Groupe:

Eclipse + Reach

Date:

22 Septembre 2015

Lieu:

Cergy

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Le 22 septembre dernier, Eclipse, groupe de hard rock suédois en activité depuis une bonne quinzaine d'années a effectué son premier concert en France. Vu la qualité des albums récents, les très bons Bleed and Scream et Armageddonize (oui, les notes ne sont pas excellentes mais mon estimé collègue est très exigeant... sur ce dossier-là, nous ne sommes pas complètement d'accord), et le cadre proposé - la salle intimiste et conviviale du Pacific Rock à Cergy - il aurait été dommage de ne pas s'y rendre. Sur cette petite tournée européenne, qui est la première réellement menée par le groupe, Eclipse est accompagné d'un autre groupe suédois, Reach, et ce soir les Français de Snake Eye ont la responsabilité de lancer la soirée sur de bons rails.

Malheureusement, Snake Eye, en ce qui me concerne, ce sera pour une autre fois... car au moment où le combo a joué, j'étais en pleine interview avec Erik Martensson, leader d'Eclipse. Passons-donc directement à Reach !

Après une petite intro sur bande, le groupe Reach investit la scène du Pacific Rock et attaque avec sa première chanson, You Called My Name. Je ne connais pas la musique de ces (vraiment) jeunes Suédois mais il n'est pas difficile d'adhérer ou d'aborder le genre en concert, c'est du hard rock mélodique... très facile d'accès. Les musiciens ont l'air d'avoir passé le bac (ou l'équivalent suédois du bac plutôt) l'été dernier, surtout le chanteur beau gosse à qui je ne vendrai pas d'alcool sans qu'il me présente sa pièce d'identité. Jeunesse rime avec fraîcheur et Reach en a à revendre. L'ambiance dans la salle est sage voire un peu timide... mais les musiciens se donnent à fond, notamment le chanteur qui se déplace tellement que l'on se demande s'il n'a pas un peu forcé sur le café pendant la journée.

L'entrain de Reach fait plaisir à voir, leur musique n'a rien de révolutionnaire mais le quatuor semble assez bien maîtriser son sujet... ce que le deuxième titre de la soirée, Coming Home, confirme. Cette chanson hyper entraînante s'avère plus convaincante que la précédente et ferait un single parfait pour faire la promo du groupe. Un riff solide et groovy posé sur un mid-tempo carré, des choeurs "ho ho hohohoho" faciles à faire reprendre par le public et le tour est joué... l'opération de séduction lancée par les Suédois commence à porter ses fruits. Et c'est là que quelque chose s'impose à nous : le guitariste assure vraiment. Le reste du groupe ne démérite pas, le chanteur est peut-être encore un peu vert et, bien qu'il ne soit pas mauvais, se montre moins impressionnant que ses camarades de jeu (il prendra un peu de bouteille et maîtrisera davantage sa voix avec le temps) mais le guitariste... c'est autre chose. Mention spéciale pour les petits solos "zakkwyldiens" véritablement excellents. Franchement, je serais très étonné qu'il n'ait jamais écouté l'album No More Tears d'Ozzy Osbourne... le solo de Coming Home, notamment, semble provenir tout droit de ce disque. L'ensemble est agréable et passe tout seul. On n'en ressort pas bouleversé mais on passe un bon moment. Quand Reach muscle un peu son jeu, il marque des points, c'est flagrant avec une compo un peu moins légère comme The Beast. Le set se termine, ce bref apéritif était sympa à défaut d'être succulent ou consistant... tant mieux, il nous reste de l'appétit pour Eclipse

Setlist Reach :

01. You Called My Name
02. Coming Home
03. Make Me Believe
04. Tell Me
05. The Beast
06. Reach Out
07. Black Lady
08. Fortune And Fame
09. Wake Me Up

Petite précision : la setlist était disponible dans la salle, je l'ai donc recopiée ici mais je suis à peu près sûr que certaines chansons - probablement deux d'entre elles - n'ont pas été jouées.


Une petite pause réglementaire et c'est reparti pour une bonne dose de hard rock made in Sweden. Le son était déjà très bon pour la première partie, il le sera tout autant (si ce n'est plus) pour la tête d'affiche. Eclipse aborde son set par le biais de l'excellente I Don't Wanna Say I'm Sorry, chanson d'ouverture d'Armageddonize, leur dernier album en date. Pendant la courte intro, les musiciens entrent par les côtés de la scène... mais pas Erik Martensson... et alors que les autres membres commencent à jouer, voilà que le chanteur déboule soudain en arrivant du fond de la salle. Il traverse la fosse et monte sur scène avant de se lancer dans une prestation ultra-énergique. 

En effet, le frontman ne ménage pas ses efforts pour animer une salle réceptive (le public tape des mains, chante, applaudit à la fin du morceau...) mais toujours étrangement statique. Je me referai la réflexion pendant la soirée... clairement les gens ont l'air content, mais ils ne bougent pas trop. C'est un enthousiasme sincère qu'on entend bien entre chaque morceau (le groupe est réellement acclamé par une assistance visiblement ravie) mais très contenu pendant les chansons. Peu importe, c'est sur scène que ça bouge et le groupe a l'air content de l'accueil que Cergy lui réserve... tant mieux ! On reste sur le nouvel album avec l'efficace single Stand On Your Feet, le groupe est carré, le son est bon (je l'ai déjà dit, je le répète, je fais ce que je veux, c'est mon live report) et Erik Martensson est en voix. Au vu de la setlist déployée ce soir, il apparait assez vite qu'Eclipse préfère très nettement ses deux derniers albums puisqu'il délaisse complètement les trois premiers efforts de sa discographie. Il faudra attendre une petite heure de show pour avoir le droit à un extrait du disque Are You Ready To Rock?

