Groupe:

Point Mort

Date:

18 Juin 2022

Interviewer:

JeanMichHell

Interview Sam + Damien + Olive + Aurélien + Simon

En préambule, je tiens à préciser tout le plaisir que j'ai eu à rencontrer le groupe Point Mort, ils devaient enchaîner la 25ème interview de la journée mais pour autant j'ai rencontré un groupe
sympathique, motivé et complètement à l'image de leur premier album, ils partent dans tous les sens !

Bonjour, pour ceux qui n'auraient pas le plaisir de vous connaître, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Sam : Point Mort c'est parti de Damien (basse) et Olive (à la guitare) qui ont monté un projet amical à la base, avec un autre guitariste initialement, et forcément ils se sont mis à la recherche d'un batteur et d'un chanteur. Je suis rentrée par ce biais-là.

Simon : Et donc Simon à la batterie, je suis arrivé il y a quatre ans en remplacement d'une tournée. Je me suis fait des vacances gratuites avec le groupe, et au final je suis resté car je suis un peu maso et que j'aime le rock ! Initialement, on s'était rencontré sur des concerts, il m'avait informé qu'il cherchait un nouveau batteur, on a essayé et ça a tout simplement collé. Depuis nous avons enregistré ensemble un EP et un album.

Aurélien : Salut moi c'est Aurélien je suis à la guitare, en fait j'ai adoré les deux premiers EP, ensuite j'ai tout simplement auditionné et aujourd'hui je fais partie du groupe. En fait, non je ne fais pas partie du groupe !

Damien : Salut, moi c'est Damien je fais passer les auditions et je n'intègre pas tout le monde au groupe ! (Rires)

Vous vous êtes rencontrés comment ?

Damien : Dans un bar forcément ! Sachant que je ne bois pas d'alcool, je passe ma vie à traîner dans les bars et à boire des cocas !

Olive : Après les bars, nous avons également un second facteur en commun : le cynisme ! C'est manifestement le cynisme qui nous a réunis.

Quels ont été les retours sur votre premier album : Pointless ?

Sam : Globalement c'est plutôt cool, on discute depuis tout à l'heure avec différents médias et on a eu des retours en direct qui sont plutôt bons. Il y a eu pas mal de chroniques, pas mal d'interviews, et dans le lot vraiment des très très bons retours, et quand on y pense c'est quand même assez fou... Que des gens prennent autant de temps pour écouter, comprendre, décortiquer, et finalement adhérer à notre musique, ça nous laisse complètement pantois.

Simon : On a reçu aucun mail d'insultes pour l'instant !

Olive : On a eu l'occasion de tester les nouvelles compositions de Pointless en live d'abord et les premiers retours ont été bons. C'est un vrai bon moyen de tester les titres.

Vous avez effectué beaucoup de tests avant la sortie ?

Olive : On a dû en tester deux sur huit, dont Les Corps Flottants. De toute façon, quand tu rentres en studio avec trois jours pour enregistrer un album, il faut qu'on soit déjà prêt. On avait déjà une cartographie assez précise de notre album. Et lorsque Amaury nous a reçus en studio, il a complété. Même si nous n'avons pas changé les titres, il nous a apporté quelques petits ajustements, sur la manière de jouer certaines notes, sur une somme de petits détails... Et comme on enregistre full live, c'est cet ensemble d'ajustement qui a fait que nous sommes sortis du studio pleinement satisfait.

Vous passez par beaucoup de genres dans votre album, quelles sont vos accointances musicales ?

Simon : Finalement il y en a peu ! (rires)

Aurélien : Je crois qu'en fait il n’y en a même pas une !! C'est compliqué, on aime tous des trucs très différents et on arrive tant que mal à faire une musique qui nous réunit tous. Je crois que le seul groupe que nous avons en commun : C'est Point Mort ! (Applaudissement et hilarité générale !)

Simon : Si par exemple on prend un groupe comme Converge, il y en a quatre qui vont trouver ça énorme et un cinquième qui va trouver que c'est de la merde !

Olive : À la limite on pourrait parler à Dillinger Escape Plan ! (Ndlr :Sourire de l'interviewer !) et même si musicalement ce n'est pas tout à fait ce qui me fait kiffer, c'est plutôt la démarche que je retiens, je fais ce que je veux que ça plaise ou non.

On sent quand même une certaine influence ?

Olive : Oui mais je t'arrête tout de suite Dillinger Escape Plan, ce sont des virtuoses, nous concrètement on n’a pas les compétences pour jouer de la même manière ! (Ndlr : En off: Parles pour toi !)

Vous parliez de Converge tout à l'heure, là encore on sent une certaine influence, il suffit de prendre votre côté punk pour faire le lien.

Olive : Moi tu vois à la base je ne suis pas du tout punk. Et au final, c'est l'énergie qui m'intéresse. Je crois que c'est comme ça qu'on fonctionne on n’est pas forcément d'accord sur l'essence de notre musique mais je crois que chacun s'adapte avec ce qu'il sait faire et avec ce qu'il est. Je crois qu'on navigue un peu comme ça, à vue, et il y a des endroits où on se retrouve.

Ce que j'entends derrière c'est le fait que vous n'ayez pas d'influence commune finalement apporte une variété que l'on retrouve dans vos compositions ?

Simon : Ce qui est beau, c'est qu'en fait au final il y a une forme d'union. On recherche les points communs.

Olive : On essaye, on teste jusqu'à trouver ce qui fait sens pour nous cinq !

Et bien ça doit être sympa quand vous vous mettez à composer ?

Damien : C'est juste interminable ! Mais quand on arrive au studio pour enregistrer, ben ça vaut toutes les heures de débat parce qu'on est juste d'accord, et on est fier de ce qu'on présente.

