La (petite) salle de l'Usine PTR (pour Post Tenebras Rock) accueillait le 12 octobre un duo d'artistes du label Pelagic Records et ainsi qu'un groupe venu des USA, This Will Destroy You, pour agrémenter une soirée "Post" qui allait nous guider du post rock progressif de Lost In Kiev au post metal de The Ocean Collective. Une montée en puissance qui a permis de découvrir un putain de bon groupe, de renforcer certaines impressions et d'assoir définitivement mes convictions musicales.

Lost In Kiev

Venu sans trop savoir à quoi je devais m'attendre, le concert des quatre parisiens de Lost In Kiev leur a permis de me faire adhérer à leur groupe de suiveurs (et d'acquérir sur le champs leur dernier album en date, Rupture). Bien dans leurs chaussettes et donc facile sur scène, le quatuor a livré une copie sans défauts. Puissant quand il le faut, précis comme l'Helvétie (excellente batterie de Jérémie), ils ont su communiquer avec le public, et pas que celui déjà acquis à leur cause. Je n'ai pas réussi à choper la setlist (déso Dimitri, c'est moi qui te l'ai demandé), et comme je ne suis pas connaisseur du groupe, je ne vais pas m'aventurer à la détailler.

Ce dont je suis certain c'est que sur la fin du concert, le groupe est rejoint sur scène par Loïc Rossetti, co-locataire chez Pelagic Records et accessoirement chanteur de The Ocean, pour l'excellent Prison of Mind. Le concert se termine, sur un dernier titre plus planant où Maxime et Jean-Christophe se rejoignent aux synthés. Un bon concert, assez pêchu, oscillant entre titre instrumental et morceaux chantés. Une belle découverte.

This Will Destroy You

Inconnu à ce jour sur le site des Portes Du Metal, le quatuor texan This Will Destroy You a suivi les parisiens de Lost In Kiev sur sur la petite scène de l'Usine PTR. Basé sur une musique uniquement instrumentale, TWDY va donner un concert souvent puissant, parfois dissonant et passablement déjanté. Les titres sont longs, oscillant entre parties atmosphériques, éthérées et un post-metal volumineux aux relents de shoegaze, de doom ou encore de rock plus classique. Les musiciens, absents depuis assez longtemps des scènes européennes, semblent chacun dans leur bulle. A l'exemple de Jeremy Galindo, assis sur sa chaise et caché derrière ses cheveux, de Chris King littéralement en transe guitare en main, ou encore de Jesse Kees bonnet de marin vissé sur la tête et veste militaire, focalisé sur sa basse et son petit synthé que sur ce qui se passe autour de lui.

S'ils communiquent peu entre eux, ils échangent également peu avec le public. Ce qui est dommage car lors de la seule intervention avec le public, Jeremy Galindo est chaleureusement récompensé par celui-ci. Le concert se prolonge avec un dernier titre toujours construit à l'identique (le calme suivi par une montée en puissance et en volume). Ce petit manque d'originalité ne semble pas décevoir les spectateurs dont certains n'hésitent pas à venir remercier les musiciens et leur dire de revenir au plus vite sur cette même scène. Un bon set, peut-être un peu brouillon et moins structuré que les autres groupes de la soirée, mais qui a su toucher son public par l'énergie déployée.

Setlist This Will Destroy You

The Ocean Collective

La pièce maitresse de la soirée, The Ocean Collective, monte sur scène peu après 21h. Le combo allemand, qui se présente à cinq car le clavier Peter Voigtmann semble absent, prend toute la place. La scène du coup semble ridiculement petite. Mais qu'importe, pour nous public, l'effet est encore plus imposant. Après la vue, le deuxième sens qui est impacté c'est l'ouïe; car si les deux groupes précédents ont montré leurs qualités respectives, les musiciens de The Ocean imposent le respect. Leurs qualités individuelles se combinent pour permettre au groupe de jouer à un niveau supérieur. C'est précis, musicalement parfait, et même si la balance a dû être légèrement adaptée durant Preboreal (probablement pour s'adapter à la petite taille de la salle), les musiciens arrivent à magnifier la qualité des compositions.

Et dans ce micro environnement, celles-ci prennent vraiment toute leur valeur. C'est chirurgical, taillé au scalpel. Et malgré la puissance du son, la partie rythmique de Paul Seidel (batterie) et Mattias Hagerstrand (basse) reste imperturbable et précise. Et s'il s'est tenu "sage" durant l'entrée en matière principalement centrée sur le récent Holocene, Loïc Rossetti se lâche dès l'arrivée des titres Phanerozoics. Dès lors il va marcher sur son public, au propre comme au figuré. Porté, hurlant, ce type est une bombe charismatique; le point d'ancrage essentiel qui permet aussi aux deux guitaristes, la montagne Robin Staps et l'énergique David Ramis Åhfeldt, de lâcher les chevaux sans crainte.

Si l'on excepte une petite plongée dans l'album Pelagial avec Abyssopelagic I: Boundless Vasts, le concert est resté centré sur la quadrilogie des périodes géologiques. L'auditeur aura toujours quelques remarques de l'absence d'un titre ou d'un autre (pour moi ce sera Parabiosis) mais force m'est de constater que la set liste proposée aura fait le job, ne laissant aucun regret au public présent, si ce n'est le sentiment que le concert aurait dû/pu durer plus longtemps. Mais bon, on reste chaud et on rêve, suite à la petite remarque de Robin Staps concernant leur plaisir lors de la visite du CERN (Centre Européen pour la Recherche Nucléaire), que leur(s) prochain(s) album(s) contiendra(ont) un peu de leur passage à Genève en 2023.