Groupe:

Myrath + Qantice

Date:

23 Juin 2016

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Cela fait un moment que les Portes du Metal aiment Myrath. Cette histoire a commencé en 2010 quand notre Didier national a eu l'opportunité de chroniquer Desert Call, deuxième album des Tunisiens. Je me souviens très bien qu'il avait flashé sur le groupe et m'avait fortement conseillé de m'y intéresser. Il n'a pas eu besoin de beaucoup insister pour me convaincre... et voilà que je suis, moi aussi, rapidement devenu fan du combo. Depuis, on a eu l'occasion de voir le groupe évoluer avec d'excellents albums, Tales Of The Sands d'abord puis, plus récemment, Legacy. Il y a eu des interviews et beaucoup de concerts donnés chez nous (principalement en première partie de formations comme Orphaned Land, Tarja, Dream Theater ou Symphony X)... Mais ce soir, les fans sont particulièrement ravis dans la mesure où Myrath donne enfin dans notre capitale, pour la première fois depuis ses débuts il me semble, un concert en tête d'affiche.

Mais avant de savourer le power prog mélodique et exotique de nos amis tunisiens, cocorico ! c'est un groupe français qui ouvre la soirée : Qantice. Je ne connais pas la musique du quintet mais j'ai déjà entendu ce nom... Fifi, l'un de nos prestigieux chroniqueurs, a déjà dit (à deux reprises) tout le bien qu'il pensait de ce groupe... et puis, Qantice compte quand même dans ses rangs une bassiste qui s'appelle Christine Lanusse... alors, rien que pour ça... Ok, je sors. 

Quand je rentre dans la salle, le groupe a déjà commencé à jouer et on constate qu'il fait dans le power sympho très mélodique. Le chanteur possède une voix claire et monte bien dans les aigus. Assez rapidement, la musique me fait penser à quelque chose qui se rapprocherait de celle pratiquée par des groupes comme Luca Turilli's Rhapsody ou Stratovarius. Premières réflexions en vrac : le guitariste, Tony Beaufils, me fait l'effet d'une espèce d'anti-Blackmore... car tout de blanc vêtu. Vous savez certainement que Ritchie Blackmore a été surnommé "the man in black", mais je le précise quand même pour ceux qui ne comprendraient pas le sens de ma remarque. Les musiciens jouent bien, il y a du niveau, ça saute rapidement aux oreilles. Il y a deux femmes dans le groupe, j'ai déjà évoqué la fameuse Christine au nom de famille qu'il m'est maintenant interdit de répéter, mais il y a également une violoniste nommée Yosh Otias


La musique de Qantice est très accessible et enjouée. Un peu trop à mon goût, je l'admets sans mal. Ce power symphonique a quelque chose de très "gentillet" (je sais, le terme est assez péjoratif) qui ne passe pas - chez moi - tout à fait comme une lettre à la Poste, étant donné que je suis un peu allergique au Happy Metal... mais cela ne m'empêche pas de constater de manière plus objective que cette petite troupe fait du bon boulot. Un truc me fait rire : le chanteur s'adresse au public pour introduire le morceau suivant et le groupe l'interrompt en démarrant la compo avant qu'il ne termine sa phrase. Quand ça arrive une fois, on se dit que c'est un accident... mais en fait, ça va se reproduire quasiment à chaque fois que le frontman prendra la parole entre deux chansons. Marrant. Allez savoir, c'est peut-être un gimmick, après tout...  

L'ambiance est plutôt sympa, Qantice alterne compos speedées et plus posées avec un certain savoir-faire. La présence d'un violon sur scène est un vrai plus... cela donne une saveur plaisante à la musique dispensée par le groupe, notamment lors de certains solos de guitare... que je devrais plutôt renommer duos guitare/violon, du coup. Sans être fan de tout ce que j'entends, certains passages instrumentaux me plaisent bien. Le niveau technique de l'ensemble des musiciens est suffisamment bon pour rendre la prestation intéressante. L'attitude est pas mal non plus... j'aime surtout celle de Christine à la basse, tout sourire, qui a l'air de s'éclater pendant qu'elle fait courir ses doigts agiles le long de son bel instrument à six cordes. 

