Tagada Jones

Interview date

28 mars 2014

Interviewer

Jojo

I N T E R V I E W

Interview Niko - Chant


Salut Niko ! Je te propose d’attaquer cette interview par la fin ! Comme diraient Les Guignols : « Putain 20 ans ! ». Qu’est-ce que ça vous fait d’être encore sur la route après vingt ans de carrière ?

C’est vrai que quand on a commencé le groupe, on n’a jamais imaginé qu’on jouerait si longtemps. Au début on a un peu fait ça pour déconner. Après… ben voilà, les années passent, et un moment on s’est dit « Merde, on va fêter nos vingt ans, les gars ! ». Du coup on a eu envie de marquer le coup, on a fait un album un peu plus long, un peu plus conséquent, une grosse fiesta au mois de février, et une grosse tournée en ce moment avec plus de 80 dates déjà calées. Donc finalement c’est génial, ça nous permet de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, de se dire qu’on a vingt ans et qu’on a déjà fait tout ça… mais qu’il nous reste aussi plein de trucs à faire ! On a pu faire un petit bilan de ce qu’on était, on est assez contents de nous et on ne regrette pas du tout notre choix de choisir cette voie un peu indépendante. On a toujours refusé l’appel des maisons de disques, on était attaché à l’esprit « Do It Yourself » et quand on voit l’état des choses aujourd’hui, comment tout se casse la gueule, on voit que de notre côté ça fonctionne toujours, et peut-être mieux que jamais, donc on est contents, au final.

T’es en train de dire que la tournée actuelle se passe bien ?

Ouais, pour l’instant super bien ! Alors ici on va voir, parce que Cannes ça fait un peu… « bling-bling » quoi, tu vois ce que je veux dire. Mais on verra bien ! En tout cas pour l’instant ça se passe bien ouais.

T’en fais pas, tu vas avoir une bonne surprise ce soir. Pourquoi ce choix de tourner avec Andreas & Nicolas ? C’est pas tout-à-fait le même registre, il me semble !

C’est pas la même zik, mais en même temps c’est bien aussi de faire découvrir d’autres choses aux gens ! On les connait super bien, on s’entend à merveille, et puis de temps en temps ça fait du bien de changer un peu, Tagada ça joue speed, c’est assez militant et engagé, et c’est important de montrer qu’on sait aussi se marrer !

C’est le moment de la question un peu con-con, mais il fallait bien qu’elle arrive… Comment vous faites pour avoir toujours autant de pêche et de hargne au bout de vingt ans ?

Ben déjà je pense que quand on aura plus cette pêche, il faudra qu’on arrête parce qu’une grande partie de la musique qu’on fait vient de là. Après, l’explication du « pourquoi » j’en ai pas trop, je dirais qu’on a toujours la passion de la musique. Et contrairement à beaucoup d’autres groupes on ne se contente pas d’aller jouer là où on a du succès – la preuve ce soir - et on relève toujours des défis. On a eu la chance de visiter plein de pays, dans lesquels il faut tout recommencer à zéro, refaire ses armes, parce que les gens ne connaissent pas la musique, ne parlent pas français… Et il y a un côté très positif dans ces dates, parce que le groupe est obligé d’aller puiser dans ses racines, de retrouver « l’envie de départ ». La dernière chose, c’est qu’on est un groupe engagé, et malheureusement les luttes qu’on a lancées il y a vingt ans sont toujours là. Du coup on a envie de continuer à faire perdurer ce message, et j’ai l’impression qu’il n'y a pas beaucoup de groupes qui ont un message, on est presque esseulé et on a envie de continuer à se battre pour nos valeurs.

Justement, quel regard portes-tu sur la scène française actuellement ?

Je pense que ça manque un peu de nouveaux groupes, mais ça c’est plus dû à la conjoncture actuelle qui fait que les maisons de disques ne signent plus beaucoup de monde. Il y a vraiment plein de bons groupes qui sont dans leur coin en train de jouer, mais c’est difficile pour eux de passer cette première étape de la renommée, que les maisons de disques pouvaient aider justement. La preuve, on joue souvent avec les mêmes groupes, et si on joue autant c’est aussi parce que malheureusement personne n’est là pour prendre la relève. Et d’un autre côté, la scène indé est de plus en plus restreinte, les discours des groupes se sont un peu aseptisés et c’est dommage.

Est-ce que vous vivez de votre musique actuellement ?

Oui on a cette chance, et ça fait bientôt 17 ans que c’est le cas.

Question piège, est-ce que c’est pas un peu facile de critiquer l’industrie et le capitalisme, quand, d’un côté, on profite de ses avantages pour vivre ?


Oh, tu sais, on a aucun souci avec ça, on a toujours été clair là-dessus. On est conscient d’être dans le système, puisque de toute façon on n'a pas le choix. Par contre c’est pas parce qu’on est dans le système qu’on approuve ce système. Et avec Tagada Jones on a toujours essayé d’être le plus indépendant possible, même si, comme tout le monde, il faut bien qu’on mange. Ca nous a obligés parfois à des concessions, comme en 1998 quand on a accepté de vendre nos albums à la FNAC, dans des supermarchés, on savait très bien qu’on faisait une concession importante, mais qui était à nos yeux nécessaire pour pouvoir en vivre. Sinon il aurait fallu vivre par d’autres moyens, et on aurait été « dans le système » dans tous les cas. Et au moins ce petit profit que ça génère, ça reste entre nous, avec notre boîte de prod et notre label indé, et ça nous permet de survivre.

Halte à la fausse modestie, quel est ton album préféré de Tagada Jones ?

Le dernier, évidemment !

Pourquoi le nom Tagada Jones ?

Aucune explication logique ! Au début du groupe on changeait tout le temps de nom, et au bout d’un moment on s’est dit « bon, les gars, ça devient sérieux, faut qu’on garde un nom là ! ». Du coup, un soir on était complètement torchés, on écrivait des noms, puis on a gardé Tagada Jones…Le « Tagada » il y a une explication, en fait tout le monde croit que c’est les fraises Tagada, mais en fait non c’est plus le « Tagada tagada » des riffs de guitare, tu vois. Et pour le « Jones »… je sais pas trop… mais voilà, au final personne n’a vraiment choisi ce nom-là pour que ça ait l’air hyper-engagé, etc... Et en même temps ça permet de dénoter un peu avec le contenu plus radical de nos chansons !

Vous êtes prêts à tout déchirer ce soir à Cannes ?

Ah non, on n'est pas prêts à tout déchirer, on VA tout déchirer !

Ca tombe bien, le public aussi ! Allez, je vous laisse profiter du soleil avant qu’il s’en aille ! Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Je le dis souvent, mais ce sera jamais assez : quand on a commencé dans les années 90, pas d’internet, pas de grosse radio, donc nous étant 100% indépendants, on compte à fond sur les webzines qui ont vraiment aidés à nous faire connaitre auprès des gens. Donc je remercie les gens comme toi qui continuent à faire ça par passion. Et merci bien sûr aux gens qui vont lire cette interview, parce qu’ils prêtent une oreille à autre chose que ce qu’on peut bien leur servir dans les médias de masse. Donc merci à tous, c’est grâce à vous que Tagada Jones existe !


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