux scènes sur lesquelles défilaient les différents groupes se faisaient face, chacune à une extrémité de la salle. Ainsi, l'heure du concert de Scorpions approchant, les fans voulant se trouver une bonne place ont commencé à se rapprocher de la scène où les allemands allaient jouer, s'éloignant ainsi de celle où Pagan's Mind donna son concert. Dur pour eux, ils eurent en effet moins de monde que certains des groupes précédents. Le chanteur Nils K. Rue apostropha même une partie du public lui demandant ce qu'il faisait et lui rappelant que le concert était ici, et non au fond de la salle. Entre deux titres, le guitariste Jorn Viggo Lofstad entama même le riff de Rock You Like A Hurricane, et le chanteur se pinça le nez tout en entonnant le refrain de la fameuse chanson. C'est pas beau de se moquer, c'est vrai que Klaus Meine a une voix nasillarde mais bon... c'est pas beau quand même ! Enfin, Pagan's Mind semble avoir pris la situation avec humour et ne s'économisa pas afin de convaincre les fans qui étaient restés pour assister à leur show. Les norvégiens, décidés à en découdre, balancèrent ce fameux metal progressif particulièrement heavy dont ils ont le secret, et privilégièrent leur dernière galette God's Equation en jouant cinq titres extraits de celle-ci. Le jeu de guitare de Jorn Viggo Lofstad (qui sert aussi le chanteur Jorn Lande à ses heures perdues) est tout bonnement exceptionnel, ses riffs et soli servis par un son énorme (surtout en studio) ont quelque chose de jouissif et contribuent largement à l'accentuation du côté metal de la musique proposée par ces messieurs. En concert, le son de la guitare fut un peu moins massif que sur les albums mais demeura tout de même très satisfaisant. Le chanteur fut extrêmement présent, et ne semble pas avoir de leçons à recevoir de quiconque sur la manière d'occuper une scène. Aisance et virtuosité furent donc les ingrédients de ce show qui, malgré tout, me laissa un peu froid. Je ne saurais bien dire pourquoi, mais j'ai éprouvé un peu plus de difficultés à rentrer dans ce concert... un petit moment de fatigue, peut-être. Très bon show tout de même avec une mention spéciale à la heavy Atomic Firelight, et à la surpuissante Alien Kamikaze (et son solo de folie) qui referma le set de bien belle (et énergique) façon ! Setlist Pagan's Mind (1h): 1. Intro (The Conception)
Après tous ces groupes intéressants et plutôt convaincants, il ne me restait plus qu'à rassembler mes forces et savourer la tête d'affiche de ce festival jusque-là très réussi. 22h30, c'est l'heure de la piqûre de rappel: les Scorpions sont de retour... mais pour leur dernière tournée. Du coup, on se dit forcément qu'on assiste à quelque chose de spécial ou, d'une certaine façon, historique. Alors, que donnent les papis du Hard Rock en 2010 ? 38 ans d'expérience font-ils toujours la différence ? Qu'ont-ils joué du tout nouveau Sting In The Tail ? Combien de briquets (ou de téléphones portables maintenant) se sont allumés pendant Still Loving You ? Toutes les réponses à ces questions se trouvent dans les lignes suivantes (euh, sauf pour le nombre de briquets/portables)... Let's go ! Le show des allemands commença avec la chanson titre du nouvel album, la sympathique (mais pas renversante non plus, si vous me demandez mon avis, vous ne le demandez pas ? ok...) Sting In The Tail qui a le mérite de lancer le set sur une touche bien rock et enlevée. Puis, bond de trente ans en arrière, c'est une Make it Real bien enjouée qui succède à la chanson d'ouverture. Premier constat, le son est clair et puissant, le light show est classe et bien fourni, et les musiciens ont la pêche. La plus grande surprise: la voix de Klaus Meine, qui m'avait semblé un brin fatiguée et limitée sur les derniers témoignages live du groupe (Amazonia - Live in