Interview Philippe Casetti

Bonjour Philippe, pourrais-tu te présenter brièvement à nos lecteurs ? Quel a été ton parcours avant de devenir organisateur de concerts et responsable de la salle Monster'S Art ?

Je suis Philippe Casetti, entrepreneur chez Work Music Concept et responsable de la salle Monster'S Art. J'ai débuté en tant qu'ouvrier sur machines-outils et technicien d'essai en mesure physique. Au printemps 2002, j'ai eu l'idée et l'envie de créer un magasin de vente d'instruments de musique, que j'ai appelé Work Music Concept. Dans les débuts, l'établissement se trouvait dans un local de 80 m² sans vitrine, et nous avons déménagé une première fois en 2003 dans un espace légèrement plus grand avec cette fois-ci une vitrine. L'activité ayant augmenté en 2010, j'ai transféré Work Music Concept à Cannes, rue Georges Clémenceau, dans un espace de 400 m² offrant plus de place. Cet endroit incluait une surface de vente, des locaux de répétition, une école de musique, une scène qui accueillait des showcase et des soirées café théâtre appelé le Cannes Comédy Club, un espace détente, un backline et un musée du synthétiseur.

En 2012 j'ai décidé de m'aventurer dans un autre univers musical en créant une salle de spectacle, ce qui m'a amené à chercher un lieu que j'ai trouvé en 2015 à Fréjus. La même année j'ai enfin ouvert ma salle de spectacle que j'ai nommé "Monster'S Art", dans la foulée j'ai lancé le Monster Comedy Club ainsi qu'une émission de télévision en direct sur YouTube consacrée au rock, intitulée "Monster'S Art Tv" puis j'ai réouvert Work Music Concept. Autres dates importantes : en 2016, j'ai créé le Monster'S Investigation et en 2017, j'ai participé à l'émission Rock Intimity une fois par mois et établi un partenariat avec le magasin de musique Rhapsody.

En parallèle de tout ça, je suis également compositeur, interprète et arrangeur, influencé par le rock et le rock progressif (ELP, Genesis, Yes, Pink Floyd, Deep Purple King Crimson, etc.). En 2008, j'ai lancé un projet nommé Korrigan, un opéra rock basé sur le thème des Korrigan (petits lutins celtiques) que j'ai retravaillé plus tard en 2017. J'ai été aussi claviériste pour Gozzienko en 2015, année où j'ai également créé le projet Work's, un projet expérimental centré sur l'improvisation et les sons acoustiques. 

Comment est née l'idée de créer la salle Monster'S Art ? Quand cela s'est-il produit ?

En fait, tous les vendredis et samedis dans le dernier magasin, nous organisions des showcases ou du café-théâtre, ce qui m'a passionné pour la scène émergente. Et comme je l'ai dit au-dessus l'idée m'est venue en 2012, après un ras-le-bol de vendre des instruments de musique, car les fournisseurs ne nous aident pas du tout.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées lors de la création de cette salle ?

Trouver un local abordable, accessible avec un parking, et permettant un accès facile à la scène pour moins de 200 personnes, tout en obtenant l'approbation de la commission de sécurité.

Qu'est-ce qui distingue Monster'S Art des autres salles de concert ?

Le principe est de ne pas faire de sélection sur la base de vidéos ou d'audios ; en fait, je les écoute pour la première fois lors de leurs balances au Monster'S Art. Honnêtement, cela a toujours été super. Au Monster'S Art, nous n'avons pas la prétention d'être juges ou jurys ; tout le monde a le droit de jouer ici. Nous avons la chance que ce soit les groupes qui nous contactent, et non l'inverse. depuis sa création en 2015 nous avons reçu des artistes de nombreux pays : Italie, Suisse, Allemagne, Belgique, Croatie, Russie, Biélorussie, Angleterre, Irlande, Écosse, Espagne, USA, Canada, Amérique du Sud, Afrique du Sud, Liban, etc. Et environ 600 groupes ou artistes émergents ont été accueillis au Monster'S Art, ainsi que quelques têtes d'affiche, comme Chris Holmes, Adam Bomb, Nina Van Horn, Black Bomb A, Bukowski, Rosedale, Fred Chapelier, Pascal Vigné, Pascal Mulot, Piwee Desfray, Guérilla Poubelle, Bob Castel, Smash It Combo, Pat O'May, YANG, Aephanemer, Mad Sin, Virgil Donati...

Comment décrirais-tu l'ambiance et l'identité de Monster'S Art ?

C'est une ambiance très familiale. Tout le monde se respecte, nous travaillons sérieusement pour toujours respecter l'image des groupes et également le public qui paye une entrée, mais nous ne nous prenons jamais trop au sérieux.

Comment sélectionnes-tu les artistes et les groupes qui se produisent chez toi ?

C'est très simple, il suffit qu'ils m'appellent au téléphone.

Y a-t-il des genres musicaux ou des types d'artistes que tu privilégies ?

