AC/DC Tours de France

Interview date

16 Avril 2014

Interviewer

Didier

I N T E R V I E W

Interview Philippe Lageat et Baptiste Brelet


Alors, tu as quel âge pour écouter cette musique de sauvage ?

Baptiste : Je suis le jeunot de la bande, du haut de mes 28 ans ! Autant dire que ma collaboration avec un vieillard a été des plus drôles !

Phil : 46 ans. Pourquoi, ça te dérange, blanc bec ? Never too old to rock’n’roll !

Et tu fais quoi dans la vie déjà ?

Baptiste : Je travaille dans un média dédié au développement durable qui s'appelle Terra Eco en tant que commercial. Pas grand-chose à voir avec la musique donc, encore moins avec AC/DC.

Phil : J’essaie tant bien que mal de sortir Rock Hard tous les mois en kiosque avec l’aide de quelques mongoliens sympathiques certes, mais pas vraiment finis. 
 

Quel est le premier morceau d'AC/DC que tu aies entendu ? Te rappelles-tu ce que tu foutais à ce moment-là ? Et quel âge tu avais ?

Baptiste : Il s'agit du morceau "Thunderstruck" de l'album "Live" via la K7 d'un copain. C'était mon meilleur pote et son père était un grand fan du groupe, il avait toute la disco officielle du groupe. J'avais donc neuf ans et ça a été un choc. J'ai passé les mois suivants à emprunter les autres K7 de son père avant d'aller faucher les vinyles de mon oncle et de découvrir les bandes magnétiques de mon père avec l'album "Back In Black".

Phil : J’avais dix ans. C’était "Sin City". Ce que je faisais ? Evident, non ? J’écoutais "Sin City".

Quelle est ta chanson préférée d'AC/DC ?

Baptiste : Je suis très attaché à l’album "Back In Black" et au morceau "Hells Bells" en particulier. Difficile, cela dit, de s'arrêter sur un seul morceau avec ce groupe.

Phil : Probablement "Night Prowler", chouette blues malsain avec un solo à faire hérisser les poils du dos (oui, j’en ai. Pas toi ?). Sinon, t’as pas une question moins conne ?

Quel est ton album préféré d'AC/DC ?

Baptiste : De la même façon, il s'agit de l'album "Back In Black". Très cliché certainement, mais cet album est vraiment parfait de bout en bout. Pour autant, j'adore l’enchaînement "Powerage" – "Highway To Hell" – "Back In Black" – "For Those About To Rock" qui fait figure de piédestal dans ma culture musicale.

Phil : "Powerage". Sinon, t’as pas une question moins conne ? Parce que "Let There Be Rock", "Highway To Hell" et "Back In Black" devraient eux aussi figurer dans cette liste.

Combien de fois les as-tu vus en concert ?

Baptiste : Très peu comparé à Phil, une dizaine de fois.

Phil : Plus d’une centaine de fois depuis 1981. Et sur quatre continents. T’es jaloux, hein ?

Et quel est ton meilleur souvenir de concert ?

Baptiste : Pour plusieurs raisons, le concert de Nice en 2010 restera un peu à part en ce qui me concerne vu toute la tension qui s'est passée autour de lui. Entre les risques d'annulation dûs aux intempéries et le trajet sous des trombes d'eau, les appels incessants de potes « le concert va-t-il avoir lieu ? Vous êtes rendus où ? ». Bref, on se voyait déjà avec des copains avoir fait pas loin de treize heures de route depuis Nantes pour rien … et la délivrance à l'arrivée avec Angus à fond jouant sous la pluie. Un super souvenir ! On est ressortis de ce concert trempés jusqu'aux os et on s'est retapé six heures de route avec des bouchons à n'en plus finir avant d'arriver chez un pote dans l'Aveyron pour enfin s'endormir, pour mieux repartir à Nantes le lendemain.

Phil : AC/DC au Zénith le 6 avril 1988. Décidément, t’aimes bien les gens qui font des choix, toi ! 

Tu as dû les rencontrer personnellement de nombreuses fois ? Avant le bouquin déjà ?

Baptiste : Pas tant que ça ! J'ai eu l'occasion de les croiser à des sorties d'hôtels en tant que fan pour faire signer des vinyles après de longues heures d'attente, mais rien de bien transcendant.

Phil : Avant l’écriture du bouquin surtout (et pendant aussi pour certain d’entre eux) ! Oui, je les ai tous rencontrés et interviewés à plusieurs reprises. Ça te défrise, hein ? 

Quel est ton musicien d'AC/DC préféré, et pourquoi ?

