Au cœur de ce très bel automne 2024, l'association Noiser a proposé pas mal de dates hardcore. Après Guilt Trip quelques semaines plus tôt (malheureusement manqué par l'auteur de ces lignes), place à une affiche dantesque avec les expérimentés et réputés Get The Shot qui ne sont pas venus seuls mettre la Ville Rose à sac. Et comme l'organisateur a voulu mettre les petits plats dans les grands, une petite surprise fut jointe à l'affiche et c'est une immense date qui fut proposée aux toulousains. C'est parti pour une soirée castagne qui fera date.

Hardmind

Les messages de l'orga en amont avaient délivré une information importante et un bon conseil ce jour. Bonne nouvelle, la date est sold-out et cela fait très plaisir. Le hardcore conserve une dynamique underground n'en sortant qu'épisodiquement comme sur la War Zone mais ce soir, le Rex est full et dès que je rentre dans la salle, une immense effervescence y règne. Déjà la salle est copieusement remplie, le bar pris d'assaut. Et devant la scène, un cercle vide est déjà constitué, prélude "au chantier" qui s'annonce. Et c'est là que le bon conseil du jour prend tout son sens. L'appel à bien s'échauffer musculairement est mis en avant car ce soir, ça va remuer de la barbaque. Dans le pit, c'est déjà chaud avant de commencer, certains étant déjà dans les starting-blocks, prêts à en découdre.

20h, les lumières s'éteignent, les rennais de Hardmind investissent les lieux. Certes, un faux départ dû à un pépin technique ralentit un peu la mise en place et il m'a semblé qu'il avait fallu deux - trois titres au groupe pour bien se lancer. La suite ? Une démonstration de force impressionnante. Le mur de guitares est dantesque, le son surpuissant et c'est parti pour une grosse demi-heure particulièrement intense. Les organisateurs disaient vouloir faire venir Hardmind depuis un moment (depuis le concert remarqué au Hellfest 2023 pour être plus précis) et avoir été ravis d'apprendre que c'étaient eux qui assureraient la première partie de Get The Shot sur cette tournée. Grosse prise en effet tant Hardmind va confirmer les bons échos entendus les concernant. 

Circle-pit, wall of death (jusqu'à la table de mixage), tout y passe, la fosse est en feu, tout particulièrement le premier cercle évoqué plus haut particulièrement animé. Coups de poing dans le vide, saut de cabri, l'énergie qui y règne est épatante, le public à fond. Une fois n'est pas coutume, les messages sont politisés ce soir ce qui est relativement inhabituel pour du hardcore plutôt enclin à une forme de développement personnel "viriliste". Bon l'époque s'y prête au vu du contexte politique. Une fois son rythme trouvé, Hardmind écrase tout, les riffs brise-nuques font très mal, le chant très puissant appuyant la puissance du groupe. Enorme show des rennais qui ont tout emporté sur leur passage. La salle a déjà pris quelques degrés, c'est confirmé, la soirée va être physique. Et le verdict est sans appel : Hardmind très gros potentiel de la scène hardcore.

Alea Jacta Est

La voilà la belle surprise concoctée par Noiser. Les patrons du hardcore toulousain sont en effet ajoutés à une date déjà coriace, ils y sont allés forts. Le changement de plateau est vite expédié, la bière rechargée (excellente Grim Ambrée rousse en pression au passage) et les toulousains débarquent. Bien connu sur ses terres, le groupe est accueilli comme il se doit et le public est immédiatement à fond. Moins résolument moderne et plus classique hardcore, Alea Jacta Est, ce sont aussi de bons refrains fédérateurs et des gimmicks bien catchys. La base reste un hardcore hyper efficace, puissant et le groupe, hyper expérimenté, assure comme il faut. Le chant très aigu fonctionne bien et offre une variation par rapport à celui d'Hardmind plus rugueux.

Les quelques samplers assurant quelques transitions entre les titres passent très bien avec toujours ces références aux grands films d'action des 80's. C'est d'ailleurs la musique de Rocky que la sono enverra à la fin d'un show là encore hyper intense et fédérateur. Public à fond très présent (sur les refrains scandés notamment), ça retourne encore tout dans la fosse même si on ne verra pas ici de wall of death. Mais ça pogote à fond, il fait toujours plus chaud dans le Rex au point que prendre un peu d'air ne fera pas de mal à la fin de ces quarante-cinq minutes excellentes. Alea Jacta Est sait faire, bien porté par un frontman très présent, en a aussi profité pour jouer des titres plus récents. Encore un show génial. Décidément cette soirée tient toutes ses promesses.

Get The Shot 

Pour passer après deux telles déferlantes, il faut du métier et Get The Shot en a. Et c'est heureux car l'usure se fait sentir dans la salle mais les troupes sont encore sur le champ de bataille. En guise d'intro, For Whom The Bells Tolls est envoyé dans la sono et très vite, le musculeux Jean-Philippe Lagacé se rappelle à notre bon souvenir avec son accent québécois et sa voix éraillée plutôt aiguë. Au bout de deux titres, il remercie le public toulousain pour son indéfectible soutien. Il convient ici de rappeler que Get The Shot est signé sur le label Useless Pride Records (label toulousain), de même qu'Hardmind et Alea Jacta Est ce qui explique aussi cette belle affiche en local. Initiative géniale en tout cas.

Avec son hardcore mâtiné d'une réelle dimension thrash (où l'influence Slayer n'est jamais bien éloignée), les québécois régalent. Gros riffs qui marchent du tonnerre, refrains là encore hyper fédérateurs, Get The Shot emballe avec son excellent hardcore. Le frontman qui, comme d'habitude, n'a même pas attendu plus de trente secondes avant de monter sur les barrières (les barricades comme il les nomme) ne cessera d'invectiver le pit. Pour ce troisième show, j'ai pris un peu de recul mais devant ça semble toujours aussi animé. Ah il y en a qui ont dû finir sacrément rincés ce soir. Respect à eux car ça tapait très dur et ça bougeait fort devant. Gros show encore de Get The Shot toujours aussi efficace en live, son élément naturel.