Groupe:

Tenace

Date:

14 Octobre 2021

Interviewer:

fabulous

Interview Mateo Riou

Pour commencer peux-tu présenter le groupe a nos lecteurs ?

Tenace est un groupe parisien évoluant dans un style « screamo / post-harcdcore ». Le groupe existe maintenant depuis 2017.

Votre nouvel album est d’abord sorti en digital via votre Bandcamp en juin avant de sortir en vinyle en Septembre, pourquoi ces deux sorties décalées ?

Il ne s’agit pas d’un album mais d’un EP. Tant mieux si ça semble être un projet aussi chiadé qu’un album mais le but n’était pas de faire quelque chose d’aussi exigeant et abouti qu’un album. La sortie digitale était prévue dès le départ avant le format physique. Mais pour les raisons que l’on connait sur la pénurie de matières premières due au Covid et à cause de major qui s’accapare les fabricants de vinyles et créent des bouchons, le vinyle n’arrivera qu’en octobre. On vient juste d’apprendre que le fabricant (tout est fait en France) vient de nous l’expédier.

Vous avez sorti un album live en digital sur votre Bandcamp pour la release party de votre EP Vestiges, le son est bon d’ailleurs, c’est le genre de cadeau aux fans que vous pouvez continuer de faire à l’avenir ?

Idem, je ne sais pas si on peut parler d’un album car ce projet était vraiment totalement DIY et sans prétention. C’est effectivement quelque chose qu’on aimerait beaucoup refaire à l’avenir. A savoir faire des concerts « pirates » dans des conditions particulières puis dégainer en surprise un enregistrement. Mais c’est quelque chose de très lourd à organiser et produire. Cela nous a demandé beaucoup de préparation en amont et ça a créé beaucoup de prise de tête au sein du groupe ainsi que du stress. On a aussi sollicité beaucoup d’amis notamment à la technique (plusieurs caméras dont 2 caméras au point), dont Antony Morant à la prise de son, au mix et au master. Un ami de longue date qui nous avait déjà filé un coup de main pour le rec et le mix de notre toute première démo. Initialement, il y aurait même dû y avoir la vidéo de tout le concert. Mais pour toutes les raisons évoquées plus haut, on a dû de se contenter de faire un clip pour le morceau The Foreman réunissant plusieurs parties filmées du live.

Vous évoluez dans un style screamo post hardcore avec l’originalité d’avoir un chant en français, ce choix était clair dès le départ ?

Pour être tout à fait honnête, le choix n’étant absolument pas clair dès le départ. Vous verrez d’ailleurs que notre première démo est entièrement en anglais et qu’il reste un morceau anglophone sur notre 1er EP « Vestiges » également. La véritable raison c’est que j’ai toujours voulu écrire en français mais que je n’assumais pas. Je trouvais l’exercice de l’écriture en français beaucoup plus dur et intransigeant que l’écriture en anglais. Sans parler du jugement du public. C’est Yann, notre premier batteur, qui m’a poussé à lâcher prise, m’a donné confiance et m’a permis d’assumer d’écrire en français. Aujourd’hui je ne suis pas sûr d’ailleurs de pouvoir écrire de nouveau en anglais tant le français me semble plus honnête et sincère !

Il y a deux featuring sur votre album avec les groupes Personal War et Eux, comment avez-vous connu ces deux groupes ?Comment se sont passés l’enregistrement de ces deux titres ? Ils ont participé à la composition des morceaux ou simplement une participation au chant ?