Aurélien : On passe des heures à débattre sur des choses qui sont parfois stériles. On prend une idée, on la tourne, on la retourne, pour soit en faire quelque chose, soit rien. Par contre, on ne se pose jamais de question avant de tester quelque chose en live parce qu'on estime que ça ne sert à rien. Quand tu te lances dans des compositions, que tu écris quelque chose, tu te dis que ça sonne bien. Et quand tu le passes en live, finalement ça ne donne absolument rien.

Du coup, c'est quoi votre point de départ pour commencer à composer ?

Simon : Le point de départ est un peu chacun de notre côté, on prépare dans notre coin à quelque chose et ensuite on présente au groupe. On peut aussi travailler tout simplement à deux, parce que si tu essaies de travailler quelque chose à cinq, ça devient vite le bordel. Mais en tout cas les démos de base c'est souvent une personne où deux.

C'était votre premier Hellfest, comment vous l'avez appréhendé ?

Simon : Nous ça fait deux ans que cette date est arrêtée, sauf que concrètement elle a été repoussée deux fois... Si tu rajoutes le fait d'avoir enregistré l'album, le fait d'avoir avancé en tant que groupe, fait que nous sommes certainement plus près aujourd'hui qu'il y a deux ans. Après, on a tous notre manière de gérer le stress et l'appréhension d'un concert comme celui-ci. Pour comparer, il y a deux semaines on a joué dans un tout petit club, et d'un seul coup tu te retrouves catapulté sur une scène comme la Valley, avec des roadies, tu arrives dans une tente où il y a 3000 personnes qui t'attendent pour jouer... C'est évident que tu n'appréhendes pas les choses de la même manière... Après on a chacun notre manière de gérer, mais ce qui est important c'est qu'on était préparé. On a fait une résidence, on a préparé une setlist adaptée, et on a fait au mieux.

Compte tenu des contraintes de temps, cela n'a pas dû être simple de trouver la bonne setlist ?

Aurélien : Surtout quand tu possèdes des morceaux de dix minutes !

Simon : Oui on a fait une sélection on a essayé d'avoir quelque chose de cohérent, globalement je suis content des morceaux que nous avons choisi. Personnellement j'ai passé un bon moment et a priori le public aussi. Et puis les premiers retours sont tombés très vite, on a fini de jouer à onze heures et à midi on avait les premiers retours sur les réseaux sociaux, et ils sont bons ! On fait une musique tellement personnelle qu'à la base on n’est pas forcément prêt pour ce genre de retour, alors certes statistiquement on trouvera bien des personnes qui seront les mêmes délires que nous, mais de là à ce que des gens en festival se lèvent exprès pour venir te voir ça donne une autre dimension.

Olive : Et lorsque tu entends : "Je m'étais mis sous la tente pour faire une petite sieste et puis finalement vous avez réussi à me réveiller et à me mettre en route pour la journée !". Ce sont des retours assez irréels quand tu réfléchis... Nous sommes un petit groupe parisien qui débarque sur scène et qui joue.

Damien : En fait, c'est juste aussi énorme qu'on l'imagine, les gens sont au taquet. On avait pas du tout anticipé ça, nous, on était concentré sur le fait de pouvoir donner le meilleur set possible. Ouais, c'était vraiment aussi incroyable qu'on puisse l'imaginer.

Il y a un mot que tu as utilisé tout à l'heure dans ta phrase, c'est une musique personnelle, et pour moi ça va plus loin de ça, elle confère à l'organique, vous êtes complètement sincères dans ce que vous présentez, est-ce que cela oblige à rester dans une forme de musique de niche ? Vous êtes sur un créneau en France qui est extrêmement rare.

Olive : Tu as assez bien résumé notre démarche artistique, on n'est pas là pour tricher tout simplement. Mais concrètement on ne l'a pas calculé, on fait ce qu'on a envie de faire, une musique qui nous parle.

Aurélien : On fait ce qui nous parle, à nous cinq, c'est un compromis quasi permanent.

Sam : Notre musique c'est notre volonté, c'est ce qu'on cherche à faire à nous cinq. Cette envie d'être à fond, d'être sincère, cela fait partie de nous. Je crois que si on devait passer notre temps à se poser des questions, on perdrait en sincérité, en vivacité, et en honnêteté.

Damien : C'est pour ça que le débat sur les influences est finalement assez stérile. Parce que notre musique elle confère à nos personnalités, et elles sont paradoxalement similairement différentes. On s'est posé beaucoup de questions au moment des compositions mais finalement on n'a aucune réponse... Et en live c'est pareil, on ne se dit pas : "Tiens je vais sauter à tel moment ! Je vais faire si, je vais faire ça !" Nous on lâche simplement les chiens ! Et c'est comme ça qu'on respecte les gens qui se sont levés à dix heures du matin pour venir nous voir ! Et lorsqu'à la fin du concert, Sam hurle à genou comme une damnée avec son micro posé devant elle, ce moment peut avoir lieu sans batterie, sans basse, ce n’est pas grave... Nous on hurle avec elle !

Simon : Comme je suis un véritable polémiste, je vais te dire quelque chose. De toute façon, les groupes qui n'y croient pas sur scène, on les grille ! On le sait les gars on vous voit faire ! (Hilarité générale et applaudissements) Vous venez chercher un cachet, vous jouez les mêmes morceaux depuis quarante ans, honte à vous !

Olive : Mais tu vois avec la musique que l'on fait c'est quand même un vrai délire d'avoir les retours qu'on a eu. D'entendre des gens avec une musique aussi viscérale, ressentir les mêmes choses et avoir des retours du genre : "Merci parce que votre musique me fait du bien." C'est juste exceptionnel !

Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite ?

Sam : De jouer le plus possible !

Simon : Si tu as une scène, tu nous appelles et nous on vient !

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