Europe + StoneRider

Date

14 Novembre 2012

Lieu

Lyon

Chroniqueur

Didier et Philippec

L I V E R E P O R T

Pour certains, faire 500 kilomètres (aller !) pour voir un artiste en concert est absurde. Pour d’autres, la passion l’emporte, qu’importe le nombre d’heures, la fatigue et les coûts induits par l’opération. Certains groupes ont une généreuse réputation live et s’ils ne viennent pas à vous, tout le monde n’habitant pas Paris, et bien il faut aller à eux.

C’est exactement ce qui s’est passé pour le passage de Europe à Lyon, au Transbordeur. D’abord, Europe est un des groupes de ma tendre adolescence, et j’ai même bien peur d’avoir eu les cheveux à la Joey Tempest à une époque. C’est aussi un groupe que je n’ai jamais encore vu, et dont la réputation n’est plus à faire. Les vidéos incroyables de leur passage au Hellfest sont sur Youtube, et on peut y voir une ambiance de folie et même y apercevoir des chenilles de hardos devant la scène. Un truc de dingue ! L’autre point très important est qu’ils tournent pour promouvoir leur dernier album Bag of Bones qui, c’est déjà décidé, sera dans mon top 5 des albums 2012 tant il m’a séduit. La décision était donc entérinée quand pour couronner le tout, notre Dieu du metal, Roger Wessier, m’a annoncé qu’une interview de Joey Tempest était calé pour 18h30. De quoi vous faire oublier les 4h30 de route, et garder les yeux rivés sur le GPS pour trouver le bon compromis entre heure prévue d’arrivée et nombre de points sur mon permis. Mission accomplie puisque nous arrivons pile à l’heure pour cet entretien super sympa dans les loges du Transbordeur. Merci à Staffan, le tour manager, pour avoir parfaitement tout géré, et à Roger, bien sûr, qui veillait au grain, par téléphone interposé.

L’interview dans la boite, nous arrivons à récupérer nos accréditations et nous nous calons au premier rang, devant la scène de la salle complètement vide, puisque les portes ne sont pas encore ouvertes. Nous discutons avec un couple, dont la femme est en fauteuil roulant, ils sont fans absolus, nous leur racontons l’interview, ils nous envient. Philippe, sympa, lui donne un médiator que Staffan venait de nous donner. C’est vrai qu’on a du bol quand même ! Tout à coup nous voyons débarquer un flot de filles, qui courent pour se caler au premier rang à la barrière. Ça rigole pas, et je réalise tout à coup que Europe est un groupe qui plait bien à ces dames, le charme de Joey y étant pour quelque chose, mais pas uniquement. Une fille à ma droite était déjà la veille au concert de Paris, elle est du Doubs. Quand on aime on ne compte pas, c’est ce que je vous disais en introduction. Juste derrière nous, un groupe de filles discute des groupes qu’elles aiment, on leur file des flyers, et on leur parle de notre entretien avec Joey, là encore l’effet est instantané. Virginie, l'une d'entre elles voudrait les photos de l’interview. En attendant le début du concert, l’ambiance est très bonne, on discute avec nos voisins. Un gars nous explique qu’il collectionne les médiators de guitaristes prestigieux. Il était au Vox pour le Guitar Universe Tour, il est de Marseille. Je lui file mon médiator de John Norum, que venait de me filer Staffan, du coup il manque de s’étrangler. On a un nouveau lecteur du site, redevable à vie.

Le matos de StoneRider est en place sur le devant de la scène. Quand les lumières s’éteignent on découvre un trio au look très années 70, composé d’une guitare, d’une basse et d’une batterie. Le guitariste est aussi chanteur, alors que bassiste et batteur assurent des chœurs. Le son n’est pas terrible, le problème principal étant que l’ampli de scène du guitariste, très en avant, couvre un peu tout, notamment la voix, qu’on entendra très peu du premier rang. Je suppose que c’est meilleur en reculant mais je ne vais pas lâcher cette place. C’est clair ! Philippe bénéficie du pass photo, il enjambe donc la barrière pour aller shooter nos Américains d’Atlanta. Ils évoluent dans un style vintage, avec un excellent jeu de guitare qui rappelle pas mal Jimi Hendrix. Il joue sur une Telecaster dont il sort de sacrées bonnes choses.

StoneRider

Il est bien épaulé par son batteur et son bassiste qui assurent le boulot. La foule répond pas mal, et Matt le guitariste nous remercie plusieurs fois. Une affiche, qui lui souhaite un bon anniversaire, est brandie. A la fin, il ira discuter avec le groupe qui la porte et prendra une photo avec son téléphone. Les mecs ont l’air hyper cool, d’ailleurs en partant on les retrouvera pour discuter à la boutique, où ils aident le vendeur de merchandising Europe, submergé par les fans. A cette occasion, je leur achèterai leur CD, qu’ils me signent, et le batteur m’écrira la setlist sur un bout de papier.

