Interview Stéphane, Grégory & Eric

Bonjour messieurs ! Cet album a un concept et une approche assez différente de vos travaux précédents, il est notamment plus riche en arrangements / orchestrations… est-ce quelque chose qui a été dicté par le propos plus tourné vers les œuvres de science-fiction qui vous ont inspirées ?

Greg : Oui complètement. Nous avions déjà l’idée du thème global ainsi que des œuvres dont voulions parler avant même d’attaquer la composition et l’écriture. Nous avons conçu cet album un peu à la façon d’une B.O de film, en essayant de coller au maximum à l’ambiance et la couleur des œuvres dont nous nous inspirions. Tout en gardant les éléments fondamentaux de notre musique bien entendu.

Steph : C'était une idée de Greg à la base, et c'est vrai que le fait de ne pas traiter de sujets « réels » cette fois nous a fait sentir plus libres de prendre quelques libertés.

Bravo d’ailleurs pour la qualité des arrangements, l’album sonne super bien, jamais cheap, c’est assez bluffant. Comment avez-vous procédé ? Il me semble que vous avez fait appel à quelques musiciens extérieurs…

Greg : Merci. Il y a beaucoup d’instruments virtuels car nous n’avions malheureusement pas le budget pour un orchestre philharmonique. Je me suis chargé d’écrire et arranger toutes ces parties orchestrales ainsi que les nombreuses parties de claviers que tu entends sur l’album. Nous avons eu la chance d’avoir quelques musiciens invités pour assurer certaines des parties plus solistes (violon, piano, accordéon) pour leur donner un feeling impossible à reproduire avec un instrument virtuel. Nous avons également invité une chanteuse, Laurie, sur "The Greater Gift" qui a assuré un très beau duo vocal avec Steph.

Il semblerait aussi que vous ayez quasiment tout fait tout seul (production, arrangements, artwork…), cela doit être terriblement chronophage. Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce disque ?

Greg : La composition a débuté en 2019, donc oui… c’est chronophage ! Nous avons effectivement assuré l’intégralité de la réalisation de cet album, à l’exception du Mastering.

Steph : Sans le confinement, ce serait clairement allé plus vite car on n'a pas pu enregistrer, notamment la batterie, pendant un bon bout de temps. Mais oui, c'est extrêmement chronophage comme tu dis et on passe des soirées entières à ne se dédier qu'au groupe. D'autant qu'on est très exigeants et que tout doit convenir à tout le monde, nous sommes une vraie petite démocratie ^_^

Travaillez-vous ainsi parce que cela vous permet de garder un contrôle artistique absolu sur ce que vous sortez ou est-ce que cela provient plus d’une nécessité économique ?

Greg : Un peu des deux en fait. Mais c’est vrai qu’on aime garder le bébé au plus près car nous avons une vision extrêmement précise de ce que nous voulons et nous avons les compétences pour le mener à bien.

Steph : On avait projeté de laisser le mix et le visuel à d'autres, et finalement ça s'est mal goupillé. Il s'est avéré que mes idées de visuel ont plu et que les mix des démos de Greg sonnaient déjà énormes, donc on a renoncé assez rapidement. Je pense que la question ne se posera plus dorénavant. On est fauchés ET control freaks ^_^

Contrairement au premier album, ce n’est plus Jacob Hansen qui s’est occupé du mastering. De quelle aide extérieure avez-vous bénéficié ?

Steph : Le mastering est une étape plus « mécanique » et technique que le mix. On a fait des appels d'offre pour l'album précédent, et Audio Animals ont clairement supplantés les autres en terme de qualité (oui même Jacob Hansen). Donc on n'est pas allé chercher bien loin cette fois ci, on les a directement recontacté et ils ont bossé vite et bien. Ils ont un matos dédié de fou furieux très onéreux, et ça permet d'avoir une oreille extérieure pour la touche finale.

Votre album sort dans le même trimestre que celui de Star One (au concept semblable) et celui de Michael Romeo (consacré à La Guerre des Mondes). Ces artistes font-ils partie de ceux qui vous ont donné envie de vous lancer dans cette aventure ?

Greg : C’est plutôt une coïncidence, même si nous sommes très fans de ces artistes.

Steph : Coïncidence totale, puisqu'on bosse dessus depuis longtemps (et eux aussi d'ailleurs probablement).

