Groupe:

Pain Of Salvation + Bottle Next

Date:

20 Juin 2017

Lieu:

Puget Sur Argens

Chroniqueur:

Didier

Les hasards du calendrier ne sont pas toujours heureux. Fin du Hellfest dimanche 18 juin, une journée de bagnole le 19 juin pour rentrer et… Pain of Salvation qui passe à moins de 50 km de chez moi le mardi 20. En plus c’est dans la célèbre salle du Rat’s et pour couronner le tout, j’obtiens en fin d’après-midi l’accord pour une interview de Daniel Gildenlöw sur place (à paraître dans notre spéciale Hellfest fin juillet). L’enchainement est rude, mais comment faire ? Cas de force majeure, on dit.

Me voilà donc à 18 h devant la salle et c’est Daniel, pieds et torse nus, qui m’accueille, tout simplement. Il fait un grosse chaleur ce soir dans le Var. Il m’explique que la veille, à Toulouse, il faisait tellement chaud qu’il a été pris de crampes et que des instruments sont tombés en panne : deux basses, deux guitares et des équipements wireless. Quand le guitar-tech à retiré le jack de sa guitare pour l’échanger, la sueur coulait par la prise jack ! Du jamais vu ! Le guitar-tech a passé l’après-midi à ressouder des fils et remettre tout en place. Nous réalisons l’interview dans un petit jardin qui donne sur les loges. Il y fait un chaleur accablante mais Daniel préfère rester au soleil (moi pas !). Pour mieux comprendre, il vient de publier ça sur sa page FB le lendemain de son retour à la maison : « From a sunny 37 in the shade to a rainy 14 in the shade... There is a reason why I never ever complain about sun and heat. It's called Sweden ». Humour Scandinave ! Quand je termine l’interview, je retrouve tous les autres membres du groupe, nous échangeons quelques mots, ils sont très souriants, semblent ravis d’être là, ils se reposent mais me signe mon CD sans hésitation. Quand nous retournons dans la salle, le groupe de première partie Bottle Next est aux balances. Daniel s’assoie devant eux et écoute un bon moment, il semble apprécier, il tape du pied.

Je reconnais que ce que j’entends me plait bien aussi. Je ne connais pas du tout ce groupe mais je crois que ça va être de la bonne came. Eric, le responsable de la salle, a distribué des tickets aux musiciens pour le food truck et ils vont donc manger tranquillement alors que déjà quelques fans sont arrivés. Par exemple, il y a une famille avec deux fillettes qui demande au groupe de signer leur CD. Le groupe s’exécute et les fillettes obtiennent aussi une jolie photo avec le groupe. Vraiment sympa, ces gars-là ! Petit à petit, le public commence à arriver et le groupe s’éclipse dans les loges. Il fait une douce chaleur dans la salle, mais on est loin des 37 degrés de Toulouse la veille. La bière est bien fraiche : tout va bien.

La salle s’éteint pour accueillir Bottle Next, un groupe de Lyon. Malgré la chaleur, le chanteur guitariste se présente en veste, le pauvre. Il utilise une guitare électro acoustique Crafter avec un micro caisse et un autre micro ajouté dans la rosace type Seymour. Le son de sa guitare est assez surprenant et au final très pêchu, on comprend mieux l’appellation de duo hard-folk du groupe. Le duo est composé de Pierre Rettien (Guitare,  Saxophone et chant) et de Martin Ecuer (batterie, samples et chœurs). Minimaliste comme line-up vous dites ? Heu, ben je vous conseille d’aller écouter le duo s’il passe près de chez vous car je suis prêt à parier que vous allez être, comme moi et une bonne partie de la salle, surpris par la musique et l’énergie du groupe sur scène.