The Jungle en tête), est ce soir impressionnante de justesse. Je ne veux pas être désobligeant, mais vu l'âge du monsieur (62 ans tout de même), je m'attendais à quelque chose de nettement plus fragile. Après ce sympathique début, le concert prend véritablement son envol avec Bad Boys Running Wild, suivi de près par Loving You Sunday Morning et The Zoo... Avec un tel enchainement, on ne peut pas se tromper et le public (votre serviteur compris) est ravi. Petite pause instrumentale avec l'habituel Coast To Coast qui voit le chanteur Klaus Meine agripper une guitare pour épauler ses compères, et c'est l'heure de la fausse note avec la péniblissime Animal Magnetism qui vient considérablement ralentir et alourdir un concert jusque-là plus que réjouissant. Tout le monde ne partagera pas mon avis, la chanson a de nombreux fans... mais en ce qui me concerne, c'est l'ennui total, il ne se passe rien, et en plus le son se révèle, sur ce morceau-là, particulièrement désagréable... très saturé, mal équilibré avec une basse trop en avant... bref, un mauvais moment à passer. Il faudra que la prochaine chanson soit d'une autre tenue pour faire oublier cette déconvenue. Ce sera heureusement le cas avec la très belle We'll Burn The Sky, seule rescapée de l'ère Uli Jon Roth. Et puis vient le moment où l'on se demande ce que serait un concert de Scorpions sans ses fameuses ballades. Si l'on est ravi d'entendre les premières notes de Always Somewhere (décidément, l'album Lovedrive est toujours autant à l'honneur, ce qui n'est pas fait pour me déplaire) résonner dans la salle, on se demande quand même un petit quart d'heure plus tard s'il était vraiment judicieux d'enchaîner avec Send Me An Angel et Holiday... Attention, j'aime toutes ces chansons, mais trois ballades à la suite quand même, ça fait beaucoup ! Pourquoi ne pas mieux les répartir sur l'ensemble du setlist ? Allez, ce n'est pas grave... Par contre, la fin du concert ne laissera rien au hasard avec un enchaînement de hits comme Blackout, Big City Nights ou encore Still Loving You, Wind of Change et le final Rock You Like a Hurricane. Que retenir de tout cela ? Et bien, que l'énergie déployée par nos chers rockeurs teutons force l'admiration. Le groupe est, bien entendu, super pro (pouvait-il en être autrement après tant de décennies passées sur la route ?) et le pire, c'est qu'ils ont encore l'air de s'éclater. Je ne suis pas fan fou furieux du groupe mais les apprécie et les respecte comme tout bon élève qui a potassé ses classiques du Hard Rock comme il se doit. J'ai été globalement impressionné par la qualité du spectacle proposé et surtout, je le répète, par la voix superbement bien conservée du chanteur. Bon, on peut toujours râler un peu: j'aurais bien aimé un petit Coming Home (ma chanson préférée), quelques titres supplémentaires de Blackout, ils ont uniquement joué la chanson titre, pour un album aussi légendaire et une tournée d'adieu, c'est un peu surprenant, non ? Mais tout cela n'arrivera pas à ternir ou effacer le souvenir d'un très bon concert de Hard Rock mené de mains de maîtres par des musiciens qui, après tant d'années passées à régaler une bonne partie de la planête rock, auront bien mérité leur retraite. Setlist Scorpions (1h45): 1. Sting in the Tail Et voilà, en ce qui me concerne, cette première édition du PPM Fest fut un véritable succès. Ce fut l'occasion de voir tout un tas de groupes aussi rares que compétents, et de se régaler avec une légende du Hard Rock. Mission accomplie pour les organisateurs, grâce à la présence des Scorpions, la grande salle où se sont déroulées les festivités était bien remplie. Si le festival propose des groupes aussi variés et intéressants l'année prochaine, il faudra y être... sans faute ! |
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