L I V E R E P O R T

Voici une tournée peu banale. Comme nous le rappellera Kobi, chanteur d'Orphaned Land, en fin de soirée, il s'agit de la première tournée de Metal Oriental jamais organisée, il ajoutera même "C'est historique, ce soir vous entrez dans l'Histoire". Alors oui, comme ça, évidemment, ça fait son effet, ça a l'air énorme... et du coup, si vous n'y étiez pas, vous vous demandez: "Ah, aurais-je dû y aller ?"... Bonne question, fallait-il y être ? Ne tournons pas autour du pot: oui, mille fois oui. Si vous avez préféré le confort de votre domicile à l'ambiance du Forum de Vauréal, si vous avez choisi, par flemme peut-être, de vous infliger un énième épisode de NCIS, vaguement vautré sur votre canapé, plutôt que d'assister aux prestations des quatre groupes présents sur cette affiche, vous vous êtes fourvoyés. Parfois, on commet de ces erreurs... Si en revanche, vous avez fait le choix judicieux de vous déplacer jusqu'à cette petite salle de banlieue pour assister à ce concert au tarif plus qu'avantageux (la place était aux alentours de treize euros, ça vaut le coup de faire quelques kilomètres, non ?), je n'ai probablement pas besoin de vous rappeler à quel point vous avez passé une excellente soirée. Mais je vais le faire quand même... pour les autres, et aussi parce que c'est mon boulot.

L'expression "ouvrir les hostilités" prend tout son sens quand on se trouve face à un groupe comme Artweg. En deux mots: ça tabasse ! Un peu trop à mon goût d'ailleurs, je ne suis pas friand de hardcore, mais alors pas du tout. Par conséquent, je n'ai pas exactement compris tout ce qui m'arrivait. Cependant, ça ne m'a pas empêché d'apprécier l'énergie déployée par les gars d'Artweg. La vache, ils ne font pas semblant !

Le duo de hurleurs a... bien hurlé, avec puissance et conviction. Les musiciens n'ont pas chômé non plus, l'ensemble fut compact, intense et rageur. Pas très mélodique pour mes oreilles non aguerries, outrageusement bourrin même, mais heureusement assez court (le set ne dura pas plus d'une vingtaine de minutes). Ouf. Bah oui, c'est sympa un moment mais quand on ne connait (ou n'adore) pas le style, on ne se voit pas tenir pendant une heure. En tout cas, les amateurs ont dû apprécier, ces cinq gars-là ont donné tout ce qu'ils avaient. Leur conviction est toute à leur honneur. Seul petit point noir: à 19h50, une heure pourtant assez tardive pour un début de première partie (mais bon, c'est la banlieue, ça a dû prendre plus de temps à certains de venir), la salle était très loin d'être comble.

A peine un petit quart d'heure après la fin du concert d'Artweg, les Tunisiens de Myrath investissent déjà la scène. C'est Sour Sigh, extraite de l'excellent Tales Of The Sands, qui ouvre le set. Sur les premières mesures, une jeune femme vient danser avant de laisser place aux riffs acérés de Malek et à la voix puissante de Zaher. J'attendais avec curiosité la prestation de Myrath comme beaucoup de monde ce soir, et je ne fus pas déçu.
Le groupe est en place, les chansons rendent super bien sur scène, les musiciens ont vraiment l'air de se faire plaisir, et leur joie est communicative. Ce qui marque, c'est que tout cela se fait dans une atmosphère particulièrement bienveillante, toute en sourires et décontraction. Le public ne s'y trompe pas et il tape des mains et chante à la demande. Au bout de quelques morceaux, il scande "MYRATH ! MYRATH ! MYRATH !" et le chanteur, visiblement ravi (on le comprend) lance alors à ses collègues: "On est chez nous, là !" 

Que dire d'autre ? Le groupe a changé de batteur et le nouveau venu s'appelle Morgan Berthet. Il n'a eu que quelques jours pour apprendre les morceaux, ce qui ne se sent pas du tout. Il assure comme s'il avait toujours fait partie de Myrath. Le son est impeccable (il le sera d'ailleurs pendant toute la soirée, nous y reviendrons) et tout le monde passe un très bon moment. Les musiciens privilégient leur dernier "bébé" avec pas moins de sept extraits de celui-ci pour huit titres joués en tout. La seule chanson à ne pas provenir de Tales Of The Sands est Madness et ses relents de Symphony X, extraite de leur deuxième album Desert Call.