Pas de temps mort, pas de coup de mou, le duo a réussi à tenir en haleine toute sa salle, qui pourtant ne connaissait pas du tout le groupe. Très bonne énergie, mais pas que... Bon chant, très bonne guitare, utilisation d’un looper, de quelques effets et superbe jeu de Martin à la batterie. Le tout servant des compositions groovy et accrocheuses et parfois très progressives (Break Down The Door) sur lesquelles le duo est parfaitement synchro. La voix de Pierre est assez grave et il me fait penser à David Byrne (de Talking Heads bande de jeunes ignares :-)). Pierre utilise un bottleneck (peut-être une explication de l’origine du nom du groupe ?) pour des morceaux de slide assez roots. Il enclenche son looper pour poser sa guitare, attraper un saxo baryton et entamer un solo du meilleur effet (Choices). Martin envoie de temps en temps des samples, avec des parties de synthé. Sur leur ultime morceau, Pierre déclenche un dernier loop, et vient faire des percussions sur des sortes de cowbells placées sur un pied devant lui. Très bien fait, encore. Ils jouent des morceaux extraits d’un premier album, Bad Horses, tout juste sorti et vendu à leur stand merchandising en version CD et double vinyle blindé de bonus.

 

 

Et vu le nombre de personnes qui ont fait la queue pour acheter un CD et discuter avec les deux musiciens, je ne crois pas me tromper en disant qu’ils ont impressionné toute la salle. C’est pas souvent qu’on se fait baffer par un groupe de première partie. J’ai pu discuter avec eux aussi, et leur demander comment il se faisait qu’ils se retrouvent à assurer deux dates de Pain Of Salvation en France. Très simple : ils se sont croisés chez Daniel Bergstrand en Suède, lors du mixage de leurs albums respectifs. Daniel a aimé leur travail, et voilà. Aussi simple que cela. En tous cas bravo à tous les deux !

Setlist de Bottle Next :

01. Revolution
02. The Running Herd
03. Freedom In The Water
04. Choices
05. More Humane
06. Bottlenecks
07. Break Down The Door

Le matos de Bottle Next est évacué assez rapidement, mais les lumières ne s’éteignent à nouveau que vers 22h10. La salle s’est bien remplie en attendant. Environ 160 personnes selon les organisateurs. Le public est très varié. Je reconnais des habitués du Rat’s, des potes à moi que mes messages ont finalement convaincu, des musiciens de la région (Kerion, Spheric Universe Experience) et des personnes plus improbables (un couple quinqua dont madame est fan et monsieur l’accompagne sans enthousiasme aucun). Daniel est pieds nus mais porte un débardeur qui met en valeur sa carrure, Johan, pieds et torse nu. Tous les deux exhibent leur plastique avantageuse savamment éclairée par des spots positionnés au sol devant eux. J’avais déjà pu voir ça lors du concert de Lyon et du Hellfest, c’est un régal pour nos amis photographes. Depuis Lyon, Gustaf, lui, a dû décider qu’il préférait l’ombre car son éclairage personnel a disparu.

Ils attaquent par le trio gagnant des trois bombes du dernier album In The Passing Light Of Day. La foule est dans le trip immédiatement. Entre ceux qui restent hypnotisés, ceux qui minent ce qu’ils ressentent, ceux qui dansent, ceux qui chantent, tout le monde est connecté au groupe sur scène. Pain Of Salvation ne laisse pas indifférent. La maitrise des contrastes sonores est totale. Les lumières sur scène accentuent encore l’effet. Le groupe semble totalement soudé derrière son leader charismatique et sensuel. Pourtant, je rappelle pour ce qui ont raté un épisode que Johan, le guitariste, vient de revenir, remplaçant Ragnar au pied levé, et que ce concert n’est que le troisième avec ce line-up après le Hellfest et Toulouse hier soir. Certes Johan est le guitariste historique de Pain Of Salvation, mais il avait raccroché il y a cinq ans. Il n’a participé à aucun de ces trois premiers morceaux, pourtant il est là, bien présent, et assure d’excellent chœurs comme il l’a toujours fait. Il est super synchro avec Daniel notamment sur les parties riffés où il bouge avec lui, marquant le rythme de tout son corps. Ouah !! Quelle claque encore.

J’en vois autour de moi qui restent bouche bée. Il faut dire que là, au Rat’s, dans une salle où on peut être au pied de la scène ou au pire à cinq mètres, il y a de quoi être bluffé. Le son est excellent, les bouchons inutiles (pas toujours le cas au Rat’s donc je le précise). Une fois de plus aucun ampli n’est sur scène, laissant beaucoup plus de place aux musiciens. Tout est récupéré direct et renvoyé en façade. Pas de retour non plus, tout est en retours personnels dans les oreilles. Il fait très chaud dans la salle, mais c’est supportable. C’est plus difficile pour les musiciens qui dégoulinent de sueur et on comprend mieux les problèmes que ça peut générer dans les contacts électriques des guitares. Daniel et Gustaf sont particulièrement impactés, alors que Johan doit être un animal à sang froid, car son torse reste impeccable. Le show est impeccablement rodé. Avant Linoleum, Daniel fait monter la pression et nous demande de gueuler. Léo fait la traduction et nous nous exécutons du mieux que nous pouvons. C’est pas mal du tout vu les sourires sur scène. Comme à Lyon aussi, Gustaf fait le décompte de Reasons en français, mais cette fois Daniel y est habitué donc il ne rigole pas au milieu de son chant.

