L’hiver a fini par arriver et c’est par un froid glacial que je débarque à l’Usine à Musique, salle de concert de qualité située en pleine zone commerciale sur les extérieurs de la ville non loin du stade Ernest-Wallon, terre sacrée du Stade Toulousain. Le lieu de l’Usine à Musique dégage quelque chose d’un peu épique au vu des conditions. Sur ce pôle, on trouve une immense salle d’escalade avec un restaurant associé, une salle de sport avec nombre de sportifs du vendredi soir et en s'avançant une terrasse extérieure peuplée de metalleux en pleine conversation où les discussions vont bon train. Même dynamique à l’intérieur avec un coin bar et lors de mon arrivée tardive, la salle de concert proprement dite fermée afin que Cynocephal puissse préparer son set avec ses ingé-sons. L’énergie dégagée par tout ce petit monde compense bien ce sentiment de « nulle part » et l’Usine à Musique fait tout pour rendre l’endroit plaisant : bières de qualité, service nickel, moult endroits pour se poser. On a même un food-truck à disposition : rien à dire, l’accueil est impeccable, l’univers plaisant. On se dit qu’il conviendra d’y revenir. 

Cynocephal

Bon, je peste un peu sur le fait que la salle soit fermée le temps de la mise en place, même si j’en comprends la raison, mais c’est qu’on serait bien heureux de se mettre au chaud. Logistique personnelle oblige, j’ai manqué From Dawn To Dusk, groupe de metalcore local dont les quelques extraits trouvés sur Internet m’ont semblé intéressants. Je leur en « dois » une, je me le note. Second groupe à jouer, un autre groupe local qui ne cachera pas son plaisir d’être là ce soir : Cynocephal. Du Metalcore toulousain là encore avec une dimension hardcore très affirmée, jusqu’au look du chanteur avec son short Bring Me The Horizon. La musique du combo est plutôt efficace, quelques riffs brise-nuques font leur petit effet, on rentre aisément dans l’univers du groupe et la grosse demi-heure passe très bien. L’aspect communication est bien géré par le vocaliste le temps que ses compères réaccordent leurs instruments. Cynocephal s’offre même un mini rappel alors que le dernier morceau avait été annoncé et honnêtement, ça fait bien plaisir tant le show est bon et qu'on se disait qu'on en reprendrait bien une petite salve. Un groupe bien plaisant, bonne mise en route pour moi qui réchauffe bien, ce qui n'était pas gagné.

Ten56.

Les organisateurs sont sympas et ne ferment pas la salle ce coup-ci. Sincèrement, c’est très appréciable. Ten56. mérite quelques présentations, le groupe étant assez « neuf » même si les musiciens ne sont pas des petits nouveaux. Au chant Aaron Matts, l'ex-vocaliste de Betraying The Martyrs. Un très bon. Aux grattes, Quentin Godet (Kadinja) et Luka Garotin (Earth Trip). A la basse Nicolas Delestrade (Novelists FR, My Hidden Sin), mec occupé, on le voit, et Arnaud Verrier (Uneven Structure, Zuul Fx) cogneur en chef. Pas des bleus, le lecteur l’aura compris. Point d’inquiétude donc sur la tenue de scène, impériale ce soir. Musicalement, ils se définissent comme « le début du grand Slipknot, la créativité de Korn avec le souffle surpuissant d’un Gojira ». Là, si j’ai pas donné envie de s’y intéresser, c’est que je m’y prends mal. Le résultat est bluffant, ultra puissant (deux guitares, ça le fait quand même !), quelques éléments industriels, une ambiance apocalyptique qui vous happe : pour le dire simplement, on prend une baffe. Ça tape fort, c’est très immersif qui plus est. Aaron Matts, avec son accent sympathique, tient très bien son auditoire, il s’exprime bien en bon professionnel qu'il est. Mettant en avant des thématiques de plongée dans les tréfonds de la psychologie humaine, Ten56. joue la surenchère où on pense en effet à la démarche d’un Slipknot des débuts dans une démarche très urbaine, très moderne. Point positif supplémentaire, j'ai vu passer des références à la bande-son d'un Fight Club, haute référence s'il en est. On le voit, Ten56. se place sous de hautes références. Le résultat est percutant, le show franchement costaud. J'ai été sincèrement bluffé avec le sentiment que ce groupe offre quelque chose de très personnel, bien travaillé. Ten56. qui a déjà deux EP à son actif (Downer Part 1 & 2) plus quelques participations en festival courant 2022 est clairement un groupe à suivre tant on pressent qu’ils vont faire des ravages. Ne pas manquer s'ils passent par chez vous.