Pour moi, c'est le rock progressif des années 70 (ELP, YES, GENESIS, etc.), mais tous les styles sont bons à découvrir. C'est formateur.

Comment parviens-tu à programmer un groupe comme Vanden Plas ?

C'est une chance exceptionnelle, car je connais bien le tourneur pour la France et après avoir trouvé un terrain d'entente, j'ai dit oui. J'aime prendre des risques et j'aurai également la chance de faire la première partie avec Korrigan.

2025 sera l'année des 10 ans de la salle, pourquoi avoir décidé d'organiser un festival de 5 jours pour célébrer cet anniversaire ?

Dix ans, ça se marque et ça se fête. Je voulais faire plaisir aux groupes qui soutiennent le Monster'S Art depuis longtemps. Cependant, cela a nécessité une sélection, ce qui a été très compliqué car la scène émergente française est de haut niveau. D'ailleurs, l'intégralité des entrées sera reversée aux groupes en parts égales.

Quels sont les principaux défis logistiques et organisationnels pour un tel événement ?

Pour moi, c'est assez simple. Ayant déjà organisé plusieurs festivals, dont un avec 25 groupes sur 2 jours, il suffit de gérer les candidatures des groupes et d'avoir une équipe de super bénévoles.

Peux-tu nous les présenter ?

Alors Sandrine Casetti Présidente de l'association Monster'S Art, à la communication Christelle Roquelle, aux lumières Philippe Bargis, Oriane Duchêne et Marc Mercère en complément.

Peux-tu nous donner un aperçu de la programmation du festival ?

Du mercredi 18 au dimanche 22 juin 2025 nous pas moins de 16 groupes vont participer au festival, voici le programme :

Y a-t-il des artistes ou des moments forts que tu attends particulièrement ?

Difficile de choisir, car tous ces groupes sont formidables et méritent d'être vus et revus, donc chaque soirée sera magnifique.

Quels sont tes objectifs et tes attentes pour ce festival ?

Un seul objectif au Monster'S Art : faire découvrir la scène émergente française.

Quel impact penses-tu que le Monster'S Art a eu sur la scène musicale locale et régionale ?

Difficile de faire des prévisions.

Comment vois-tu l'évolution de la scène musicale dans les années à venir ?

C'est compliqué de répondre. Le problème est que le public garde son argent pour voir des têtes d'affiche dans de grands festivals et, le reste de l'année, ne sort que très peu, ce qui rend difficile le remplissage des petites salles qui sont en difficulté.

À part le festival, as-tu des projets ou des événements particuliers en préparation pour l'avenir ?

Oui, il y aura un autre événement en fin d'année pour ceux qui ont voulu participer au Ten Year After et qui n'ont pas pu. Il s'appellera probablement Ten And A Half Years Later.

Comment envisages-tu l'évolution du Monster'S Art dans les prochaines années ?

C'est une très bonne question, je suis heureux que tu me la poses. Je vais être direct. Il faudra à un moment ou un autre que je trouve un repreneur, mais il devra partager le même esprit que moi et le Monster'S Art, ce qui n'est pas gagné. Donc pas d'inquiétude, ce n'est pas pour demain !

As-tu un message ou des conseils à partager avec les jeunes organisateurs de concerts ou les passionnés de musique ?

Toujours aller au bout de ses rêves, ne jamais abandonner. Ce métier est difficile et contraignant à divers égards, mais cela doit rester une véritable passion et ne pas être fait uniquement pour l'argent au départ, sinon, il vaut mieux laisser tomber. Tu sais à quelle heure tu arrives, mais pour l'heure de sortie, tu ne le sais pas, donc il faut s'y préparer.

Comment les lecteurs peuvent-ils suivre l'actualité de Monster'S Art et du festival ?

Sur la page Facebook de la salle ici.

As-tu des anecdotes marquantes ou des moments mémorables à partager depuis l'ouverture de Monster'S Art ?

Une des plus drôles est qu'un groupe a oublié un musicien au Monster'S Art à la fin d'un concert, donc j'ai dû l'héberger pour la nuit.

Comment gères-tu l'équilibre entre la gestion de Monster'S Art et ton projet musical Korrigan ?

Pour le Monster'S Art, c'est H24, mais c'est ma passion, donc je fais en sorte que tout se passe bien. Pour Korrigan, c'est plus compliqué car c'est une grande structure, c'est un opéra rock et nous ne jouons pas autant que nous le souhaiterions, mais nous faisons avec. C'est la vie.

Avez-vous un nouvel album en préparation, des concerts prévus ?

Tu vas rire, mais depuis 17 ans que Korrigan existe, je n'ai jamais voulu faire un CD, je pense que ce serait ennuyeux à écouter. Il vaut mieux le voir en concert.

Je te remercie de ton attention et te laisse les mots de la fin pour nos lecteurs.

Merci à toi de m'avoir permis de participer à cette interview. c'était super cool. En espérant ne pas vous avoir trop ennuyés avec mes réponses.