Contrairement à Lyon, c’est donc Johan qui est revenu et qui remplace Ragnar. Sans vouloir lancer de polémique, je vous invite à relire le report de Lyon car à l’époque, j’avais trouvé Ragnar très différent des autres musiciens, plus sombre, il ne souriait jamais, bref pas l’air trop connecté avec le reste des musiciens. Avec le recul, on comprend peut-être mieux. J’aime beaucoup ce qu’il a apporté sur le dernier album, mais sur scène je suis bien content de retrouver Johan, qui fait partie de l’ADN du groupe. On remarque pendant le set que lui a l’air ravi d’être de retour. Pour ce qui est des chœurs assez aigus que Ragnar assurait, ils se sont répartis les tâches entre Daniel, Johan et Léo, qui arrive aussi à chanter très haut, donc là encore, pas de problème. Dommage pour Ragnar et son talent indéniable, mais le groupe semble à nouveau en totale osmose.

Après Linoleum, Daniel annonce qu’ils remontent dans le temps et s’arrête sur 2002 et l’album Remedy Lane. Frissons ! La foule, petite mais comme souvent au Rat’s, très bruyante, est aux anges. Enorme moment de nostalgie et de bonheur d’entendre ces joyaux de metal prog, là en live, dans ta face. Ashes reste et restera un moment unique dans un concert de PoS.

 

Pour finir dans le présent ils attaquent Silent Gold et sa fausse zénitude et terminent par On a Tuesday qui ouvre le dernier album, et qui est toujours très efficace. Ils filent en loge, laissant la foule les acclamer et demander du rab. Par rapport à Lyon et aux autres dates de cette tournée, le morceau The Physics Of Gridlock a sauté. Dommage, surtout que la fin est chantée en français... Mais c'est certainement pas sans rapport avec la canicule. En attendant le Rat’s s’égosille et Daniel revient tout seul pour ce très émouvant moment que j’avais déjà vécu à Lyon, The Passing Light of Day. Le morceau est très beau, très intimiste, il s’adresse à la femme de sa vie. Il le commence seul en s’accompagnant à la guitare, les autres le rejoignent petit à petit quand le morceau démarre, Daniel D et ses claviers en premier. Les éclairages croisés sur le claviériste sont du plus bel effet.

Voilà c’est fini ! Quel concert encore ! Le Rat’s et Mr Eric ont assuré grave. Mon avis de fan inconditionnel est certainement biaisé, mais pour moi, c’est le plus beau concert entendu au Rat’s. Certains ne connaissaient pas, comme Gina, derrière le bar du Rat’s que je salue, et elle a trouvé ça très bien, prenant pas mal de photos et vidéos depuis derrière son poste de travail. D'autres sont tombés sous le charme de Daniel, comme la cousine de mon pote qui assistait là à son premier concert metal. Son commentaire est éloquent : "le chanteur est vraiment beau" :-)

Les gens se pressent sur le stand merchandising qui ne prend pas la carte bleue (dommage) et espèrent que les membres du groupe ressortiront signer. Pour ma part, j’ai eu ma dose, et je suis rentré. Après le Hellfest et le Rat’s, je joue pour la fête de la musique demain, il me faut garder quelques neurones intacts. L’ami Phil est resté et il m’a dit qu’il avait pu faire signer ses photos faites au Hellfest, une heure après le concert ! J’imagine que tout le monde n’a pas eu sa patience.

Setlist de Pain Of Salvation :

01. Full Throttle Tribe
02. Reasons
03. Meaningless
04. Linoleum
05. A Trace of Blood
06. Rope Ends
07. Beyond the Pale
08. Ashes
09. Silent Gold
10. On a Tuesday
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11. The Passing Light of Day