StoneRider

StoneRider

 

Setlist de StoneRider :

Show Me The Light
Say I Won't
Trigger Happy
Undercover
Red Moon

When The Sun Goes Down


Le matos de StoneRider est évacué rapidement, et la scène de Europe est dévoilée. Basse à gauche, puis piano, puis batterie, guitare tout à droite ce qui ne va pas nous arranger pour bien voir John Norum, mais bon on est sous le pied de micro de Joey, avec les filles. L’estrade de la batterie est décorée d’un logo Bag Of Bones, et un joli backdrop de la pochette de l’album décore le fond de scène. De chaque côté de la batterie, on peut voir deux rampes de gros spots inclinés. Il n’y a plus qu’à espérer que le son sera bon, notamment pour la voix que j’espère mise en valeur. Petit soucis du côté de l’organisation, qui décide quelques minutes avant le début du concert de virer les photographes du pit. La raison invoquée est qu’ils sont trop nombreux. C’est franchement bidon, quel est l’intérêt de filer un pass photo à 19h et de ne pas autoriser les photographes dans le pit à 20h ? Quelle incohérence ! D’ailleurs, ni Roger, ni Staffan, joints par SMS, ne sont au courant. C’est pas trop grave pour nous qui avions squatté le premier rang, mais certains autres photographes font la gueule et doivent se frayer un chemin vers la scène en jouant de coudes, et ça râle un peu. La salle est bien pleine maintenant, fosse et tribune. Ça fait plaisir.

Quand la lumière s’éteint que le groupe attaque le début de Riches To Rags, l'incident est vite oublié et je suis aux anges. Le son est parfait ! Pas besoin de bouchon, et le mix est génial, la superbe voix de Joey est bien présente tout comme la guitare de John. Le top !

Europe - Lyon - 2012

Europe - Lyon - 2012

Nous voilà partis pour une superbe soirée. Il faut dire que Bag Of Bones en live est un pur délice. Pas moins de sept morceaux seront joués et j’en suis ravi. Ils enchaînent avec un monumental Not Supposed To Sing The Blues (ouch, la claque !) puis un Firebox, tout aussi puissant. Trois morceaux  du derniers albums, trois boulets de canon. L’ouverture parfaite. Joey joue les majorettes avec son gros pied de micro blanc. Il est tout sourire et je comprends mieux son succès auprès de ces dames, car il a un sourire de charmeur, à la Tom Cruise.

Europe - Lyon - 2012

Il est aussi partout, et ne semble jamais s’arrêter. Un vrai frontman dans le bon sens du terme. Il alterne guitare acoustique, guitare électrique, percussions et tambourin quand c’est nécessaire. Il assure un max.

Europe - Lyon - 2012

Sur un des morceaux où il joue de la guitare acoustique, il pète une corde, mais comme il chante, il continue tant bien que mal, c’est marrant car il y a un petit break dans justement cette corde jouait un grand rôle et du coup ça sonne dans le vide, et on voit que John Norum lève de suite la tête de sa guitare pour regarder ce qu’il se passe. Joey attrape la corde récalcitrante avec ses dents, les photographes sont aux anges.

John Norum lui, est plutôt en retrait, placé tout le concert devant ses trois amplis Marshall sur la droite de la scène, il ne bougera pas beaucoup. Il alterne entre des Gibson LesPaul et une Gibson FlyingV qu’il se coince sur la cuisse droite. Ses solos sont magiques. De l’autre côté de la scène on a le tout aussi flegmatique John Levén, qui assure son set avec précision mais reste assez impassible.

Europe - Lyon - 2012

Derrière lui, Mic Michaeli et son ensemble de claviers (beaucoup de la marque Nord) reste aussi assez concentré. Il lâchera les claviers pour une sorte de ukulélé lors du set acoustique. Enfin, Le batteur Ian HaugLand qui domine un peu tout le monde restera également de marbre avec son crâne dégarni et ses lunettes de soleil.

Europe - Lyon - 2012

La place est libre pour le show man qu’est Joey, sur lequel tous les yeux sont braqués. Un fan lance un drapeau fait maison sur la scène, qui les remercie, Joey finira par s’en saisir et l’étaler sur l’estrade de la batterie. Joey communique pas mal avec le public, et il a beaucoup d’humour. D’abord il nous place un « Saucisse de Lyon » un peu décalé (son menu de ce midi, j’imagine). Ensuite il nous explique qu’il savait juste dire en français: « bonjour, je suis le chanteur de Europe », j’imagine que pour brancher ça devait être pas mal, mais il enchaîne en précisant que maintenant il sait dire : « Ça va chier !», et il rigole, et nous aussi. Un peu plus tard il nous dira que nous sommes « fantastiques » et annonce un morceau plus « nostalgique » il interroge alors la foule : « nostalgique, c’est un mot français ? », il est content de lui, et plusieurs fois il répètera : « Fantastique, Nostalgique ». Visiblement il prend beaucoup de plaisir à être ici ce soir. Sur Rock The Night, des stroboscopes se déchaînent, la foule aussi, globalement les lumières sont excellentes, les musiciens sont bien éclairés, une aubaine pour les photographes. Je reste scotché par la voix de Joey, qui a vraiment pris de la bouteille, elle est puissante, un peu éraillée, juste ce qu’il faut. Les moments nostalgiques dont parlait Joey sont quelques jolis ballades intemporelles. Les filles adorent et poussent des cris de souris suraigus en se pâmant. A ma gauche, une fan semble en transe comme hypnotisée pas Joey, elle fait des mouvements avec ces bras, et ses mains miment les gestes du chanteur. Elle connaît les paroles par cœur, pourtant comme pas mal d’autres dans la salle, elle n’est pas si âgée, je ne pense pas qu’elle ait vécu la grande époque de Europe à l’âge ado, mais qui sait.