Avez-vous d’ailleurs écouté leurs albums et qu’en pensez-vous ?

Greg : Je suis archi fan de tout ce que propose Michael Romeo, en solo ou avec Symphony X, et j’aime beaucoup War of the World Part 2. Il n’a pas cherché à spécialement se réinventer avec cet album mais il maîtrise tellement son sujet que je ne peux qu’apprécier. Je t’avoue avoir moins écouté le Star One. Il m’inspire un peu moins que les deux précédents.

Steph : Pareil. Le Star One est très chouette et le Romeo encore meilleur, on l'a pas mal écouté tous les deux !

A-t-il été facile de vous mettre d’accord sur les films ou livres dont vous alliez parler sur "Echoes From Afar" ?

Steph : Oui. Le choix est énorme mais ce sont finalement les premiers qui nous sont venus à l'esprit.

Aviez-vous d’autres idées d’œuvres de SF pour cet album auxquelles vous avez dû renoncer ?

Steph : La seule que j'avais proposé et qui a été écartée, c'est UW1, une BD française absolument géniale. On a finalement opté pour des œuvres qu'on connaissait tous. Sinon, on serait parti pour un double album !

Pour ce qui est de l’écriture, votre mode de fonctionnement est-il toujours le même, à savoir Greg pour la musique et Stéphane pour les lignes de chant et paroles ou est-ce que vous intervenez un peu dans les différentes sphères ?

Greg : Oui la démarche est toujours plus ou moins la même.

Steph : Cette fois-ci, Greg a un peu plus été en amont, c'est un peu plus son bébé que les précédents. Mais je lui ai toujours cassé les pieds à retaper les structures et à lui faire changer mille choses. Tant que c'est pour le bien du morceau, il accepte de bon cœur en général ^_^

"Echoes From Afar" est globalement moins agressif ou énervé que son prédécesseur. C’est le concept du disque qui a fait que vous sonnez moins en colère ou est-ce davantage lié à votre humeur du moment ?

Greg : Oui je pense que la thématique a énormément influencé l’écriture et le ton général de l’album. Il y a cependant pas mal de passages très intenses avec son lot de riffs bien nerveux et de vocaux agressifs mais c’est vrai qu’ils sont pris dans un contexte global plus nuancé et mélodique. On cherche à se renouveler et à proposer des albums différents à chaque fois donc c’est une évolution logique de Parallel Minds.

Steph : Disons que l’agressivité est distillée de manière différente. Je ne crois pas qu'on ait de titre aussi heavy que "NoFate" sur les autres albums, ou même un passage aussi frénétique que le passage speed sur "Monkey on my back". Mais c'est vrai que l'ensemble est moins thrashy... pour cette fois ^_^

Sur l’album précédent, vous aviez des invités (Kobi Fahri et Yossi Sassi), y a-t-il d’autres artistes avec qui vous rêveriez de collaborer et que vous souhaiteriez contacter pour la suite de vos aventures ?

Greg : Beaucoup trop pour tous les citer ici. Nous avions contacté Tore et Khan de Conception pour un featuring et ça n’a pas pu se faire mais qui sait, peut-être qu’un jour…Sinon j’avoue qu’un featuring de Jorn Lande ou Matt Barlow, ce serait un gros kiff de fanboy !!

Steph : Oui Tore Otsby avait dit oui et puis... En fait il faut que le featuring ait du sens, ce n'est pas juste pour avoir un nom. Kobi et Yossi ont vraiment apporté une touche orientale à "Syria" et leur engagement pour la paix entre cultures faisait complètement sens dans le cadre de ce morceau. Là, ça s'imposait moins, du coup on n'a pas cherché, hormis pour les instruments car on voulait que tout sonne au poil.

Vous avez fait d’excellentes reprises de Savatage, Scorpions ou Iron Maiden sur vos premiers albums. Est-ce un exercice que vous aimeriez réitérer à l’avenir ou est-ce que vous considérez plus cela comme une étape de début de carrière ?

Steph : En fait on a quelques covers dont on n'a rien fait encore. On va peut être les sortir pour prolonger un peu la vie de l'album plus tard dans l'année, rien n'est décidé.