Clément de Personal War est un ami de longue date de Fred. On avait déjà fait un feat ensemble en live où il était venu se joindre à nous sur notre morceau « Growing Revolt ». On a également fait un concert ensemble Personal War et Tenace au cirque électrique juste avant le Covid. Concernant Fabien, nous nous sommes rencontrés au boulot ! Il était régisseur d’une salle de concert et m’accueillait avec le groupe pour lequel je bossais. Après le concert, on a commencé à discuter rapidement dans la rue avant de se dire aurevoir. C’est là que l’un de nous a dit : « j’ai un groupe dans un style de musique de niche complétement obscure dont tout le monde se fout ». « Ah bon, mais moi aussi. Mais quel genre ? ». « Bah laisse tomber tu connaitras pas. Bon ok : du screamo » « Oh putain mais moi aussi !!! » C’était vraiment drôle. Du coup, on a échangé nos projets respectifs et j’ai vraiment adoré l’album qu’il avait sorti quelques temps auparavant avec son groupe Eux. Pour la petite histoire Fabien a même failli nous rejoindre quand on a dû trouver un remplaçant à notre ancien batteur. Du coup, l’invité sur notre EP était assez naturel. Chaque morceau a été conçu de façon différente : Pour Fabien ça a été très simple, on a écrit Sombre Tableau avec le groupe très vite. Idem pour les textes. Et on a laissé un trou en disant à Fabien : on a un morceau, un sujet, cet emplacement serait pour toi et à la fin on chante ensemble. Est-ce que ça te branche ? Pour Clément, on avait aussi en tête de l’invité sur l’EP. Mais c’est lui qui est arrivé avec un thème sur l’enfermement. On état en plein Covid. J’ai donc écrit la suite des textes en « ouvrant » le sujet à l’isolation des individus dans la société et le fait de se sentir enfermé dans sa propre prison personnelle. Clément a finalement retravaillé ses textes car il avait tout fait en anglais et qu’il voulait finalement rester sur du français avec moi. Puis on a fait la zic. Leurs deux voix ont été enregistrées dans notre studio de répét par Nathan après qu’on ait enregistré l’instru et ma voix chez Sylvain Masure à Reims comme le reste de l’EP. On est vraiment très heureux et fiers d’avoir ces deux gars en invités et on les en remercie ! C’était vraiment important pour nous de partager notre projet avec d’autres artistes.

Si j’ai bien compté votre vinyle est sorti via 8 labels. Un bon moyen de diviser les coûts de production j’imagine ?

12 même !! Callous Records, Cloudsurf Records, Coeur sur toi, Itawak Records, Jean Scene Creamers, Les Disques Rabat joie, Les laboratoires de sons (notre asso), Missed Out Records, Nuisances Records, Sleepy Dog Records, Smart&Confused et Yoyodyne. Certains ne faisant que des K7, d’autres que les vinyles, d’autres les deux ! Des labels français, des anglais, des canadiens et des américains. On va aussi avoir des labels qui devraient distribuer quelques copies au Japon, en Allemagne, en Italie et en Espagne. On voudrait d’ailleurs faire un grand grand merci à Ben de Smart&Confused et Yoyodyne. Sans lui, on n’aurait pas réussi à dénicher tout ce beau monde ! Comme tout est DIY, le partage de coûts production est bien évidemment indéniable. On n’aura pas pu faire presser ses vinyles sans tous ces labels de passionnés qui nous ont aidés à financer le projet ! Mais au-delà de l’aspect financier, c’était aussi et surtout pour faire vivre l’EP et lui donner de la visibilité. Pour qu’il puisse être défendu, distribué et vendu par d’autres que nous. Partout en France, partout dans le monde. Admettons que nous avions réussi à financer entièrement seul la production, qu’est-ce qu’on aurait fait des 300 vinyles dans notre grenier. Avec l’aide de tout ce beau monde, on se dit qu’on aura plus de chance d’être découvert et écouter.

Les concerts ont enfin repris de manière régulière un peu partout. Vous avez des dates de prévues pour défendre et présenter votre album ?

Notre EP, notre EP 😊On a 6 dates en octobre : 1/10 à Boulogne organisé par Sleepy Dog Records (un de nos labels), 2/10 à Paris organisé par nos très chers Smart&Confused, 21/10 à Besançon aux Passager du Zinc, 22/10 à Thionville grâce et avec nos potes de Coldrain et Fear of Tomorrow, 23/10 à Metz, toujours grâce et avec Coldrain et Fear of Tomorrow, 24/10 au Havre aux Mc Daid’s. On travaille aussi à monter une tournée au printemps (fin-fév/mars).

