Svart Crown

Interview date

23 Juin 2013

Interviewer

philippec et Evanessa

I N T E R V I E W

Interview JB (en face à face)


Salut JB, merci d'accorder un peu de temps pour le webzine AuxPortesDumetal. Tout d'abord, combien de temps restez–vous à Clisson ? Est-ce votre première participation ?

Nous sommes là pour les trois jours, nous sommes arrivés vendredi midi et on repart demain, c'est notre deuxième participation, nous avons joué ici en 2011.

Pouvez-vous faire un petit historique du groupe ?

Le groupe a été créé fin 2004 dans le Sud-Est de la France, nous avons maintenant une démo et trois albums à notre compteur, notre dernier album en date s’appelle "Profane", il est sorti au mois d'avril. Depuis 2008, nous avons beaucoup sillonné les routes de France et d’Europe avec des groupes comme Shining, Enthroned, Septic Flesh. Et actuellement, nous assurons la promotion de notre nouvel album.

Comment s’est passée l’écriture de "Profane" ?

Notre façon de procéder est toujours la même, étant donné que je suis seul membre d’origine qui est encore présent dans le groupe, c’est moi qui m’occupe de la composition. Donc je compose des morceaux de mon côté, parfois en entier et parfois juste en partie. Puis je les soumets aux autres membres et en fonction de leur avis, je les retravaille. Nous nous voyons très rarement pour répéter, pour un album nous ne répétons que cinq ou six fois tous ensemble, mais nous le faisons sur une longue période. On ne construit pas les morceaux ensemble dans un local de répétition en fait. Chacun travaille sa partie de son côté et on se réunit pour finaliser le tout.

Sur ce nouvel album, vous donnez l'impression d'avoir digéré vos influences passées, et surtout d'avoir enfin trouvé une vraie identité musicale. Qu'en penses-tu ?

Je suis d’accord, je pense que c’était notre but. Nous avons toujours voulu créer notre propre musique, celle qu’on a envie d’écouter et qu’on aime, vraiment notre propre son. Cet album est un mélange de plein de choses différentes mais qui donnent un résultat cohérent. Il représente notre identité. Avec notre album précédent, nous avions posé les bases de ce que notre groupe allait devenir. Et pour "Profane", nous avons conservé cette base solide, puis nous avons élargi le spectre autour d’elle en pimentant notre musique avec d’autres éléments. Je pense que cet album est beaucoup plus personnel.

L'arrivée de Ranko a-t-elle été un facteur déclencheur ?

Oui, son arrivée a été déterminante, il a complètement changé la donne parce qu’un batteur a beaucoup plus de liberté que n’importe quel autre musicien, un peu comme un chanteur. Ce sont des membres très importants pour l’identité sonore d’un groupe. Et Ranko nous a permis d’explorer d’autres horizons, chose que l’on n’aurait pas pu faire avec notre batteur précédent. Ranko est très polyvalent, il peut jouer beaucoup de styles différents, il est très efficace dans les parties extrêmes, il est très doué, vraiment dans les temps ; mais contrairement aux batteurs d’extrême, il est capable de jouer lentement. Il a du groove, il peut jouer du rock ou autre, et ça se sent vraiment. Sur certains passages, nous avons voulu ralentir le tempo, pour aérer un peu plus le morceau, et c'est dans ces moments là qu’il a dévoilé tout son potentiel. Donc oui, tout ça c’est en partie grâce à lui.

En écoutant "Profane", j'ai été surpris du fait que malgré l'ultra-violence de la musique et du chant que l'on peut trouver sur chaque titre, une ligne mélodique, aussi infime soit-elle, leur donne à chacun une identité propre. Es-tu conscient de ce fait ?

Oui, il y a un désir de valoriser les mélodies, j’aime ressentir des choses lorsque j’écoute de la musique en général, et c’est bien sûr pareil pour le metal. Je n’écoute pas de morceaux qui n’expriment rien, pour moi c’est important que la musique crée une atmosphère. Privilégier les mélodies c’est quelque chose que l’ont fait de plus en plus souvent avec le groupe, en les alliant avec un gros côté rythmique, des cassures, des ambiances. Tout ça pour renforcer au maximum chaque passage. Et en ce qui concerne les mélodies, nous avons fait un gros travail d’arrangements sur les guitares, ce qui rend notre musique unique. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes afin d’obtenir un album très travaillé.

