AqME

Interview date

11 Octobre 2013

Interviewer

Jojo

I N T E R V I E W

Interview AqME (face à face)


Dans ce cadre magnifique, salut AqME ! Merci de répondre à nos questions pour AuxPortesDuMetal. Vous êtes à Cannes, comment avez-vous fait pour vous retrouver ici ? Vous êtes en tournée ?

Vincent : Ben c’est tout con, on a reçu un mail nous disant « les gars, est-ce que vous voulez jouer à Cannes à la MJC Picaud ? » et on a dit « Ben ouais ! ».


Etienne : C’est dans le cadre de la tournée "Epithète, Dominion, Epitaphe" ; on essaie de faire un maximum de dates à travers la France, donc on se trouve aujourd’hui à Cannes et sur la Côte d’Azur, et c’est rare parce que le Sud-Est c’est pas trop metal.

Ok, je vais essayer de ne pas tenir compte de la dernière remarque…

Etienne : Ah ben t’es mieux placé que nous pour le savoir, on invente rien !

Hum hum, bref ! Bon, et cette tournée, elle se passe bien ?

Charlotte : Oui, ça fait un an et demi qu’on tourne pour l’album, c’est quand même notre sixième album.
Etienne : Et ça fait deux ans que Vincent est dans le groupe, et voilà, on tourne on tourne on tourne !

Vous tournez pour l’album, mais entre-temps un nouvel EP est sorti, non ?

Etienne : Ouaip ! En fait c’est ce qu’on entend par « album » : album et EP !

Justement, j’aimerais qu’on s’attarde une seconde sur le sujet : votre EP est trouvable soit en version digitale, soit en version physique en bundle avec l’album, mais pas « en solo ». Pourquoi ce choix ?

Vincent : C’était une volonté de donner un nouveau souffle à l’album, tout en restant dans la lignée d’"Epithète, Dominion, Epitaphe", et pas sortir un truc à part histoire de dire « eh, regardez on est là ! ». On a fait comme AqME a toujours fait : quand on commence la tournée, on fait des éditions un peu spéciales pour la tournée. Et là, on a profité de commencer à tourner pour sortir des titres inédits, les premiers avec moi au chant.


Etienne : On était un peu dans une position délicate, parce que Thomas l’ancien chanteur nous a quitté juste après l’enregistrement de l’album. Donc on s’est retrouvé à sortir l’album alors qu’on avait un nouveau chanteur –qui n’était donc pas celui qui avait chanté sur le disque-. Mais ça s’est fait tellement rapidement qu’on a pas eu le temps de réfléchir à tout ça ! C’est la maison de disques qui nous a proposé ça, et on a pensé que c’était une bonne idée !


Vincent : En tout cas pour nous c’était l’occasion de rebondir et de dire « voilà, maintenant on a ça, AqME c’est ÇA ! »

AqME c’est ça, et incontestablement c’est quelque chose de nouveau. On vous sent plus enragés qu’avant, ça se sentait déjà sur "Hérésie" en 2007, mais sur "Epithète, Dominion, Epitaphe" on ressent carrément des influences post-hardcore, voire death metal sur certains plans. Est-ce que c’est ton arrivée au chant, Vincent, qui a influencé ce petit virage musical, ou est-ce que ça s’est fait naturellement, comme une évolution logique ?

Vincent : Je pense que ça vient petit à petit, les influences de chacun ressortent de plus en plus, et tous les quatre on est issu de cette culture, celle du hardcore et du death metal, même du black, et ça ressort sans forcément qu’on s’y oblige. Donc on va un peu là-dedans en restant très AqME !


Etienne : De toute façon on est des gens qui écoutons énormément de musique, beaucoup de rock, beaucoup de metal, mais vraiment de tous les genres différents, et c’est ce qui a toujours fait la force d’AqME. On a une manière de faire notre musique, qui fait qu’aujourd’hui on est AqME, mais on a toujours mélangé différents éléments, sans pour autant qu’un de ces éléments prenne le dessus. On sera jamais un groupe de death metal, ni de post-hardcore, mais on sera toujours un petit peu de tout ça à la fois ! Tout à l’heure pendant les balances on jouait "Blood and Thunder" de Mastodon, parce que ça fait partie des groupes qu’on adore, mais c’est pas pour autant que demain on va se mettre à jouer du Mastodon ! On n’est pas figé en fait, on est pas comme Slayer ou AC/DC qui ont inventé un style. On a qu’une envie, celle d’évoluer tout le temps ! On garde notre personnalité, mais on évolue tout le temps !


