Groupe:

Bullrun

Date:

04 Janvier 2021

Interviewer:

Didier

Interview Gaël Berton

Salut les BullRun. Comment allez-vous depuis notre dernière rencontre lors du HellFest 2018 ?

Très bien, merci à toi. On garde le moral face à l'état actuel des choses.

Avez-vous gardé votre line up de power trio intact depuis cet entretien ?

Parfaitement, c'est toujours Rémy Gohard au chant et à la basse, Mark Dezafit à la batterie, et moi même, Gaël Berton à la guitare.

À l’époque on avait parlé de Dark Amber votre premier EP. Est-ce que ce premier EP avait été bien accueilli ?

À notre grande surprise, oui. Et c'est d’ailleurs ces critiques satisfaisantes qui nous ont poussés à refaire un EP.

Avec le recul, changeriez-vous quelque chose à Dark Amber ?

Non absolument rien, et sur Wilderness non plus d'ailleurs. Dark Amber était le fruit d'un état d'esprit qui était le notre à un moment donné. Nous sommes toujours fiers des morceaux de ce CD et du travail accompli par Symheris et Jelly Cardarelli au Creampie Studio pour le faire sonner comme il se doit.

Cette année vous revenez avec un nouvel EP, Wilderness. Vous parliez en juin 2018 de questionnement, de recherche d’identité. Est-ce cela qui a pris tant de temps ?

En partie oui. Pendant l'écriture de Wilderness, nous avions une légère tendance à nous orienter vers quelque chose de plus métal, de plus moderne aussi. Et même si nous aimions ce que nous faisions, le doute était toujours présent. Nous avions peur d’être un peu hors sujet et de trop s'éloigner de Dark Amber. Finalement après moult réécritures, nous avons réussi à trouver, je pense, un juste milieu, en laissant le coté métal/moderne prendre un peu plus de place au sein de la composition.

Pensez-vous que Wilderness reflète cette fois votre identité musicale ? Plus que Dark Amber ?

Très clairement oui. Contrairement à Dark Amber, Wilderness a vraiment été plus réfléchi et cette approche métal nous correspond réellement.

Quelles sont les différences majeures selon vous ?

Comme je l'ai dit, cela se passe surtout autour de l'accentuation métal dans la composition. Il y a plus de breaks, davantage de passages rythmiquement plus complexes, sans forcément ressembler à du Necrophagist non plus (rires). Les morceaux sont plus longs et la recherche du son aussi. On voulait vraiment quelque chose de plus gros, de plus lourd, quelque chose de puissant et défini. Et Symheris, là-dessus, il sait y faire ! (rires)

La voix de Rémy sonne toujours très Metallica, mais j’ai trouvé aussi que sur certains morceaux, vous sonniez plus comme le groupe suédois Mustasch, vous connaissez ?

Oui, bien sûr, c'est un excellent groupe d'ailleurs ! On a découvert ce groupe avec leur EP Parasite. Et ça a été d'ailleurs une micro-influence au départ. Disons qu'elle était dans le spectre de tous ces groupes qui font penser à une certaine époque de Metallica.

Le son est particulièrement soigné, encore, comment avez-vous travaillé pour arriver à ce résultat ?

Encore et toujours au Studio Creampie avec Symheris. Comme pour Dark Amber, nous avons pris le temps de bien définir ce que nous voulions. J'ai carrément acheté une nouvelle tête d'ampli par exemple, parce qu'il fallait une autre tête, tout simplement. Nous avons tous fait plein de tests pour trouver LE son qu'il nous fallait. Symheris nous a pas mal aiguillés aussi à ce sujet d'ailleurs. Il avait déjà une certaine idée de comment devait sonner cet EP. Donc on lui a fait totalement confiance.

Le morceau Fire and Hate a fait l’objet d’un vidéo clip assez impressionnant. Racontez-nous un peu cette aventure ?

