Après avoir bouclé la
chronique de leur deuxième album et réalisé une interview
de leur leader, j’avais surveillé comment voir Lag I
Run sur scène et découvert, quelle chance, que le groupe se produisait
à La School à Antibes. La School est une école de musique, studio de
répète, bref un haut lieu des musiques actuelles dans la région, installé
dans une ancienne école d’Antibes, le premier centre d’Art Urbain et Musical du
territoire azuréen. Les deux organisateurs Sébastien Hamard et Julien Verger sont aussi les organisateurs des Nuits
Carrées (Sébastien / association Label Note) et du Festival
l’Antre du Lion (Julien de l’association Yuna Crew) dont je vous ai
régulièrement parlé. Ils avaient organisé l’après-midi, une
master class basse/batterie avec Fred Schneider et Volodia Brice, la
charnière centrale de Lag I
Run. La journée se terminait par un concert de Lag I
Run. Je n’étais encore jamais allé à La School, pourtant
ils se décarcassent pour proposer des concerts toutes les semaines car depuis septembre 2019
c’est aussi une salle de concert. Je salue Sébastien qui est à
l’entrée et prend mon adhésion annuelle à l’association pour cinq
Euros, plus cinq autres pour l’entrée de ce soir. Dedans ça n’est pas bien
grand, la scène prend un peu toute la place. Une trentaine de personnes ont fait le
déplacement. La salle propose de la petite restauration et des bonnes bières
artisanales. Par contre, si la scène est large et belle, elle est très peu
éclairée. Ca va encore être un cauchemar pour faire des photos, même les
musiciens m’ont avoué avoir du mal à y voir clair. Par contre, la salle
possède un projecteur fixé au plafond qui permet d’afficher des lumineux backdrops
associés au groupe sur scène.
Blackjacks
A 21h, les Blackjacks rentrent en scène. Le style est heavy rock, avec un
petit côté progressif qui me plait bien. Le groupe de Nice existe depuis 2011, je
n’avais pas encore eu le plaisir de le croiser. Au chant, Nico Ciompi assure
d’une voix assez classique. Il est plutôt statique, parle un peu entre les morceaux,
annonce les titres, présente ses collègues. Derrière lui à la batterie,
Nicoricow est plus agité, son jeu est précis, il assure aussi beaucoup
de chœurs. Sur le côté droit de la scène, le guitariste c’est
James, par ailleurs frère de Nicoricow, avec une chouette
Washburn N2 (signature de Nuno Bettencourt), il assure autant en riffs
qu’en solos bien travaillés. Sur la gauche de la scène c’est
Vich, le bassiste.
Lui est équipé d’une superbe Musicman qu’il doit dompter en manipulant les
potentiomètres en fonction de la présence voulue. Son jeu et sa présence dans le
son du groupe est énorme, le son de sa basse atomique. Le groupe joue dix de leurs
compositions, c’est bien écrit, chanté dans un très bon anglais. Dans la
salle c’est très familial, le frère de Nico est son premier fan,
devant lui, il filme tout le set. Il y a des enfants, tous bien protégés par des casques
de protection (bravo !). Comme je le disais en intro, il y a systématiquement un break bien
trouvé dans chacun des morceaux, d’où un effet assez progressif, ou du moins assez
changeant. J’aime bien ce côté-là qui fait qu’ils terminent leur set
de quasiment une heure alors qu’on n'a pas l’impression d’avoir vu le temps
passer.
Setlist de Blackjacks :
01. Make Some Noise 02. Black Jack 03. The People 04. Walk
Them Shoes 05. I’ll Never Stop 06. Save This Planet 07. Same Shit 08.
Spaceboy 09. Have It Your Way 10. Right Time
Lag I Run
J’avais donné un coup de cœur à Vagrant Sleepers, le deuxième album de Lag I
Run sorti fin 2019, dans la foulée Yann alias
Nay s’était pas mal mis à nu dans une
interview qu’il nous avait accordé. Le personnage est singulier et très
attachant, j’avais hâte de le voir sur scène. Je me demandais aussi et je lui avais
d’ailleurs posé la question, comment rendre une telle débauche de musique en live
sur une scène. J’ai aussi hâte de découvrir ça. Sur scène,
Nay s’est installé sur le côté droit, il a un
pédalboard assez impressionnant muni notamment de trois pédales de contrôle de
volumes des différents sons (saturé, clair, effet). Il jongle avec ses grosses
“pédales d’accélérateur”, n’hésitant pas, parfois,
à en manipuler deux à la fois de son pied. Lui et Krys Joé,
choriste et claviériste, installée à l’opposé de la scène
utilisent des micros type “Elvis”.