Vincent : Et notre truc, ça a été de toujours mélanger nos influences. Dès qu’on joue un truc, on va avoir envie de jouer l’extrême opposé, le yin et le yang ! Toujours ! Mais globalement, on fait ce qu’on veut, on n'a pas de limites –en tout cas on ne s’en impose pas- demain on va sortir un album hyper calme, et après-demain on va sortir un album ultra violent.

Vincent, je vais te poser une question qu’on a dû te poser des milliards de fois. Tu es arrivé au sein d’AqME pour prendre le flambeau de Thomas, qui avait énormément marqué le groupe de son empreinte vocale. Est-ce que ce n’est pas difficile de s’approprier un répertoire qui n’est pas le sien, et qui est aussi particulier ?

Vincent : Oui et non, c’est comme tout. Dans les concerts y’a des gens qui étaient là pour voir AqME, et d’autres qui étaient là pour voir Thomas. Parmi ceux-là, certains ont été curieux et ont franchi le cap, et d’autres sont restés sur leur position et ne sont même pas venus voir. Mais heureusement pour nous, la majorité des personnes étaient fans d’AqME et pas seulement de Thomas. Et ça c’est cool ! Aujourd’hui quand on fait des concerts c’est pour montrer aux gens qu’AqME est vivant, qu’on est là pour partager ce moment avec eux, et qu’on est là pour envoyer la purée ! Depuis que je suis là je constate que les gens viennent nous dire que ça fait plaisir de nous voir comme ça, comme si ça leur avait manqué, quoi !

A propos de votre public, est-ce que vous pensez que ce nouveau son, qu’on pourrait qualifier de plus radical, va vous apporter une nouvelle « fanbase », de « nouveaux metalleux » ?

Etienne : Oui je pense ! Il y a des fans de la toute première heure qui ont évolué avec nous, qui nous suivent et qui comprennent nos choix ; à l’inverse ceux qui nous découvrent aujourd’hui découvrent un AqME qu’ils ne soupçonnaient pas forcément. Donc il y a plusieurs générations qui se croisent, c’est intéressant. Mais oui, il y a clairement de nouvelles têtes !


Vincent : Et en concert, on propose une setlist qui condense tout ce qu’on a de mieux sur nos six albums ! On veut se montrer tel qu’on est, toutes nos « périodes » sont représentées, et ça semble plutôt bien passer !

J’aimerais qu’on aborde un peu vos textes. Pourquoi avoir fait le choix de chanter en français, là où 90% des groupes d’aujourd’hui utilisent la langue de Shakespeare ?

Etienne : C’est vrai aujourd’hui, mais dans les années 90 c’était loin d’être le cas !


Charlotte : Lofofora, Pleymo, Watcha, Enhancer, Mass Hysteria, y’avait plein de groupes qui chantaient en français !


Etienne : On a démarré par le français parce que ça nous paraissait normal ! Thomas n’était pas à l’aise avec l’anglais, ni pour l’écrire ni pour le chanter. Donc, quand bien même on écoutait des groupes anglo-saxons, la volonté de chanter en français s’imposait ! Et d’ailleurs, à l’époque les maisons de disques ne voulaient signer aucun groupe qui chantait en anglais ! Ici en France on est très influencé par les modes, donc les maisons de disques, voyant que le français marchait plutôt bien, elles refusaient de signer les groupes anglais ! C’est le premier truc qu’on nous demandait quand on démarchait les maisons de disques ! Nous, le français, ça fait partie de notre personnalité !

Quels thèmes abordez-vous dans vos chansons ?