Baptiste : Pour ma part, je suis un grand fan de Brian. La simplicité, la gentillesse, l'humour et la puissance vocale dans un même personnage haut en couleurs. Le fait qu'il soit « un peu » le mal aimé des vieux fans a forcément joué. Et puis, c'est aussi la première voix d'AC/DC que j'ai entendue, donc forcément ça marque. En écrivant ce livre, toutes les anecdotes et les témoignages m'ont conforté sur l'image que je me faisais de lui. Brian the king !

Phil : Malcolm « The Brain » Young, parce que si t’avais une main droite comme la sienne, tu larguerais ta copine !

Sinon, tu sais jouer d'un instrument de musique aussi ?

Baptiste : Je joue de la batterie depuis très longtemps dans un style on ne peut plus éloigné de Phil Rudd (du swing rock au sein du groupe Birdfood). J'essaye d'ailleurs, sans résultat, de décrocher une chronique dans Rock Hard via Phil, mais il reste hermétique à mes avances ! Quel dommage ;)

Phil : Oui, personne n’arrive à ma cheville quand j’ai un kazoo à la bouche.

Et quand tu n'écoutes pas AC/DC, tu écoutes quoi ?

Phil : Mon cœur.

Baptiste : Je suis assez branché hard rock, stoner, thrash, heavy et HxC. En dehors de ce livre, Phil se demande d'ailleurs souvent comment on a fait pour se mettre ensemble sur ce projet : « On n'a aucun groupe en commun, putain ! Va écouter ta musique de bourrins ailleurs ! » (rires). Cela dit, on se retrouve tous les ans au Hellfest, souvent alors que nous nous dirigeons vers des scènes opposées ;)

Tu connais notre Webzine, bien sûr ?

Baptiste : Bien sûr... Je suis tombé dessus lors de mon travail d'archéologie pour les photos prises par un certain Pierre Masse lors du concert de Nice. Merci à lui au passage !

Phil : Pas vraiment. Je suis resté aux portes de votre site.

Tu as fait quoi dans le bouquin, toi exactement ? D'après ton collègue, pas grand chose. Comment vous êtes vous divisé la tâche ?

Baptiste : Disons qu'on a réussi à trouver la bonne alchimie dès le départ sur le livre qu'on voulait réaliser et la méthodologie pour y parvenir. De par son métier d'origine, très rapidement, on a décidé que c'est Phil qui s'occuperait de la partie écrite et des interviews anglaises vu mon niveau dans ce domaine. Je me suis plus lancé, pour ma part, dans les fouilles pour mettre la main sur des documents, des photos. Un vrai travail d'archéologue ! J'ai aussi réalisé une bonne partie des interviews françaises, notamment celles avec les promoteurs locaux. Bien évidemment, suivant nos sensibilités, on s'est refilé de temps à autre des contacts parce que ça n'avançait pas sur telle ou telle piste. A cela s'est ajouté la présence de Vanessa Girth qui s'est chargée de toute la maquette et donc de la partie graphique de ce livre. Bref, un vrai travail à six mains à l'arrivée.

Phil : J’ai fait l’essentiel, et lui le superflu. Diviser la tâche ? Ça, c’est un truc de lessive…

C'était quoi l'idée de départ ? Des bouquins sur AC/DC, c'est pas ça qui manque...

Baptiste : Les livres sur AC/DC ne manquent pas, mais bien souvent, ils ne s'intéressent qu'aux années Bon Scott et survolent les années Brian (qui sont pourtant nettement plus longues avec tout autant d’anecdotes). On voulait un livre riche en illustrations, tant au niveau des photos que des documents, mais avec une partie texte très riche, un peu à l'image des CDs Remasters de 2003. Bon nombre de rumeurs sont mises à mal dans cet ouvrage ! Certes, les années australiennes ne sont pas abordées, mais pour le reste, grâce à toutes les interviews, nous retraçons la carrière du groupe de bout en bout. Sans prétention, je crois que c'est le livre le plus complet qui soit sur le groupe, ratissant toutes les périodes avec des intervenants ayant œuvré au plus près d'AC/DC pendant toutes ces années. C'est le livre dont on rêvait et qu'on a pu mener à terme.

Phil : L’idée de départ était de faire un bouquin suffisamment épais pour caler une vieille armoire Ikea. 

D'ailleurs, qui a eu l'idée au départ ? Toi ou l'autre ?