A la fin de Demon Head, Mic attaque un mini solo de piano, pendant ce temps, dans l’ombre une scène acoustique est installée : tabourets et guitares acoustiques sur leur stand pour tout le monde.

Europe - Lyon - 2012

Quand tout s’allume seul John est en scène et il attaque un blues acoustique super sympa (un morceau de Fleetwood Mac époque blues, avec Peter Green), démontrant, s’il en était encore besoin, qu’il a un feeling de dingue et une voix des plus agréables. Après ça tous les autres le rejoignent pour un grand moment. Ian joue sur un cajòn (caisse en bois qui sert de grosse caisse acoustique). Il commencent par le morceau génial et d’influence Led Zeppelin, A Drink And A Smile. Déjà sur l’album, ce morceau est craquant, là en live avec tous les instruments acoustiques c’est un pur bonheur. Comme avec Europe un bonheur ne vient jamais seul ils attaquent ensuite la célèbre Open Your Heart. Vraiment excellent ce passage. Ils repartent à donf avec encore un super morceau du dernier album, Bag Of Bones, ultra puissant sur scène. 

Europe - Lyon - 2012

Europe - Lyon - 2012

Joey profite d’un petit break pour se changer et revient avec une nouvelle chemise, il fait bien chaud ce soir sur scène, et le bougre ne ménage pas sa peine. Même si John Norum ne se déplace pas beaucoup, lui aussi est en nage. C’est qu’il abat du boulot lui aussi, sur son manche. Sur Rock The Night les musiciens n’hésitent pas à improviser un petit délire avec d’abord un extrait de Ca Plane Pour Moi en français, enchaîné avec Another One Bites The Dust, puis Hurricane, pour finir pas un Woman From Tokyo. Original et super sympa.

Ils quittent la scène pendant quelques minutes symboliques, après deux bonnes heures de concert, pour revenir pour un rappel avec Last Look At Eden de l'album du même nom et bien sûr l’inévitable Final Countdown. Bon tout à déjà été dit sur ce morceau mythique. Pour moi c’est juste le pied, quelle satisfaction de voir ce morceau en live, interprété par les musiciens d’origine ! Je ne suis visiblement pas le seul car la fosse entière est en train de sauter sur place. On s’éclate ! Je suis encore halluciné par le solo de guitare de John Norum, c’est un solo que tout le monde connaît (au moins autant que celui d'Eddie Van Halen dans Beat It), et John le soigne aux petit oignons. Il est énorme !

Comme nous le chanterait Jean-Louis Aubert, « Voilà c’est fini », le groupe vient au contact des fans pour saluer et distribuer des médiators. D’ailleurs un hystérique se jette sur la barrière et me file un coup de coude dans la lèvre, il hurle pour obtenir un souvenir du bassiste, c’en est carrément ridicule, et ma lèvre commence à enfler, heureusement que je suis encore dans l’euphorie du moment, et que j'ai pas envie de me prendre le choux avec ce débile. En partant, nous prenons en photo la setlist qu’un gars a récupéré de la table de mixage. Quand on lui file le flyer, il avoue nous lire tous les mardis. Ça fait plaisir quand même.

Il est 23h30, et pour nous c’est la dure réalité qui nous rattrape dans la fraicheur lyonnaise : il faut rentrer à la maison, qu’on atteindra vers les 4h du mat. Philippe a tellement aimé qu’on écoutera trois fois le dernier album d’Europe pendant le trajet. Lui qui ne m’accompagnait que pour me faire plaisir, il ne regrette rien, moi encore moins, puisque seul je n’aurais peut-être pas osé le déplacement.

 

Setlist de Europe :

Riches to Rags
Not Supposed to Sing the Blues
Firebox
Superstitious
Scream of Anger
No Stone Unturned
New Love in Town
Demon Head
Set Acoustique:
  - The World Keep on Turning (de Peter Green)
  - Drink and a Smile
  - Open Your Heart
Bag of Bones
Girl From Lebanon
Carrie
The Beast
Doghouse
Sign of the Times
Rock the Night
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Last Look at Eden
The Final Countdown

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