Vincent : En ce moment, j’écris pour le prochain album, et les thèmes que j’aborde sont assez larges, mais principalement j’écris sur la haine de ce qu’il se passe en ce moment, parce que c’est pas facile pour notre génération, que ce soit à travers la musique, le boulot ou la vie de tous les jours. Mais je vais pas refaire le monde hein, je te le dis. Le plus gros challenge c’est d’arriver à écrire aussi bien que Thomas sur "Epithète"..., mais je vais y arriver, j’en suis sûr ! (sourire)

Je vous propose de faire…

Vincent : excuse-moi je te coupe, mais là derrière nous il y a un mec qui se baigne dans la mer ! Vous avez fait les grandes gueules à me dire qu’on se baigne pas en octobre, mais moi j’suis pas une lopette, je vais y aller avec lui hein ! Pardon, continue.

Je vous propose donc de faire un saut dans le passé. Vos paupières sont lourdes, nous sommes au début des années 2000. Avec Pleymo, Enhancer, Watcha vous faites partie de la Team Nowhere. Est-ce que vous avez encore des contacts avec ces groupes ?

Charlotte : ben non, ils se sont tous dissouts ! (rires)


Etienne : Voilà, et puis il faut avouer qu’on était pas toujours avec eux, nous est de Paris, eux ils étaient plus de la banlieue, donc ils se voyaient plus souvent. Ca a été un passage assez rapide pour nous. Plein de bonnes intentions, mais beaucoup trop d’individualisme. Et puis comme les groupes ont fini par marcher par eux-mêmes, le collectif a plus trop eu de raison d’être. C’est à la fois le symptôme d’une période et le déclenchement d’un nouveau truc, quoi ! On a tous contribué à faire écouter du rock et du metal à plein de jeunes, et ça c’est vachement cool !

Si vous deviez faire une introspection (NDLR : oui, j’étais inspiré quand j’ai pondu mes questions), si vous deviez prendre du recul, est-ce que, aujourd’hui, il y a des choses que vous changeriez dans AqME ?

Etienne : Moi y’a un seul truc que j’aimerais changer, c’est la production de "La nuit des temps", le troisième album ! Et y’a beaucoup de gens qui nous ont lâchés à cause de cet album !

C’est un peu le "St Anger" d’AqME, en fait ?

Vincent : oh, c’est la première fois qu’on nous la sort, cette comparaison, c’est pas mal !


Etienne : Oui mais en même temps, pour "St Anger", le problème c’est qu’il y a pas de bons morceaux en fait ! "La nuit des temps" est vraiment, je pense, un bon album, mais…voilà…la prod lui fait défaut ! Alors que pour le coup, "St Anger", il manque la bonne prod ET les bons morceaux ! (rires)


Vincent : Bon, y’en a encore pour longtemps, cette interview ? J’ai envie d’aller me baigner, moi ! (rires)

On est bientôt à la fin, du calme ! Après toutes ces années vous êtes encore sur la route, c’est génial ! Vous avez encore un avenir, pas forcément chez Roadrunner mais bon, vous avez toujours votre mot à dire, votre carte à jouer, c’est fou !

Vincent : Bah tu sais, la crise existe bel et bien et elle touche tout le monde. Nous on est en plein dedans ! Mais une fois qu’on aura passé ce virage un peu délicat, tout ira pour le mieux !


Etienne : On a encore la passion, donc on est encore là et on est pas près d’arrêter ! Tant qu’on aura des choses à dire, qu’on aura la sensation qu’on n'a pas tout exorcisé, on continuera à jouer ensemble. Et quand on verra qu’on joue tout le temps les mêmes morceaux et qu’on n'arrive plus à trouver d’idée fraîche, là on arrêtera.


Vincent : Et, en étant tout-à-fait transparent, la crise a peut-être fait en sorte que c’est plus dur pour nous aujourd’hui, on est moins rémunérés, mais on bosse comme des malades et c’est sûrement pas ça qui va nous arrêter ! On se soutient tous les quatre, et on continue par passion. Quand on fait des centaines de bornes c’est parce qu’on adore ça, et on voit que le public aussi !

Bon, j’aurais aimé terminer mon interview de manière originale, mais j’en suis incapable, donc je vais vous demander le mot de la fin pour nos lecteurs !

Tous : merci de venir à nos concerts, et plus généralement de soutenir la scène Metal !


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