On s'en doutait mais cette fois on en a vraiment la confirmation, Myrath est un groupe à suivre de très près. En 2012, ils assureront la première partie de Tarja et il n'est pas exclu qu'ils donnent quelques concerts vers le printemps. Vous seriez bien avisés d'aller les voir, vous ne serez pas déçus.

Setlist Myrath :

01. Sour Sigh
02. Braving The Seas
03. Merciless Times
04. Under Siege
05. Wide Shut
06. Tales Of The Sands
07. Madness
08. Beyond The Stars

Encore une fois, la pause est très courte et c'est maintenant au tour d'Arkan de venir nous présenter leur Metal oriental. Ce groupe commence vraiment à se faire une bonne place dans le paysage musical actuel et a décroché pas mal de premières parties intéressantes (Paradise Lost, Orphaned Land en mai 2010 et sur cette tournée européenne, Arch Enemy en décembre prochain...). Les musiciens d'Arkan commencent donc à avoir de l'expérience et cela se sent immédiatement lors de leur prestation. L'art de la scène ne semble en effet pas avoir de secrets pour eux. Leur musique se rapproche bien plus de celle d'Orphaned Land que des autres groupes, sans manquer de personnalité pour autant. Une différence notable réside également dans la présence de la charmante Sarah qui apporte, de par son chant et ses danses, féminité et grâce à l'ensemble, créant ainsi un contraste intéressant avec les riffs lourds ou agressifs du groupe et les growls de Florent.

Encore une fois, le show est puissant et se déroule dans une atmosphère particulièrement agréable, les musiciens ont le sourire aux lèvres et livrent une performance impeccable. L'attitude sur scène est en accord avec le message de paix (Salam, titre du deuxième album d'Arkan et de la dernière chanson jouée ce soir, veut d'ailleurs dire "paix") véhiculé par le groupe.
Petit plus, Kobi d'Orphaned Land est venu rejoindre ses camarades de tournée sur la chanson Deus Vult (titre auquel il avait déjà participé sur l'album). Le public ne se fait pas prier et acclame comme il se doit l'initiative. Une ambiance de fête règne sur la scène du Forum ce soir, et ce n'est pas fini. On aura même le droit à l'apparition éclair du (tout petit) fils de Foued (le batteur) entre deux chansons, son père lui passera même les baguettes lui laissant ainsi tater un peu de la caisse claire. Un joli moment. Quand le set se termine, on n'a pas vu le temps passer et, bien que la tête d'affiche ne soit pas encore montrée, on a déjà la certitude que nous ne sommes pas venus pour rien.

Setlist Arkan :

01. Origins
02. Tied Fates
03. Inner Slaves
04. Deus Vult
05. Groans Of The Abyss
06. Beyond Sacred Rules
07. Salam

Le clou de la soirée, c'est évidemment Orphaned Land. A ce stade de la fête, est-il encore possible d'être déçu ? Question idiote, c'est toujours possible... mais ce ne sera pas le cas. J'avais une crainte: vu le nombre de groupes présents sur l'affiche et l'heure tardive de démarrage (19h50), j'avais peur que le temps de jeu des groupes soit revu à la baisse, et qu'on ait le droit à un set minimaliste de la part de la tête d'affiche. Mais non, pas du tout. Nous ne sommes pas à Paris où couvre-feu sévit et force la plupart des concerts à se terminer aux alentours de 22h30, mais bien à Vauréal où la fête durera jusqu'à 23h50 ! Génial. Venons-en au show. Classe, jubilatoire et envoûtant. Voilà. C'est bien simple, je n'avais jamais vu Orphaned Land sur scène, et je sais maintenant que cette première fois ne sera certainement pas la dernière.

