Groupe:

Dream Theater + Anathema + Myrath

Date:

20 Juillet 2015

Lieu:

Arles

Chroniqueur:

Didier, Blaster Of Muppet

Le calendrier des vacances me permettait de faire le déplacement jusqu'à Arles pour assister à ce concert d'exception dans le Théâtre antique. En plus, j'avais la chance de retrouver mon collègue Blaster of Muppets, lui même en vacances dans la région nîmoise. Nous n'avons pas souvent la chance de nous voir, la dernière fois c'était pour le concert de Flying Colors à Paris. La chaleur sur Arles est accablante. Nous fêtons l'évènement autour d'une bière fraîche et d'un burger avant de nous diriger vers le site d'exception accueillant les trois groupes de la soirée. Les rôles sont distribués, c'est Didier qui va se charger des reports de Myrath et Anathema, laissant au Blaster-en-vacances la tâche de vous conter les exploits de Dream Theater.

Myrath

Je me réjouis de voir de nouveau les franco-tunisiens de Myrath que j’aime beaucoup. D’ailleurs j’ai sorti mon t-shirt de Myrath pour l’occasion. Morgan m’avait prévenu qu’ils attaquaient à 20h30. Seulement les portes n’ouvrent qu’à 20h, ce qui ne me semble pas cool vu de la longue queue qui s’est formée devant le Théâtre Antique d’Arles et qui remonte dans la rue voisine. Visiblement, le Sud s’est mobilisé, c’est cool, aidé aussi par le Nord en vacances dans les environs. C’est d’ailleurs le cas de l’ami Blaster of Muppets avec qui nous remontons toute la queue (désolé les gars, j’ai honte et j’aime pas faire ça mais j’avais un pass photo et si j’attendais, je ratais Myrath). Me voilà donc à 20h30 pétante dans le pit avec un petit groupe de photographe que je reconnais pour la plupart. Le soleil se couche, il fait encore très chaud, mais le cadre est majestueux avec ses gradins et ses colonnes derrière la scène. Il n’y a pas à dire, les vieilles pierres, ça le fait. Bon bref, on sort de notre torpeur quand apparaissent sur scène Anis et sa grosse basse six cordes, Morgan derrière son set de batterie placé devant et à droite de la scène, Malek et Elyes sur la gauche debout devant son clavier et Zaher tout sourire. Ils ont soigné leur look et portent de jolies vestes (certainement tunisiennes) avec une broderie blanche sur les bords et les encolures. Celle de Zaher a des broderies rouges. C'est classe mais sûrement un peu chaud pour cette soirée camarguaise.

Myrath Arles 2015 Myrath Arles 2015

Le groupe attaque par Sour Sight. La réponse du public, pourtant pas encore complètement rentré dans l’arène, ne se fait pas attendre. Franchement c’est dommage que les portes n’aient pas ouvert plus tôt, j’ai les boules pour les fans de Myrath encore dans la queue quand le set qui sera super court commence. Pour moi c’est le top, j’ai droit à trois morceaux dans le pit, assez large, donc je me ballade de droite à gauche en en prenant plein les mirettes. Anis m’impressionne toujours beaucoup (solidarité de bassiste sûrement), il assure un bon gros son. Elyes au look très classe, est aussi bien présent ; Morgan, toujours très concentré, assure une frappe précise.

Myrath Arles 2015

Seul Malek est un peu faible dans le mix. C’est dommage, mais dans ses solos, on l’entend peu. Zaher nous parle bien sûr en français ; c’est un mec charmant, il trouve le site superbe et nous demande si nous aussi on a chaud. La réponse est oui. Il dédie un morceau aux victimes de l’attentat de la plage de Sousse. Sur Tales Of The Sands et Beyond The Stars avec lequel ils terminent, il fait intervenir une danseuse orientale. Kevin Codfert, leur manageur et par ailleurs clavier d’Adagio, vient faire un solo de clavier avec son célèbre clavier portable et incurvé. L’ambiance est excellente et les intonations orientales du groupe prennent tout leur sens dans ce site mythique et en cette période de vacances. J’entends beaucoup de commentaires très positifs de gens qui ne connaissaient pas, et d’ailleurs leur stand merchandising, où se vendent outre les t-shirts, des articles orientaux comme des chichas, ne désemplit pas. Les membres du groupes y resteront jusqu’à la fin du concert. On n’aura pas droit à de nouveaux morceaux, c’est dommage, mais d’un autre côté, ils n’ont eu que peu de temps (entre trente et quarante minutes) et donc ont préféré assurer avec leur setlist zéro risque. C’est toujours pour moi un plaisir de voir le groupe. La soirée commence bien.