Vu la qualité de votre précédent album, la sortie de "Profane" était très attendue. Avez-vous déjà des retours de fans et de la presse ?

Oui car la promotion a été bien assurée, nous avons déjà eu beaucoup de retours, 90% d’entre-eux sont vraiment excellents. Nous sommes très contents de la façon dont les choses se passent. En ce qui concerne nos fans, je pense que ceux qui avaient aimé "Witnessing the Fall" n’ont pas été déçus par notre nouvel album, par contre je dirais que "Profane" est moins direct et plus riche, et dans un certain sens plus difficile d’accès. C’est mon avis et celui de pas mal de personnes qui m’en ont parlé. Il faut l’écouter de nombreuses fois avant de vraiment apprécier notre musique, une seule écoute ne suffit pas. Il y a beaucoup d’albums que j’adore pour lesquels je trouve qu’une écoute ne suffit pas, le meilleur exemple que l’on peut prendre c’est Mastodon. A la première écoute je me suis dit : "il y a un bon riff. Mais il y a tellement de choses, c’est un morceau tellement riche que cela ne suffit pas". Par exemple dans leur album "Crack the Skye", il y a des morceaux très accrocheurs et très évidents dès le début, comme les deux premiers morceaux "Oblivion" et "Divinations". Les lignes mélodiques au niveau vocal y sont vraiment incroyables. Mais ensuite, lorsqu’on écoute le reste de l’album, comme le morceau qu’ils ont fait avec un des membres de Neurosis, on découvre de nouvelles choses à chaque écoute. Et je trouve ça appréciable quand on écoute un album de le redécouvrir à chaque fois.

Votre activité musicale vous suffit-elle pour vivre ou avez-vous un métier complètement extérieur à la musique ?

Non, nous n’arrivons pas à gagner assez d’argent pour vivre avec notre groupe, nous devons trouver un moyen de gagner de l’argent entre les tournées, donc nous n’avons pas d’emplois fixes. En France c’est difficile de trouver un emploi fixe qui te permet de partir cinq ou six mois en tournée quand tu le souhaites, ou même en week-end, ce n’est pas possible. En tout cas moi, je n’en ai pas trouvé. Il m’est arrivé de bosser dans la musique mais pour des contrats assez courts. La plupart d’entre nous travaille en intérim, nous nous débrouillons avec le chômage et le RSA. Nous vivons dans une certaine précarité mais bon, c’est comme ça et nous l’acceptons.

Comment avez-vous vécu votre set ? Son ? Ambiance ?

J’avais une petite appréhension du fait que notre set était programmé le matin, de plus le dimanche. Car ça devient de plus en plus dur, au fur et à mesure que le festival avance, les gens sont de plus en plus fatigués et donc moins réceptifs. J’ai senti que le public avait déjà eu deux grosses journées de festival dans les pattes et donc les gens étaient plus dans l’écoute que dans l’action. Mais j’ai quand même senti que les gens étaient impliqués et concernés. Il y avait du monde, et les gens sont restés. J’ai trouvé ça plutôt cool. Le Hellfest c’est toujours une bonne expérience. Il y a eu quelques petits pépins techniques mais bon, ça arrive pendant les festivals, c’est toujours comme ça. En tout cas pour nous, au niveau du son, c’était très bien et j’espère que tout le monde a apprécié.

Vous attendiez-vous à un tel accueil aujourd'hui ?

En fait j’essaie de ne pas avoir trop d’attente à ce niveau-là afin de ne pas être déçu. Car parfois, quand on en attend trop et qu’il ne se passe pas grand-chose… surtout lors de festivals, ça dépend aussi de l’affluence, mais si on s’attend à des choses vraiment incroyables et que cela n’arrive pas après, on est vraiment déçus et c’est chiant. En 2011, c’était un peu particulier car c’était notre premier festival. Nous faisions l’ouverture et les gens étaient encore frais, c’est ce qui était super. Les mecs venaient d’arriver sur le site et avaient vraiment envie de voir les groupes. C’est vraiment un avantage de jouer le premier jour, si j’avais pu choisir, j’aurais aimé jouer le vendredi mais bon, c’est comme ça. Mais le Hellfest de 2011 ça a été vraiment incroyable pour nous, je l’ai vécu comme la concrétisation de plusieurs années de travail, on avait toujours rêvé de participer à ce festival et ce n’était pas gagné d’avance. Mais on l’a fait, nous en sommes très fiers et y revenir c’est vraiment cool. Mais bon, il n’y a plus la magie de la première fois mais ça reste super. Nous avons été programmés le dimanche matin car plusieurs groupes ont annulé ou n’avaient pas rempli leur fiche en entier, et comme il leur manquait des groupes dans notre créneau en terme de notoriété, pour des sets en matinée, ils nous ont demandé de jouer à ce moment-là. En fait, le concert de Seth a été avancé et nous avons hérité de leur créneau. Nous avions entendu dire qu’il y avait eu plusieurs annulations et nous avons contacté la programmation pour savoir ce qu’il en était, et cela les a tout de suite intéressés de nous faire jouer car ils étaient un peu pressés. En plus, notre album est sorti entretemps et ils avaient déjà pu voir les retombées et les retours, donc les deux facteurs combinés nous ont permis d’être là. Ils ont pris leur décision très rapidement. Et le fait d’être en pleine promotion, dans l’actualité, nous a facilité les choses.