Baptiste : On va parler de paternité commune. Je bossais sur un webzine (Can't Stop ACDC Webzine) avec d'autres fans et j'étais entré en contact avec Phil pour avoir son avis sur notre travail (dans les années 1990, il rédigeait le fanzine Let There Be Light). J'avais dans l'idée de faire un numéro spécial sur les années du groupe en France. Après quelques fouilles, j'avais déjà quelques éléments en main. Phil, de son côté, souhaitait sortir un livre, au départ plutôt axé sur la carrière du groupe au niveau international. Mais entre temps est sorti le livre de Murray Engleheart. Du coup, se focaliser uniquement sur la partie française nous est apparu comme une bonne alternative, d'autant que Phil avait déjà des centaines de docs dans un coffre, qui n'attendaient que ça ! Donc, deux appels téléphoniques plus tard, on s'est mis d'accord sur ce projet et on s'est lancé dans l'aventure. Évidemment, on ne se doutait pas qu'on arriverait sept ans plus tard à un tel résultat.

Phil : Il dira certainement que c’est lui. Il aura à la fois tort et raison.

Tu penses quoi du résultat maintenant que tu l'as sous les yeux ?

Phil : Le livre devant être imprimé à la fin août, je ne l’ai pas sous les yeux. Faut suivre, bordel !

Baptiste : Franchement je suis très fier de notre travail à tous les trois. Ça valait vraiment le coup d'y passer autant de temps. Et puis, les premiers échos des fans lorsque nous avons lancé la souscription sur www.acdclelivre.fr nous ont, d'une certaine façon, rassurés. Nous étions convaincu de la qualité et de la minutie du travail réalisé, mais la grande question était de savoir comment allaient réagir les fans du groupe. Et nous n’avons pas été déçus ;)

Qu'est ce que vous avez mis dedans pour que la bête pèse 3,850 kg ?

Phil : Du lourd ! Quoi d’autre ?

Baptiste : Tout ce qu'on a pu. Des centaines de photos, de documents, d'interviews. Je le dis dans la vidéo qui figure sur www.acdclelivre.fr, mais ce sont clairement des heures et des heures de lecture qui vous attendent. D'autant que la maquette est remplie de détails en corrélation avec AC/DC et la France. Bien malin et bien curieux qui saura retrouver tous les éléments intégrés à celle-ci. Par ailleurs, nous avons opté pour un papier classe (150 grammes) et forcément, ça joue dans le poids de la bête.

J'étais étonné de ne pas trouver Zégut dans l'affaire, mais j'ai vu qu'il signe l'édito. Il vous a aussi ouvert ses archives personnelles ?

Baptiste : De mon humble avis, Zégut a suivi et vu tant de groupes qu'il est capable de parler de toute cette sphère rock/hard rock de façon générale. Il a plus une vision globale de cette mouvance alors que nous on s'est focalisé uniquement sur un groupe et de façon ultra pointue. Concernant ses archives personnelles, j'espère pour lui qu'il n'est pas trop collectionneur car vu le nombre de groupes qu'il a suivis dans toute sa carrière, il a de quoi remplir quelques dizaines d'armoires normandes de memorabilia.

Phil : Il a répondu à nos questions et nous a confié quelques photos. Mais surtout, il a largement contribué à mon éducation musicale avec ses émissions radio. Et ça, ça n’a pas de prix. 

Avec le recul quel a été la partie la plus difficile de ce projet ?

Baptiste : Faire comprendre à Phil que son bob AC/DC à paillettes était un faux ! Pour le reste, sept ans, c'est très long. Alors, le fait d'avoir été deux à travailler dessus (hors maquette) nous a permis à certaines occasions de nous remotiver l'un l'autre pour continuer à avancer sur le projet, se donner de nouvelles idées. La vraie complexité de mon point de vue a plus tenu de la longueur de ce projet. D'autant qu'il s'est passé plein de choses dans nos vies respectives. Alors, il a fallu jongler avec nos boulots, nos familles et ce livre, un sacré dilemme dans bien des cas.

Phil : Réussir à avoir une conversation téléphonique avec Baptiste sans que son portable ne coupe.

Y a-t-il des choses que vous feriez différemment avec ce même recul ?

Baptiste : A de rares occasions peut-être, notamment dans ma gestion de quelques interviews, mais pour le reste, tout s'est déroulé sans accrocs. On s'est souvent dit avec Phil, à raison je crois, qu'une bonne étoile planait au-dessus de ce livre et le fait qu'on ait clôturé celui-ci confirme le bon déroulement du projet. Par contre, on a tous les deux porté plainte contre nos opérateurs téléphoniques. Pour le prochain bouquin, on fera installer un téléphone rouge entre nos maisons respectives !

Phil : Je lui achèterais une carte prépayée aux couleurs du F.C. Nantes.

Par exemple, le choix de l'autre auteur ?

