Groupe:

Frank Carter & The Rattlesnakes

Date:

01 Décembre 2022

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

Compliquée à maints égards à l’instar des années précédentes, l’année 2022 s’est montrée contrastée. Pour l’industrie musicale, cette année synonyme de délicat retour à la normale s’est globalement bien passée. Tous les nuages noirs ne se sont pas dissipés, loin de là, mais les tournées ont repris en dépit d’innombrables difficultés techniques, logistiques et administratives. La saison des festivals, grande réussite 2022, a marqué les esprits et surtout probablement permis d’assurer la survie à court terme de ces événements XXL. Probablement au prix (c’est le cas de le dire) de plus petits shows désormais mis sous pression avec, et c’est un des problèmes à appréhender, pas mal d’annulations sur des concerts en salle souffrant de fait d’arbitrages financiers chez un public forcément obligé de « faire des choix » vu l’offre pléthorique proposée. La forte tendance des jeunes générations à appréhender au dernier moment ses sorties / activités et donc à acheter à la dernière minute n’aide pas les organisateurs à se projeter dans cette période où leurs coûts, comme pour tout un chacun, explosent. Au passage, je me demande s’il n’y a tout simplement pas trop de concerts proposés et que le public ne peut tout simplement pas « être partout » sans que ce soit nécessairement par contraintes financières. Reste qu’au final et alors qu’on les pensait les plus fragiles avec la crise sanitaire de par leur gigantisme, les festivals semblent sortir renforcés de cette étrange période. Encore un bien beau paradoxe de notre si belle époque (ce n’est de fait pas si surprenant car même en économie plus générale, on constate le même phénomène entre grandes entreprises et plus petites structures). 

Frank Carter & The Rattlesnakes

Personnage particulièrement mis en valeur par le format festival, Frank Carter (et ses Rattlesnakes) a clairement fait sa réputation dans ses grands raouts de par son immense charisme et ses shows tant fédérateurs que visuels. De ce fait, l’affluence est vraiment bonne ce soir au Bikini même si le balcon est fermé. A mon grand regret d’ailleurs, car vu l’ambiance dans la fosse, j’aurais bien pris de la hauteur pour profiter d’un concert clairement pensé pour le public. Le succès de ce groupe me semble principalement basé sur les shows du phénomène anglais car le punk-rock proposé, plutôt classique, ne présente en soi rien de révolutionnaire. Point d’ambiguïté, le résultat passe bien avec souvent des couplets portés par une basse très présente et groovy avant que la guitare (et même souvent « les » par la grâce d’un musicien additionnel alternant claviers et guitare rythmique) ne prenne le relais et envoie la sauce punk dans un déferlement typique du genre pour un rendu souvent jouissif pour qui aime le style. Mais qui ne l’aime pas ? Bon ok ça reste assez simple, basique même et avec une sensation de déjà entendu. Adolescent dans les 90’s, c’est avec The Offspring et Green Day que je suis tombé dans la marmite, alors je valide. Oui, Frank Carter & The Rattlesnakes rappellent souvent les Sex Pistols et le charismatique chanteur à la dégaine typiquement anglaise a un côté Sid Vicious assumé. La voix aussi a quelque chose de très anglais. 

Avant d’aborder plus en détails le cas de ce frontman d’exception, un petit détour rapide sur les musiciens impliqués avec au premier rang le bassiste Tom « Tank » Barclay très présent, mais aussi le très visuel guitariste Dean Richardson au jeu bien punk et au style scénique pouvant faire penser aux membres des Hives, autre référence live s’il en est (bien que surcoté à mon sens). A la batterie, Gareth Grover assure le tempo avec fougue. J’ai fait l’effort de présenter les musiciens qui le méritent mais la star, très clairement, c’est ce Frank Carter. Celles et ceux ayant vu le sieur en festival s’en souviennent forcément. Quel abattage ! Le boss, c’est lui. Le nom de la formation est assez explicite sur ce point et en concert, c’est lui qui maîtrise le tempo de la bête, n’hésitant pas d’ailleurs à arrêter par deux fois les morceaux en plein milieu afin de vérifier que tout se passe bien dans le public. La première fois lors du désormais fameux pogo réservé à la gent féminine (et aux non-binaires aussi même si l’auteur de ces lignes doit bien confesser n’avoir pas encore trop compris ce que cela signifiait concrètement) dans lequel un mec s’était semble-t-il incrusté. Le chanteur s’est donc permis de rappeler (sévèrement) les règles du pogo en question. Rebelote lorsqu’il a semblé au chanteur qu’un fan se comportait mal dans le pit, problème réglé de manière autoritaire par un Frank Carter soucieux du respect de bonnes attitudes dans un pit où certes, on s’amuse, on se défoule mais où la bienveillance et le respect doivent rester présents (ce qui est le cas l’immense majorité du temps, l’ordre normal des choses). Arborant un t-shirt d’une grande finesse (I Love Cum), et bien que plutôt en retenue sur les deux premiers titres, Frank Carter a ensuite démarré son festival : descente dans le public, debout porté par le public surplombant une foule admirative se finissant par son fameux poirier sur un public ravi (belle performance athlétique, au passage). S’en sont suivis deux titres chantés depuis la fosse avec un circle-pit l’entourant joyeusement et animé par ses soins. Je n’avais jamais vu l’animal tatoué sur scène et il faut admettre que c’est un spectacle à lui tout seul. L’ami Jean-Mich’Hell m’avait briefé que je n‘étais « pas prêt » et c’est vrai que ça fait son effet. On arrive tout de même selon moi au bout du concept « concert où la prestation scénique prend un peu le pas sur la musique ». Cela justifie naturellement le déplacement mais les purs fans de musique y trouveront peut-être à redire. Loin de moi l'idée de diminuer la valeur des compos mais il n’y a rien là de fulgurant même si cela reste bigrement efficace et catchy. Les refrains sont repris en chœur par un public emballé, la salle est en feu, ça s’amuse bien et honnêtement on passe un super moment, beaucoup se posant à raison moins de questions que l’auteur de ces lignes.

Sincèrement curieux du phénomène, je n’ai pas été déçu, bien au contraire. Anglais jusqu’au bout des tatouages, Frank Carter assure un super spectacle, fédérateur et enthousiasmant. Reste une musique assez « légère » (pour nous autres metalleux, j’entends) en dépit d’un titre bien musclé bien vendu par le chanteur (« this one is hard. You gonna die ») mais une bonne cohérence d’ensemble, un groupe solide très en place et faisant parfaitement le job derrière. Au final, un très bon show très énergique. Très bonne façon de finir l’année 2022 en concert, place désormais à la trêve des confiseurs après une année metallique 2022 de très haut vol. 

Setlist de Frank Carter & The Rattlesnakes :

My Town
Rat Race
Tyrant Lizard King
Spray Paint Love
Cobra Queen
Go Get A Tattoo
Wild Flowers
Kitty Sucker
Why A Butterfly Can't Love A Spider
Original Sin
Devil Inside Me
Sticky
Lullaby
Neon Rust
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The Drugs
Parasite
I Hate You
Crowbar

 

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