Comment se prépare une setlist pour ce genre d'événement et comment choisissez-vous les titres que vous allez jouer ?

Nous la préparons de manière démocratique, car il faut que tout le monde soit d’accord. C’est vrai que tout le monde a ses morceaux favoris mais dans l’ensemble, nous aimons toute la musique qu’on joue. Pour un festival, nous choisissons volontairement de jouer les morceaux les plus efficaces, les plus faciles à retranscrire en live. Quitte à parfois jouer les morceaux les moins compliqués et les moins audacieux, c’est important lorsque l’on joue peu de temps. Il faut se mettre un peu à la place de gens, même s'ils connaissent le groupe qu’ils viennent voir, ils ont envie qu’on les mette tout de suite dans l’ambiance. Il y a une atmosphère très festive et détendue et les gens ne sont pas concentrés en permanence sur l’écoute. Il faut donc capter leur attention très rapidement pour pouvoir les faire entrer dans notre univers. C’est ce qui nous oblige à faire quelque chose de concis, de carré et d’efficace.

Avez-vous d’autres concerts prévus pour cette deuxième partie de l'année ?

Pour le moment nous sommes en plein dans les festivals d’été, nous allons participer au Metal Days en Slovénie qui est l’ancien Metal Camp. Nous allons aussi participer au Motocultor en Bretagne. Et actuellement, nous sommes en pourparlers pour confirmer une tournée à la rentrée, ce sera en Europe mais je ne peux rien confirmer pour l’instant.

Avez-vous pu rencontrer des artistes dont vous êtes fans ? Lesquels ?

Pas vraiment non, le premier jour nous n’avions pas encore l’accès au backstage. Nous avons pu croiser rapidement les mecs de Morbid Angel, de Belphegor, les mecs de Down, de Korn aussi, voilà c’est cool.

Allez-vous suivre ou pu suivre quelques concerts pendant que vous êtes ici ?

Pour être honnête, je n’en ai pas vu beaucoup. Pour nous, le Hellfest c’est l’occasion de passer du temps avec des personnes qu’on ne voit pas souvent pendant l’année, donc nous sommes assez occupés. Je m’étais préparé un petit planning mais je n’ai pas réussi à le respecter, je n’ai pas pu voir les trois quarts de ce que je voulais voir. J’ai pu voir Asphyx, Sleep, Neurosis. Hier, j’ai malheureusement loupé Converge, j’avais vraiment envie de les voir. J’ai vu Korn et c’était super, j’ai pu voir un peu Candlemass et Belphégor et c’était bien, The Secret qui était super aussi, j’ai beaucoup aimé. Et Dead Congregation dans les groupes Death Metal. Je n’ai pas pu voir Cult of Luna mais j’aime beaucoup.

Avez-vous goûté le Muscadet?

Non pas encore, j’attends un peu car je suis un peu fatigué après le concert mais je vais aller en boire tout à l’heure

Quel sera votre meilleur souvenir de votre passage au Hellfest 2013 ?

Ce sera notre concert. C’est une chose assez intense à vivre, ça a été super.

Comment trouvez-vous l'organisation du Hellfest ?

Impeccable, rien à dire.

Un dernier petit message pour nos lecteurs ?

Suivez l’avis de la chronique, allez écouter l’album, donnez-lui une chance, nous, nous en sommes fiers, voilà. Prenez le temps de l’écouter, je pense que pas mal de gens seront surpris.


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