Puisqu’on parle de groupes de légende, on sait depuis vos débuts quels « anciens » vous ont bercé et donné envie de faire de la musique (Symphony X, Blind Guardian, Iced Earth, Savatage, Conception…) mais on sait moins quels sont les groupes plus récents (disons post-2000) qui vous auraient tapé dans l’œil s’il y en a…

Greg : Pour être honnête j’écoute assez peu de nouveaux groupes, mais j’ai bien flashé sur Leprous dernièrement (bon..je sais c’est pas un groupe vraiment nouveau). J’adore Ghost également mais pareil, c’est pas non plus super récent. Désolé, j’ai pas mieux :p Ha si… Lag I Run, un groupe de Rock Progressif français que je te recommande chaudement. Je connais bien le chanteur/guitariste Nay et j’ai énormément d’admiration et de respect pour son travail.

Eric : Moi je suis plus dans la veine Linkin Park, Lamb of God, Disturbed, Killswitch Engage...

Steph : Comme Greg, j'ai des goûts de vieux con aussi ^_^ Je suis toujours mes héros, mais parmi les groupes « récents » je pourrais citer les Islandais de Solstafir et Skalmold, les frenchies de Arcania, ou des bizarreries comme Zornheym par exemple. Dans le heavy plus classique, Orden Ogan et Myrath sont clairement dans le haut du panier en ce qui me concerne.

Lors de l’interview faite pour la sortie de votre premier album, on avait évoqué les guitaristes qui ont influencé Greg… Passons aux autres membres du groupe ! Quels sont les chanteurs et les batteurs de référence pour Stéphane et Eric ?

Eric : Sans hésiter : Dave Lombardo, Krimh, Chris Adler, Franky Costanza, Gene Hoglan, Lars Ulrich.

Steph : Avec beaucoup d'hésitation (parce qu'il y en a tellement!) et en vrac, Russell Allen, Hansi Kursch, Freddie Mercury, Dio, Eric Adams, Daniel Heimann, Klaus Meine, Zak Stevens, Bjorn Strid... Tu es limité en place ou je continue ?

Pour ce qui est des enregistrements des albums, vous fonctionnez en trio (sans bassiste). En recherchez-vous toujours un ou est-ce que le trio est finalement une formule qui vous convient ?

Greg : Nous venons de recruter notre nouveau bassiste, Fabien. C’est un super musicien avec qui le courant passe très bien et on espère vraiment que ça va tenir avec lui car nous avons un historique un peu compliqué avec les bassistes :p

Pour les lecteurs qui vous découvriraient avec cette interview, quels sont les trois titres que vous leur conseilleriez d’écouter en priorité afin qu’ils se fassent une bonne idée de qui vous êtes ?

Greg : Je dirais "I Am" pour le côté très rentre-dedans et thrashy, "On Your Own" pour le côté plus mélodique et easy-listening et "The Greater Gift" pour le côté progressif et épique. Mais trois chansons c’est compliqué !!

Eric : Les trois chansons pour découvrir le groupe à mes yeux sont : "Reborn Through Hate", "Syria", "Feel The Force"

Steph : Choisir trois de ses bébés c'est impossible. Bon, partons sur "Ghost of Sparta" pour le 1er, "52Hz Whale" du 2e, et "Feel the Force" sur le nouveau.

Des prévisions de concerts pour vous en 2022 ou plus tard ?

Steph : C'est en cours, mais avec tous les reports d'affiches depuis deux ans, tout est complet, c'est donc très difficile. On a bon espoir pour la fin de l'année.

Greg, votre guitariste, comptait également d’autres groupes à son actif (Coexistence et The Enders), des sorties à venir sont-elles au programme dans un futur proche ?

Greg : Il y a eu du remaniement de line-up au sein de The Enders puisque nous avons recruté un nouveau bassiste et je suis passé au chant. Donc tout ceci a considérablement ralenti notre cadence mais un deuxième album est toujours en travaux. On espère le sortir dans le courant de l’année 2023.

On vous laisse le mot de la fin :

Greg : Un grand merci à toi et à l’équipe de Aux Portes du Metal pour cette si belle chronique de "Echoes From Afar" (et des deux précédents) ainsi que pour cette interview. Et merci aux quelques curieux qui ont pris le temps de lire cette interview. On espère que votre curiosité vous poussera à aller écouter notre musique. Elle est faite avec le cœur et les tripes !