Vous êtes de Paris, est-ce que c’est plus facile pour enchaîner les concerts avec la multitude de salles à disposition un peu partout dans Paris ?

j’ai vécu en région marseillaise jusqu’en 2010. Franchement je trouve que c’était beaucoup plus facile et plus simple dans le sud. Peut-être que c’est aussi une question d’époque. Les principaux lieux où notre style de musique peut se produire sont des lieux alternatifs, des caves et des caf-conc. Tous ces lieux sont en voie de disparition sur Paris (et en France en général j’ai l’impression).De plus, en « région » comme disent les parisiens, il y a beaucoup plus d’aides et d’accompagnement pour les petits groupes. Notamment grâce aux smacs, dracs, et autres aides départementales ou régionales. Donc pour répondre clairement à la question : non ce n’est pas plus facile. C’est même peut-être plus dur. Sans parler des embouteillages d’évènements programmés sur paris et qui peuvent se faire concurrence. Heureusement tu as tout de même un gros vivier d’acteurs et organisateurs qui se battent pour continuer à faire vivre ses lieux et cette culture. Smart&Confused que j’ai déjà cité plus haut, mais aussi En Veux Tu En V’la, El Mariachi, Fauchage Collectif…

Comment trouves-tu la scène metal parisienne ? Elle est florissante et se porte bien ?

Je ne suis pas très porté « metal » dans le sens du metal classique ou mainstream. Néanmoins, je pense effectivement qu’il y a malgré tout un beau vivier de musiques « énervées/bruyante » sur Paris. Notamment grâce aux acteurs cités plus haut mais effectivement aussi grâce à des groupes comme Eux, I Am John Baudelaire, Topor, Maps & Foil, Parlor, Bain de sang, Brusque…

Tu as des groupes à nous conseiller que tu vois bien émerger dans quelques années ou de bonnes découvertes faites sur scène ?

je ne peux que conseiller d’écouter Eux. Ou des groupes comme Constante, No Vale Nada…Tous en français dans le texte.

Votre nouvel album, tout comme votre précédent EP d’ailleurs, et à la fois très noir et hargneux, mais aussi mélodique et clair au niveau de certaines parties de guitares. Es-tu d’accord avec cela ? Est-ce une volonté de votre part de rechercher à joindre ces deux extrémités ?

Oui je pense que c’est quelque chose qui nous caractérise bien. C’est important pour nous de réussir à faire le grand écart entre des parties plutôt sombre et violente et des mélodies de fragiles émotifs… On s’attache vraiment à varier les dynamiques et les intensités. Je pense qu’on ne saura jamais faire un morceau vénère du début à la fin tout comme un morceau entièrement ultra calme. On a besoin de variations, de surprises pour ne pas se lasser. La plupart de nos textes sont en rapport avec la vie et le monde qui nous entoure. Rien n’est jamais figé et univoque. Je pense que c’est aussi ce qu’on essaie de faire passer dans notre musique.

Comment se passe la composition d’un morceau ?

C’est une vraie galère ! Ahaha! On n’a pas du tout tous le même parcours musical, les mêmes goûts et les mêmes envies. Et comme on compose de A à Z tous ensemble, la maïeutique est vraiment douloureuse… Chacun donne son avis sur les parties de chacun. Il n’y a jamais l’un d’entre nous qui arrive avec un morceau entièrement écrit ou écrit à 50% et les autres rajoutent leur touche. On est vraiment sur un processus d’écrire en commun sur sa globalité. Avec ce que ça comporte de positif et de négatif.

Vous avez déjà commencé à composer quelques nouvelles chansons ?

Je crois qu’on doit avoir 6, 7 compos en cours dont 2, 3 quasiment terminées. Pour le moment aucun de ces nouveaux morceaux ne sont joués en live.

Pour finir je vous laisse le mot de la fin

Merci beaucoup pour cette interview ! On est ravis de voir qu’il y a toujours des passionnés pour faire vivre des webzines, ou autres médias de façon complétement indépendante ! Ca donne envie de continuer à s’arracher pour proposer des choses originales et pouvoir partager ce qu’on fait ! On espère pouvoir vous croiser sur la route très bientôt !!

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