Baptiste : Avec un peu moins de barbe, pourquoi pas ;)
Pour se remettre un peu dans le contexte, vue notre grande différence d'âge, lorsque j'ai rencontré Phil la première fois, c'était un petit événement pour moi. J'avais eu l'occasion de lire une très grande partie de ses papiers sur AC/DC, il faisait figure pour moi d'expert attitré du groupe en France. Alors, le rencontrer et me lancer avec lui sur un tel projet... J'avais un peu intérêt à faire mes preuves, je n'avais que vingt-deux ans. Une petite pression que je me suis mise tout seul au passage ! (rires)

Phil : Là, je redeviens sérieux un instant. Non, je ne changerais rien. Baptiste a été un partenaire idéal. J’ai adoré travailler avec lui car nous nous sommes complétés à merveille. Qui plus est, c’est devenu un vrai ami au fil du temps.

Sinon, pour les fans, qu'est ce qui fait que ce bouquin est essentiel dans leur bibliothèque ?

Baptiste : Au delà des infos super précises, ils trouveront enfin un livre couvrant toutes les périodes du groupe avec de superbes photos de bonne qualité, contrairement à ce qu'on peut trouver sur le web. En plus, on est vraiment sur un beau livre grand format, l'objet est classieux ! Enfin, c'est la première fois que des membres du groupe sont interviewés et participent à un livre (je ne parle même pas des interviews de Slash, Judas Priest, Y&T, …) alors je n'hésiterais même pas une seconde à leur place !

Phil: 1200 photos (dont 85% inédites), 600 documents, 200 interviews exclusives, 700 pages, 3,850 kg… Est-il utile d’en rajouter ?

Est-ce justement un bouquin pour les ultra fans, ou bien ça va intéresser un groupe plus élargi de curieux ?

Phil : Si je le savais, je serais Elizabeth Teissier.

Baptiste : Un fan d'AC/DC va forcément adhérer sans être un ultra. Les fans de hard en général y trouveront également leur compte, puisque nous revenons sur les années KCP durant les dix premiers chapitres du livre et le défrichage des salles de concerts qui va avec. Comment on est passé des salles de sport avec des sons pourris au possible pour transiter vers les Zénith et enfin atterrir à Bercy… Tous les acteurs de ces différentes époques apportent leur témoignage sur l'évolution des concerts dans le milieu du rock. Enfin, pour les ultras, rarement autant de précisions ne leur aura été apporté dans un livre refermant en prime son lot de surprises qui devrait combler tout le monde.

C'est un beau livre, et donc un livre cher (70 Euros), tu es conscient que tout le monde ne pourra pas se le payer ?

Baptiste : 700 pages pour 70€, c'est effectivement cher, mais ça ne nous semble pas excessif vu l'ouvrage final. Par ailleurs, ce projet est réalisé sans financement. Toutes les photos achetées depuis près de sept ans, tous les déplacements, etc., nous avons tout financé de notre poche. Chacun pourra se faire son idée une fois l'ouvrage en main, mais pour le coup, nous sommes vraiment sereins quant aux retours des premiers lecteurs.

Phil : Oui, malheureusement, mais la qualité a un prix. Et elle est au rendez-vous. Au fait, le livre coûte 69,90 euros.

Et le groupe, ils l'ont vu ce bouquin ? Et ils en ont pensé quoi ?

Phil : Le monsieur te répète que le bouquin n’est PAS ENCORE IMPRIMÉ !!!

Baptiste : Pour le coup, personne ne l'a vu, même pas nous. On a réalisé un prototype qui est en toute petite partie dévoilé dans la vidéo sur notre site. Mais l'ouvrage final sera encore plus grand, plus dense, bref… L'impression de celui-ci va avoir lieu fin août, on le découvrira seulement à cette occasion.

Vous pensez qu'il y a une relation particulière entre la France et AC/DC ? Laquelle ?

Baptiste : Forcément, sinon le groupe ne serait pas venu jouer à soixante-deux reprises dans nos contrées, n'y aurait pas enregistré d'albums…

Phil : Si nous ne le pensions pas, ce livre n’existerait pas. Lis-le et tu comprendras.

Tu peux nous filer des petites infos inédites sur l'actualité du groupe dans les mois qui viennent ?

Baptiste : Hélas, les dernières infos en date ne sont pas super rassurantes ….

Phil : Non. Mais c’est bien tenté ! 

Et sur la tienne ?

Baptiste : Rien d'inédit, mais super content de l'accueil des fans pour le lancement de la prévente. Nous ne nous attendions pas à un tel engouement. Alors, un grand MERCI à tout le monde !

Phil : Là, je vais me coucher. Cette interview m’a filé des maux de crâne.

Merci d'avoir joué le jeu !

Baptiste : Merci à toi

Phil : J’ai gagné ?

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