Myrath Arles 2015 Myrath Arles 2015

Myrath Arles 2015 Myrath Arles 2015

Setlist de Myrath :

01. Sour Sigh
02. Merciless Times
03. Wide Shut
04. Tales of the Sands
05. Madness
06. Beyond the Stars


Anathema

C’était quand même la soirée à ne pas rater pour un fan de metal progressif, car Dream Theater, c’est quand même le haut de gamme dans cette catégorie, voire même, pour certains, l’inventeur de la catégorie. Mais, quand en première partie, on a droit en bonus à Myrath et Anathema, on se dit que c’était le truc unique, et que ceux qui l’ont raté doivent s’en mordre les doigts. Je suis content d’y être même si je trouve que le set de Myrath aurait dû être plus long. Il est 21h30 quand les frères Cavanagh déboulent sur scène sous un tonnerre d’applaudissements. Jamie, le frère bassiste, filme le public avec son camescope. Lui aussi sent le concert d'exception. Retour dans le pit pour moi. La machine à fumée vient une fois de plus faire ch**er les photographes, et il faut guetter les moments dégagés. Là encore, Vincent s’adresse au public en français, ça aide à établir le contact. Danny et son t-shirt Nirvana est particulièrement déchainé.

Anathema Arles 2015 Anathema Arles 2015

La setlist me surprend un peu. Ils attaquent par Anathema, extrait du dernier album, alors que j’aurais tellement aimé entendre The Lost Song Part 1 et Part 2. Mais bon, le son est excellent et le morceau lui-même est aussi parmi les meilleurs de l’album. Les célèbres montées en tension du groupe fonctionnent bien en live. Etrangement, c’est Danny qui fait le thème de piano, et il y a un percussionniste que je trouve relativement inutile, vu que le batteur assure très bien tout seul. Plus étrange encore, plus tard dans le set, le batteur passera au piano, et le percussionniste à la batterie. Lee Douglas, joliment vêtue, apparait sur Untouchable, Part 1, qui fait un carton. Dommage que sous ses cheveux blonds, on lui ait scotché ses oreillettes de retour avec deux gros sparadraps blancs. Ça casse un peu le charme et la classe du reste de sa tenue.

Anathema Arles 2015 Anathema Arles 2015

La basse de Jamie est un peu forte au début et trop forte sur la fin. Je me console avec The Lost Song Part 3 (oui mais j’aime mieux la Part 1 et 2, mais bon je radote) qui produit encore son effet. Vincent et Lee chantent superbement bien, lui semble en plus possédé quand il chante et nous gratifie de regards brillants sous sa frange trempée de sueur. Oups, Danny remercie le groupe précédent sans le citer, comme s’il avait oublié (ou jamais su) leur nom. Gag ! Mon seul bémol est le final, puisqu'ils choisissent de finir par Distant Satellites, le (long) morceau que je n’aime pas du tout du dernier album. Rythme électro bien trop fort qui couvre tout (et le batteur alors, il est là pour le décor ?), basse trop forte, je n’aime pas plus en live qu’en album. Dommage de finir sur ce ressenti alors qu’ils auraient pu jouer The Lost Song Part 1 et 2 (mais je crois que je l’ai déjà mentionné). Bon, mais ça reste un super set, plus long que je ne le pensais puisqu'il est déjà 22h30. On se dit que Dream Theater ne pourra pas jouer un set de trois heures, car j’ai oublié de préciser que le Théâtre Antique se situe en plein cœur du centre historique d’Arles. Les habitants des environs ne sont pas prêts de dormir ce lundi soir. Dur, dur demain matin. Pour nous, simple prog-metalleux, c’est un peu Noël avant l'heure. Sauf que pendant le temps un peu longuet pour préparer la scène de Dream Theater, nous sommes victimes d’une attaque de moustiques camarguais bien contents de découvrir toute cette viande importée. Malgré les pulvérisations d’anti moustiques dans le Théatre, le bilan est lourd le lendemain : au moins vingt piqûres autour de mes deux chevilles.  