A gauche de Nay se trouve Fred Schneider et deux magnifiques basses
Fibenare (dont il possède une signature - la Bass Erotic 5 Cordes Fretless), derrière
lui, aux fûts portant une casquette kangol, c’est Volodia Brice.
Krys (par ailleurs épouse de Fred) est installée
derrière ses deux claviers, elle possède aussi un attirail d’instruments de
percussion. La pauvre est coincée entre ses claviers et l’ampli basse de
Fred et un de ceux de Nay. Elle se plaint de ne pas
s’entendre, pas facile pour elle d’assurer tous les chœurs qu’elle assure
pourtant très bien.
L’élément énervé de la formation c’est clairement
Nay, il bouge, il saute, prend des pauses, il est extrêmement expressif. Son
chant est bluffant, il est vraiment très bon. Son jeu de guitare est aussi très
impressionnant. Fred est statique mais il faut regarder ses doigts pour comprendre
que lui aussi assure, son jeu est tout en finesse. Il passera en fretless pour un morceau, mais semble
très gêné par le manque de lumière pour prendre ses repères. Il
jouera en slap, en taping, bref un bassiste complet. Je me suis assis par terre (avantage des petites
salles) entre les deux et je ne sais plus où donner de la tête (et du viseur).
Volo est un superbe batteur, c’est aussi lui qui envoie les samples. Il
n’y en a pas tant que ça, souvent quelques intros. Entre deux combats de
Nay avec ses pédales, ses cordes et son chant de dingue, il rigole, nous
demande si ça va, on a tous un peu la bouche grande ouverte, il constate que ça fait
souvent ça quand les gens viennent les voir. Volo lui demande s'il est
prêt mais tantôt il boit un coup, tantôt il raccorde, il est toujours à
l’arrache. Il se goure sur une note d’un solo, fait une belle grimace et enchaine.
Sacré guitariste le Nay, sa Washburn a l’air toute
défoncée mais il assure grave. Kris fait tous les chœurs aigus,
comme sur l’album, ce qui rend cet effet Queen que j’avais adoré
sur album.
Le petit morceau atmosphérique To The Moon est aussi joué, c’est
une petite prouesse magnifiquement bien chantée. Méfiez-vous quand Yann
vous dit qu’il va jouer une ballade, c’est souvent trompeur, il nous fait le coup deux
fois, notamment pour le rappel, qui n’en est pas vraiment un puisqu’ils ne peuvent pas
quitter par l’arrière, ça le fait marrer. Avant ça il nous avait fait le
coup du “plus que deux morceaux”, sauf que les deux morceaux en question font
respectivement huit et quinze minutes. Ca le fait encore marrer. Dans The Isle,
j’attendais le petit break de folie à la fin, visiblement eux aussi l’attendaient
et se régalent. Le pseudo rappel, que Yann annonce donc comme une
dernière petite ballade, c’est Muscles Muscles, une véritable tuerie
(à la Devin Townsend) dans
laquelle il fait une une grande partie en tapping sur plusieurs cordes tout en chantant.
Ils terminent et viennent discuter avec la petite foule épatée. Au
final, Lag I
Run aura joué tout le deuxième album à l’exception de
Prowling. J’apprends que si Yann et Volo sont de
Toulon, Kris et Fred eux viennent du Luberon, certains de leurs amis
sont venus et doivent tracer la route. Yann tente de discuter, tout en buvant un coup
et en essayant de sortir son carton de merchandising rempli d’albums et de t-shirts. Il est
débordé. J’avais remarqué un gars qui avait installé quatre ou cinq
caméras style GoPro sur scène et en fond de salle, le show a donc été
capté, pour en faire “quelque chose” me confie Kris. Elle
m’explique qu’ils désespèrent un peu car ils ne trouvent pas de date pour se
produire. Ca me semble à peine croyable, vu le niveau de ces artistes et la richesse musicale
de leur univers. En attendant ça n’est pas avec cette mini date qu’ils vont mettre
du beurre dans leurs épinards, je leur souhaite que quelque chose de plus conséquent
leur tombe dessus. A suivre…
Setlist de Lag I Run
:
01. Thirteen 02. Nurble Mäs 03.
Dirty Napkins 04. We're Coming Outside 05. Caught in the
Rainbow 06. Jardin Français 07. To the Moon 08.
Someone 09. The Isle 10. Muscles Muscles
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