Bizarre bizarre, le chanteur David Akesson s'adresse à nous en anglais... Mais non, rien d'étrange à cela puisque le groupe français semble avoir pour coutume de compter un membre étranger en son sein. Avant David le Suédois, il y a eu Pellek le Norvégien... Akesson nous remercie de notre accueil, précisant que nous sommes plus chaleureux que les fans de Luca Turilli (dont le groupe a fait la première partie, ici même, il y a quelques mois). Ok, on n'ira pas jusqu'à dire que c'est le délire dans la fosse du Divan du Monde mais il est vrai que l'atmosphère est plutôt positive... relax. Pendant une compo du type ballade, le frontman encouragera l'assistance à sortir les téléphones portables et à utiliser la fonction lampe-torche afin de percer la relative obscurité de la salle... pas mal de personnes coopèreront ce qui le mettra en joie. Le set s'achève sur un mid-tempo épique appelé Giant Of Embers. Comme je l'ai déjà dit : pas vraiment ma came mais pas désagréable. Le groupe est bien sympathique, compétent dans son domaine et a convenablement chauffé le Divan du Monde... qui n'en avait pas vraiment besoin vu la chaleur écrasante qui régnait sur Paris ce fameux jeudi 23 juin. 

 

Un peu plus tard, c'est au tour des stars de la soirée de monter sur les planches. Tout de suite, c'est la fête. Jasmin, l'intro hyper épique du dernier album qui sonne comme la B.O. d'un blockbuster d'aventure, résonne dans les enceintes alors qu'une charmante danseuse se déplace avec grâce sur les planches du Divan du Monde... Myrath, c'est donc le plaisir des oreilles mais aussi des yeux, on dirait. Blague à part, le visuel est réellement soigné. Les musiciens portent de très belles tuniques et un petit bout de décor exotique est placé sur le fond de la scène. Cet effort pour mettre en avant les origines du groupe est appréciable... Immédiatement, le concert a quelque chose qui le distingue visuellement de beaucoup d'autres. 

Est-ce la possibilité d'enfin jouer des nouveaux morceaux après des années passées à tourner pour l'album précédent ou une très grande fierté ressentie à l'égard de Legacy ? L'un et l'autre, sans doute... Myrath balance donc beaucoup de nouveauté ce soir. D'ailleurs, une fois l'intro terminée, ce sont trois morceaux extraits du petit dernier qui nous sont proposés : Believer, Get Your Freedom Back et Storm Of Lies. Classe, classe et classe. Le son est très bon tout de suite. On aimerait bien que la guitare soit un peu plus puissante mais c'est vraiment le seul petit bémol à signaler pour ce début de set. L'ambiance est très festive, le groupe est carré, Zaher est en voix et m'impressionne... et il fait très chaud, comme le frontman le remarquera lui-même lors de sa première prise de parole. "On vous a ramené le soleil de Tunisie", nous dit-il... avant d'ajouter que, même pour eux, il fait trop chaud et qu'il va probablement falloir jouer à poil. Ouh là, il ne faut pas dire ce genre de choses à des fans de metal. A partir de ce moment là, les "A poil ! A poil ! A poil !" vont régulièrement fuser en provenance de la fosse... Pour un peu, on se croirait presque à un concert de Steel Panther ! Nan, quand même pas... 