Le frontman, qui rappellera par deux fois avec humour qu'il ne s'appelle pas Jesus mais bien Kobi Farhi, fait preuve de charisme et se révèle éminemment sympathique. Le groupe a l'expérience de la scène (vingt ans de carrière quand même) et tout le monde est en place. Le batteur est impressionnant, le second guitariste et le bassiste sont énergiques. Quant à Yossi Sassi, que dire ?? Si le guitariste-fondateur du groupe n'aime pas ce qu'il fait, c'est un acteur hors-pair qui mérite qu'on lui décerne un Oscar. Quelle énergie, quelle présence... et quel sourire !! Il bouge sans cesse, chante toutes les paroles, arrangue la foule sans cesse... une telle joie de vivre et de communier avec les autres à travers la musique est rare, et il est difficile de le quitter des yeux tant l'énergie positive dégagée par cet homme est communicative. Il est à fond, tout simplement.

Le show des Israéliens s'articule principalement autour des deux derniers albums (les excellents Mabool et The Neverending Way of ORWarriOr). Mais quelques chansons un peu plus anciennes feront tout de même leur apparition, afin que les fans de la première heure ne se sentent pas totalement lésés.
Petite déception tout de même, l'absence de la chanteuse Shlomit Levi qui n'a pas pu participer à cette tournée. Ce petit point noir mis à part, il n'y a rien que l'on puisse reprocher au groupe et à sa prestation ce soir.
Un deuxième duo prit place sur la scène du Forum ce soir, Zaher de Myrath fut invité à chanter The Path (Part 1) avec Kobi. Les musiciens s'enlassent comme s'ils ne s'étaient pas vus de la journée. On pourrait trouver ça un peu surjoué et penser que pour bien souligner le message de paix inhérent à la tournée, les différents participants n'hésitent pas à en rajouter, mais tout cela a l'air sincère.

Lors du rappel, Kobi et Yossi reviendront seuls sur scène pour interpréter The Beloved's Cry et The Storm Still Rages Inside, un mini set acoustique forcément épuré et intime, avant de se faire rejoindre par le reste de la troupe sur l'imparable final Norra El Norra suivi des choeurs d'Ornaments Of Gold repris par une foule ravie, chantant les bras en l'air. Entre-temps, Kobi nous aura rappelé que la paix entre les peuples était possible puisque des Arabes, des Juifs et des Français partagaient tous le même tour bus, et que les politiciens feraient bien de s'inspirer des musiciens pour une fois. Un message évidemment positif qui s'impose comme une conclusion parfaite à cette soirée inoubliable. The Tour To OR Shalem, c'est quatre heures de bonheur musical portées par d'excellents groupes dont l'attitude sur scène et les innombrables sourires changent un peu de certains stéréotypes "metal".
Les différents groupes, une fois les concerts terminés, n'hésitèrent pas à venir rencontrer les fans dans la salle et discuter avec eux au bar, vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'ils furent très humbles et accessibles.
Un dernier mot sur le son de la soirée, j'avais dit que j'y reviendrais. Il vous est sans doute régulièrement arrivés d'assister à des concerts où les premières parties étaient pourvues d'un son médiocre. Pour cette tournée, c'est Mark, l'ingénieur du son d'Orphaned Land, qui se charge de la sono pour tous les groupes, et il ne tente pas d'avantager outrageusement la tête d'affiche aux dépends des autres. Je l'ai rencontré brièvement en fin de soirée et ses mots furent les suivants: "un bon groupe doit avoir un bon son, c'est tout". Oui, c'est vrai que dit comme ça, ça parait évident, non ? Si d'autres pouvaient en prendre de la graine...

Setlist Orphaned Land :

01. Halo Dies (The Wrath Of God)
02. Birth Of The Three (The Unification)
03. Olat Ha'tamid
04. The Kiss Of Babylon (The Sins)
05. Barakah
06. A Neverending Way
07. Sapari
08. From Broken Vessels
09. Ocean Land (The Revelation)
10. The Path (Part 1) - Treading Through Darkness
11. Vayehi Or
12. The Warrior
13. El Meod Na'Ala
14. In Thy Neverending Way (Epilogue)
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15. The Beloved's Cry
16. The Storm Still Rages Inside
17. Norra El Norra (Entering The Ark)
18. Ornaments Of Gold

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