Mais revenons un peu en arrière. Alors que se succèdent des hits imparables (Wake Me Up, The Storm, Battlegrounds...), on constate à quel point le groupe est carré et à son aise sur une scène (malgré une expérience finalement assez limitée). Tout le monde est en place. Même Magnus Ulfstedt à la basse... alors que son premier poste chez Eclipse était celui de batteur (je me souviens même l'avoir vu s'animer derrière les fûts de Talisman en 2007). Le musicien semble bien s'accommoder de ce changement d'instrument et participe même aux choeurs. La frappe de Robban Bäck est impressionnante. Le gars est hyper carré et précis... Il arrivera même à me surprendre lors d'un bref solo de batterie lorsque, tout d'un coup, il se mettra à jouer à une vitesse hallucinante, chose qu'on ne pouvait pas soupçonner à l'écoute des morceaux, certes énergiques mais pas non plus hyper speed, du répertoire d'Eclipse

Sur Breakdown, morceau plus "américain" avec un côté bluesy très sympa, Erik Martensson attrape une guitare sèche pour accompagner son camarade Magnus Henriksson qui lui, reste branché sur l'électrique. Le duo commence par se lancer dans un petit jam tranquille avant de véritablement entamer la chanson en question. C'est bien que Martensson ait agrippé une guitare (même sèche), j'attendais ça depuis le début du show et me disais même que ça manquait un peu aux tous premiers morceaux de la setlist (le chanteur est aussi guitariste sur l'album, je pensais qu'il en serait ainsi sur scène et que, par conséquent, les rythmiques seraient bien bétonnées), même si cela n'a pas empêché les premières chansons de bien belle manière.

Entre deux ballades extraites de Bleed and Scream, les sympathiques About To Break et A Bitter Taste (pourquoi les avoir rapprochées à ce point dans la setlist ?), petit changement au programme : Erik nous annonce qu'ils vont jouer un morceau qu'ils n'ont quasiment jamais interprété sur scène, le rapide Love Bites (non, ce n'est pas une reprise de Def Leppard... encore moins de Judas Priest). Un peu plus tard Henriksson se fendra d'un très bon solo de guitare (le gars est plus que compétent) servant d'introduction à l'épique Blood Enemies dont le rendu live est excellent ! Comme c'est le cas depuis le début du set, Martensson se dépense sans compter, il arrangue la foule, monte sur les retours, court à gauche puis à droite... On peut dire qu'il prend son rôle de frontman au sérieux !

Un petit intermède instrumental plus tard (très sympa, soit dit en passant, avec un trio basse / batterie / guitare au taquet qui terminera son medley sur les premières notes de Ain't Talkin' 'Bout Love de Van Halen), Eclipse sort une reprise de son chapeau : One Love du groupe W.E.T (dans lequel Erik Martensson compose et joue de la guitare aux côté de Jeff Scott Soto entre autres). Pour l'anecdote, un petit souci de bande enregistrée (pour les claviers vu qu'il n'y a pas de claviériste sur scène) oblige le groupe à recommencer le morceau une fois l'intro légèrement foirée. Le frontman en profite pour plaisanter et dire que c'est la faute du claviériste secret caché dans les toilettes. Sur To Mend A Broken Heart, le fameux premier morceau à ne pas être extrait des deux derniers albums du groupe mais de Are You Ready To Rock?, il nous raconte que cette chanson est très importante pour le groupe car il s'agit de la première compo qui, pour lui, a véritablement sonné comme du Eclipse et non comme une de leurs influences. Il ajoute également avec une certaine fierté que cette chanson a récemment été reprise par Revolution Saints, le groupe créé par Doug Aldrich, Jack Blades et Deen Castronovo

La fin de la soirée approche, on se prend les excellentes Ain't Dead Yet et Bleed and Scream dans les oreilles... Ces chansons remportent un franc succès auprès du public, toujours sage mais qui a l'air tout de même un peu plus vivant. Nous aurons le droit à un rappel constitué de SOS et surtout Breaking My Heart Again sur l'intro de laquelle Martensson chantera en plaisantant "The show is over... your tears are falling... it's breaking my heart". Le groupe a été impeccable de bout en bout. Energique, décontracté, souriant, fun... un super moment de hard rock parfaitement maîtrisé avec des chansons idéalement taillées pour le live. Après le concert, tous les membres d'Eclipse et Reach retrouveront leurs fans dans la salle pour se prêter à une longue séance de dédicaces, photos, bavardage... Rien à redire, ce fut excellent ! Vivement la prochaine tournée qui, d'après ce que Martensson m'a confié pendant l'interview, devrait avoir lieu en 2016 et s'annonce assez immanquable... Je n'ai pas le droit de vous en parler, mais croyez-moi, ça devrait valoir le coup (notamment grâce au deuxième groupe prévu sur l'affiche). Et vu les belles capacités montrées par Eclipse ce soir, je vous recommande chaudement de ne pas les louper s'ils venaient à passer à côté de chez vous l'année prochaine. Croisons les doigts !

Setlist Eclipse :

01. I Don't Wanna Say I'm Sorry
02. Stand On Your Feet
03. Wake Me Up
04. The Storm
05. Battlegrounds
06. Breakdown
07. About To Break
08. Love Bites
09. A Bitter Taste
10. Guitar Solo / Blood Enemies
11. Medley Instrumental
12. One Love
13. To Mend A Broken Heart
14. Ain't Dead Yet
15. Bleed And Scream
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16. SOS
17. Breaking My Heart Again