Anathema Arles 2015 Anathema Arles 2015

Anathema Arles 2015

Setlist d’Anathema :

01. Anathema
02. Untouchable, Part 1
03. Thin Air
04. The Lost Song, Part 3
05. Lightning Song
06. The Beginning and the End
07. Universal
08. Distant Satellites

 

Dream Theater

Dream Theater tourne encore mais n’a pas spécialement de nouvel album à promouvoir… alors pourquoi donc ? Qu’est-ce qui nous vaut le plaisir ? Est-ce par pure opportunité de jouer dans un cadre aussi atypique et classe que le vieux théâtre antique d’Arles, entre deux festivals européens ? La raison (ou le prétexte) nous sera donnée par James Labrie lors d’une de ses (rares) interventions parlées, entre deux chansons : le groupe fête ses trente ans. Et donc, comme nous l’explique le vocaliste, la setlist comprendra des morceaux de chaque album sorti par Dream Theater. Sympa. S’il y a bien quelque chose qui m’a toujours plu chez ces messieurs c’est cette certitude de ne jamais voir deux fois le même concert d’une tournée à l’autre. Cette tradition est donc encore une fois respectée et ce n’est pas moi qui m’en plaindrai.

Ce soir, les Américains nous font donc revisiter leur carrière, de leurs débuts jusqu’à leur plus récent effort, et ceci par le biais d’une setlist respectant l’ordre chronologique des sorties. On commence la soirée avec la rapide Afterlife extraite de When Dream And Day Unite. En deuxième position, Metropolis Part I recueille évidemment la clameur du public dès ses premières secondes. Dream Theater met un point d’honneur à ressortir des chansons non jouées depuis un certain temps. Quand vient le tour de présenter un morceau de l’album Awake, plutôt que de balancer un 6:00, un The Mirror ou un Lie (tous présents sur les DVD live les plus récents du groupe), Petrucci & co nous servent Caught In A Web. Cela aurait été trop beau, d’avoir A Change Of Seasons en intégralité… Il faudra juste se contenter de la partie Innocence. C’est mieux que rien. C’est la heavy Burning My Soul (que je n’avais pas eu le plaisir d’entendre depuis des années) qui représente Falling Into Infinity. Excellente performance… avec pour l’occasion un Jordan Rudess qui sort de derrière son clavier pour venir occuper le devant de la scène lors de son solo sur sa keytar au design futuriste bien sympa. Quelques briquets s’allument sur la première ballade de la soirée, The Spirit Carries On. Et comme le morceau s’y prête bien, certains fans chantent pour accompagner James Labrie. Arrêtons-nous d’ailleurs quelques instants sur ce dernier.

On ne va pas se mentir, ceux qui suivent Dream Theater depuis longtemps le savent bien : pendant des années, à chaque fois qu’on se rendait à un show du groupe, il y avait une seule inquiétude et elle ne portait jamais sur la capacité des musiciens à nous épater en reproduisant leurs exploits instrumentaux sur scène mais sur la forme de James Labrie. En terme de prestation, quand il y avait un petit souci, cela venait souvent de lui et il lui est donc déjà arrivé de se montrer comme un chanteur moins à l’aise ou plus limité en concert qu’en studio. Cela dit, depuis un certain temps, les performances du vocaliste sont moins inégales et cela fait un bon moment que Labrie se montre à la hauteur de ses camarades de jeu. C’est encore le cas ce soir. Parfois un peu plus fragile sur quelques passages particulièrement difficiles, il est surtout juste et convaincant… même quand il s’agit de donner de la voix dans un registre plus hargneux (sur des morceaux comme As I Am ou Constant Motion, par exemple).
Dream Theater Arles 2015 Dream Theater Arles 2015

Reprenons le court de la soirée. L’extrait About To Crash se charge de rappeler à notre mémoire l’opus Six Degrees Of Inner Turbulence et prolonge le break plus mélodique entamé avec The Spirit Carries On… mais cette accalmie ne va pas durer car Dream Theater a décidé de se montrer sous un jour bien plus sombre et heavy en proposant un As I Am toujours aussi efficace sur scène. Puis c’est au tour de Panic Attack d’enfoncer le clou… certains fans ne s’y trompent pas et entament d’ailleurs un petit pogo (gentil, ça reste le public de Dream Theater, pas de Kreator). Jamais deux sans trois ? Qu’à cela ne tienne, Labrie dit du morceau suivant qu’il va nous botter le cul… en effet, c’est Constant Motion (avec sa ligne de chant piquée à Metallica) qui est choisie pour représenter l’album Systematic Chaos. Au moment où le frontman présente ce morceau, je me dis que le groupe ne perd pas de temps et enchaîne vraiment ses compos à toute vitesse ce soir : une heure de concert et déjà neuf chansons jouées. C’est assez rare pour ce combo. Après une telle triplette, il va falloir se calmer un peu, du coup, c’est Wither qui sera la vitrine de Black Clouds And Silver Linings. Pas le morceau le plus remarquable de l’opus en question (à mon humble avis) mais puisqu’il fallait une deuxième ballade, pourquoi pas… Juste avant, Labrie s’adresse à nous pour la troisième ou quatrième fois (pas plus) de la soirée histoire ne nous informer sur le futur proche de Dream Theater. Il nous apprend que le groupe a commencé l’enregistrement de son prochain album qui devrait sortir début 2016 et qu’une tournée mondiale suivra.