Elle commence déjà avec la rencontre de Julien Metternich de MILF Production, avec qui le courant est tout de suite passé. Nous avions les mêmes goûts, la même façon de concevoir beaucoup de choses, bref, c’était LE gars. Il nous avait déjà largement convaincu avec la réalisation des teasers et du Behind The Music. Nous ne voulions que lui sur le clip. Pour ne pas le brider artistiquement, nous lui avons laissé choisir le titre qu'il voulait filmer. Pour lui c'était évident, Fire And Hate était le titre sur lequel il fallait miser. Il y voyait une dispute de couple qui dégénère. Alors on a cherché à mettre ça en avant d'un point de vue métaphorique avec des armes et des explosions. Il a fallu ensuite trouver un lieu assez grand et éloigné pour pouvoir faire un maximum de bruit, et le centre de paintball Europaint à Rouvres était le lieu idéal. Et enfin, Julien a su réunir une équipe absolument parfaite, composée d'une vingtaine de personnes toutes plus motivées les unes que les autres, qui ont su rester exemplaires pendant plus de 17h de travail, dans des conditions extrêmes, sous un soleil de plomb et sous la tempête pendant la nuit (rires). Ce fut une expérience incroyable pour tout le monde et nous ne les remercierons jamais assez pour leur professionnalisme et leur bonne humeur.

J’ai trouvé l’idée du making-of très sympa, on y apprend pas mal de choses sur l’EP. C’est vous qui en avez eu l’idée ?

Oui. Nous avions envie de partager davantage avec les gens qui nous suivent, en leur parlant directement. Nous pensons que c'est important de garder cette proximité avec le public, surtout en ces temps difficiles.

En tout cas, je me demandais qui avait écrit les textes et pourquoi cette haine qui transpire dans le morceau. J’apprends dans le making-of que c’est sur les relations de couple. Dis donc, je ne voudrais pas croiser vos compagnes :-)

Ne t’inquiètes pas, elles ne poseront justement plus de problème (rires). Plus sérieusement, c'est Rémy qui écrit les paroles, et pour cela il va chercher bien évidement dans sa propre vie, son rapport aux autres et au monde en général, mais aussi dans la littérature et surtout dans le cinéma.

J’imagine qu’un clip comme celui-là a un coût, comment avez vous financé tout ça ?

De notre poche, tout simplement (rires). La passion est encore présente, et c'est aussi ce qui nous permet de nous lâcher un peu.

Justement, en parlant de financement, comment arrivez-vous à gérer la crise du COVID ?

Comme tout le monde j'ai envie de dire, donc difficilement. C'est pour cela que nous avons beaucoup misé sur la communication vidéo. Nous sommes d'ailleurs en train de nous pencher sur le projet d'une lyric vidéo. Nous ne voulons pas laisser cette saloperie nous écarter de nos objectifs.

Est-ce que ces périodes de diète scénique sont au moins propices à la création ?

Cela a été difficile au départ car la situation est déprimante au premier abord. On a quand même sorti un EP dans un contexte qui nous empêche de le défendre sur scène, donc c'est difficile d’être créatif dans ce genre de conditions. Mais on s'adapte et oui, on profite de cette période, qui impacte tout le monde pour être productifs et bosser sur de nouveaux morceaux. C'est important de savoir tirer profit de ce genre de situation.

C’est quand même compliqué de faire la promotion de votre travail sans pouvoir tourner ?

Surtout que la musique de BullRun est vraiment pensée pour la scène dès le départ, donc oui c'est compliqué pour nous de devoir s'en remettre « simplement » à la communication via les réseaux sociaux.

J’ai été agréablement surpris de vous trouver sur ma plate-forme de streaming HiRes Qobuz. Est-ce que ces plate-formes vous rapportent le moindre centime ? Ou bien est-ce surtout un moyen de se faire connaître ?

C'est avant tout pour se faire connaître en diffusant notre musique, c'est notre objectif principal.

Êtes-vous toujours indépendants, ou bien vous êtes vous rapproché d’un label ?

Nous sommes toujours indépendants, mais nous sommes totalement ouverts à toute proposition ! (rires).

Après ces 2 EP, pensez-vous avoir atteint une certaine maturité et être prêts pour un album ?

Oui il est temps, le prochain CD de BullRun sera un album. Wilderness était encore un test on va dire. C'est ce qui nous plaît dans le format EP. Je ne peux pas te dire à quoi va ressembler l'album, il est encore trop tôt, mais il est fort probable qu'il soit dans la même veine que Wilderness.

Je vous remercie pour votre temps et vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs…

Et bien merci à toi. Et même si nous ne savons pas à quoi ressemblera le monde du spectacle après cette pandémie, nous, nous serons toujours là, et on espère que le public aura toujours le goût des concerts car on sera ravis de partager une bière avec eux après le show !

 

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