Ce soir, c'est donc la fête, je l'ai déjà dit... et la suite du concert le confirme. Sur Wide Shut, le producteur / claviériste Kevin Codfert (également connu pour sa carrière avec le groupe Adagio) est invité sur scène avec son clavier courbé en bandoulière. Sur The Unburnt, trois danseuses viennent épauler les musiciens. Un peu plus tard, un proche du groupe (dont j'ai oublié le nom... désolé pour cette faute professionnelle) sera lui aussi invité à monter sur scène et sera remercié par le chanteur... Il se dégage une atmosphère assez familiale de tout cela. On sent que les membres de Myrath sont contents et ils en profitent pour remercier tout le monde. J'aime bien le naturel des interventions de Zaher (notamment quand il évoque sa fierté de jouer devant un Divan du Monde complet alors qu'on est en plein Euro 2016 et que beaucoup de personnes regardent le foot à la maison). On sent que le gars n'est pas une rock star au discours hyper rodé... il y a des petits moments de flottement, quelques blancs entre les chansons mais ça sonne vrai, spontané.
La musique dispensée par les cinq musiciens est d'excellente qualité. Le rendu est impeccable, c'est du beau boulot. Quelques "vieilles" compos font leur apparition (Forever And A Day, Under Siege...) mais vraiment, elles se comptent sur les doigts d'une main. Comme dit plus haut, Legacy est mis à l'honneur ce soir. A tel point qu'il est d'ailleurs joué en intégralité. Après avoir vu Myrath présenter les mêmes morceaux pendant des années, on voulait de la nouveauté, on est servi ! 


Comme je le disais plus haut, le combo est bien en place. Convaincant sur des passages enlevés et heavy mais également sur des compos plus progressives, Myrath assure. Elyes, en plus de très bien jouer de son clavier, soutient très régulièrement Zaher en proposant des choeurs de qualité... c'est plus qu'appréciable. Anis est un bassiste classe qui se lâche de plus en plus au fur et à mesure que le concert avance, Malek reste assez discret mais ses interventions à la guitare sont impeccables... Celui qui m'impressionne le plus, c'est peut-être Morgan, le batteur. Quel jeu ! Surtout par cette chaleur... D'ailleurs, le malheureux en fera les frais car, après la treizième chanson de la soirée (Nobody's Lives), il quittera subitement la scène. Au début, on croit à une envie pressante. "L'appel de la nature", plaisante Elyes... Mais les minutes passent et Morgan ne revient pas. Le public acclame "Morgan ! Morgan ! Morgan !" puis réclame "un solo ! un solo ! un solo !" à Malek... qui rechigne un peu à se lancer puis finit par se laisser convaincre. D'autres minutes passent et c'est finalement Kevin Codfert qui revient sur scène pour nous expliquer que Morgan souffre de la chaleur, qu'il n'est pas bien et a besoin de quelques minutes pour souffler. Le batteur finit par revenir mais Zaher nous annonce qu'ils ne joueront qu'une chanson. C'est parti pour un excellent Merciless Times (sur laquelle les charmantes danseuses reviennent faire un petit tour, on ne s'en lasse pas)... et à la fin de la chanson, Morgan veut bien enchaîner avec un titre supplémentaire : Beyond The Stars. Classe. Puis, sous les acclamations d'un public chaud bouillant (et pour cause...), Myrath se retire.

Chose promise, chose due (enfin presque) : si Zaher ne termine pas le concert véritablement à poil, il revient très brièvement sur scène, enlève son t-shirt et le balance à la foule ! Les fans devront s'en contenter... 
Le verdict est sans appel : ce fut une bien belle soirée. Myrath est un groupe aussi talentueux qu'attachant. En jetant un petit coup d'oeil à la setlist prévue pour la soirée, on voit que la petite mésaventure de Morgan nous a coûté trois chansons. Loin de moi l'envie de le lui reprocher. Au contraire, le gars a assuré, il est revenu pour deux titres alors qu'il était au bout du rouleau... Mais si, comme moi, vous avez quand même un petit sentiment de frustration, bonne nouvelle : Myrath reviendra en région parisienne pour un autre concert en tête d'affiche le 19 novembre prochain, au Forum de Vauréal ! Yes !! 

Setlist Myrath :

01. Intro (Jasmin)
02. Believer
03. Get Your Freedom Back
04. Storm Of Lies
05. Wide Shut
06. The Unburnt
07. Through Your Eyes
08. Forever And A Day
09. The Needle
10. I Want To Die
11. Duat
12. Under Siege
13. Endure The Silence
14. Nobody's Lives
15. Merciless Times
16. Beyond The Stars

Un grand merci à Roger de Base Productions pour l'accréditation.