Dream Theater Arles 2015 Dream Theater Arles 2015

On remarque que, pour ce concert, le groupe a plutôt opté pour des morceaux assez courts. Ceux qui voulaient de grandes compos épiques dépassant les dix minutes doivent donc ressentir une légère frustration… Jusqu’à ce que Bridges In The Sky n’intervienne. De très beaux éclairages bleutés accompagnent à merveille ce morceau classe (tout au long de la soirée, le light show aura bien servi la prestation des Américains). Depuis le début, je me dis que les musiciens sont hallucinants. Mais c’est une donnée de base avec Dream Theater, non ? Mangini n’a cependant pas tout à fait le même charisme que Portnoy… En revanche, il est très bon et se montre souriant. Quant à Petrucci et Myung, ils sont toujours aussi calmes et… statiques. Surtout Myung… c’est incroyable ! Le gars s’active sur le manche de sa basse avec une virtuosité impressionnante mais il ne fait pas un pas. Ni à gauche, ni à droite… rien. Comme s’il était vissé à la scène. Il me semble l’avoir vu légèrement bouger à un moment… mais je ne suis pas sûr… j'ai dû rêver... c’était certainement une illusion d'optique causée par les jeux de lumière…

Dream Theater Arles 2015

Tous les albums ont donc été passés en revue… tous sauf un. Le rappel s’effectuera donc avec Behind The Veil, extrait de l’album Dream Theater. Encore une fois, il est appréciable de constater qu’un effort a été fait pour sortir une compo non jouée lors de la tournée précédente.

C’est l’heure du bilan : un son puissant et assez équilibré, un très beau light show, un cadre classe et inhabituel pour un concert de metal, un groupe en forme, une belle ambiance avec un parterre de fans réceptifs… Pas grand-chose à redire. Comme souvent, avec ce groupe, je trouve qu’il manque un petit quelque chose, leur musique n’est sans doute pas assez « rock’n’roll » et conserve par moment (de par sa nature) une certaine froideur. En plus, si les gars sont de monstrueux musiciens, ce ne sont pas de grosses bêtes de scène et leur presta statique manque toujours un peu de folie (malgré les efforts de Labrie pour bien occuper la scène et la bonne humeur de Mangini).
Dernier point : ce show est sans doute le concert de Dream Theater le plus court qu’il m’ait été donné de voir depuis que je suis le groupe (et je les ai vus de nombreuses fois – quasiment sur chaque tournée jusqu’au départ de Portnoy – depuis 1995). Alors, je suis un peu surpris, parce que pour un show censé célébrer trente ans de carrière, une heure trente-cinq de musique, ça me semble un peu court… D’autant plus que le combo est célèbre pour sa générosité live. Que voulez-vous, en tant que fan exigeant et râleur invétéré, je devais faire la remarque.  Mais d’un autre côté, ce n’est pas si mal… parce que ce soir, Dream Theater est allé à l’essentiel et n’a pas enchaîné compos mollassonnes et solos à rallonge comme ça lui est déjà arrivé de le faire par le passé.
Le moment de se quitter est arrivé, James Labrie nous remercie chaleureusement et nous promet que nous nous reverrons : « Aussi longtemps que vous voudrez bien de nous, nous reviendrons », nous dit-il. Pas de souci à se faire de ce côté-là, messieurs… A l’année prochaine.

Dream Theater Arles 2015 Dream Theater Arles 2015

Setlist de Dream Theater :

01. Afterlife
02. Metropolis Pt. 1: The Miracle and the Sleeper
03. Caught in a Web
04. A Change of Seasons: II Innocence
05. Burning My Soul
06. The Spirit Carries On
07. About to Crash
08. As I Am
09. Panic Attack
10. Constant Motion
11. Wither
12. Bridges in the Sky
13. Behind the Veil