Groupe:

7Weeks

Date:

18 Janvier 2021

Interviewer:

Didier

Interview Julien

Bonjour les 7Weeks, ça fait un moment qu’on vous suit, mais pouvez-vous nous présenter le groupe, pour ceux qui ont raté les épisodes précédents

On existe depuis 2007, on a sorti 5 albums et 3 EPs, tourné un peu partout en Europe, participé à pas mal de festivals comme le Hellfest, le Rock for People (Rép. Tchèque), le Hammer Fest (UK), etc. En 2020 on a sorti un album intitulé « Sisyphus » puis un EP « What’s Next ? » dans la foulée à la suite du premier confinement.

J’avais chroniqué Sisyphus, qui avait hérité d’un coup de coeur, cet album sorti en début de l’année maudite 2020, n’a pu bénéficier d’aucune promotion sur scène. Ca doit être très frustrant pour un groupe ?

Oui car ce sont deux années de travail qui ne sont pas pleinement exploitées, on a seulement eu le temps de faire quatre concerts. Mais on n'est pas du genre à s’apitoyer alors on a vite voulu réagir.

Est-ce cela qui nous mène à la sortie de cet EP, What’s Next?

Exactement, c’est notre réponse à la situation. On ne peut pas tourner ? Ok, alors on va enregistrer. C’est assez logique finalement et ça nous a aidé à ne pas rester sur cet arrêt brutal de notre activité.

Deux morceaux de cet EP sont semble-t-il extraits des sessions d’enregistrement de Sisyphus. Pourquoi avaient-ils été écartés à l’époque ? Y avez-vous apporté des changements ?

« Intimate Hearts » avait été enregistré, mixé et puis au dernier moment, quand on faisait le tracklisting de l’album on a décidé de le mettre de côté, il déséquilibrait « Sisyphus » par son côté très sombre alors que l’album a un côté plus « solaire » dans son ambiance générale. De plus on voulait un album court, on savait qu’on pourrait le sortir plus tard en single ou autre. « My Valhalla » lui avait été maquetté pour l’album mais laissé de côté car on avait assez de morceaux et je n’avais pas eu le temps d’aboutir les textes. Ce que j’ai largement eu le temps de faire en avril en tenant compte de la symbolique du moment pour peaufiner l’écriture.

L’EP propose aussi 3 versions acoustiques de morceaux de Sisyphus. Elles sont superbes je trouve, pourquoi ce choix de l’acoustique et pourquoi ces trois morceaux en particulier ?

Ce sont des morceaux assez mid niveau tempo en électrique, ils sont écrits vraiment comme des chansons donc il est relativement évident de les adapter en acoustique. De plus, on les avait déjà un peu bossé quelques mois auparavant pour un concert privé à notre local.

Aviez-vous déjà expérimenté avec l’acoustique avant cela ? Personnellement j’aime beaucoup cette facette du groupe.

Oui on a déjà fait ça mais jamais de manière aussi aboutie, on aime beaucoup la simplicité qui se dégage de cette facette, on joue de la musique point. Paradoxalement ça demande beaucoup de maîtrise et de concentration, puis de lâcher prise.

L’EP inclut aussi une reprise de King Crimson, Cirkus. C’est une surprise (pour moi en tout cas), pourquoi ce choix assez éloigné de votre style musical ?

Je suis un grand fan de King Crimson depuis très longtemps, j’ai converti Jeremy quand je l’ai rencontré. On ne peut pas dire que ce soit une influence directe mais je l’ai tellement écouté que c’est forcément quelque part dans notre musique. On aurait pu faire une reprise plus classique évidemment mais on aime les challenges (et reprendre King Crimson en est un!) et on voulait (se) montrer qu’on pouvait faire ce genre de chose. De plus j’ai toujours pensé que ce morceau était spécial et irait très bien avec notre son.

En tout cas, sacré boulot, notamment au niveau du chant qui n’est pas évident du tout. Comment avez-vous décidé des arrangements ?

Merci. C’est la première chose sur laquelle on a travaillé quand on a été confiné, on a pas mal déblayé le terrain avec PH (clavier) par mail avant de soumettre aux autres. On a beaucoup écouté de versions live de différentes époques (car King Crimson, à l’instar de 7 weeks, est un groupe à line-up multiples) et on a également fait appel à Gérald (guitariste live du groupe de 2016 à 2018) pour arranger lune bonne partie des guitares car c’est vraiment dans ses cordes. On était donc cinq à jouer sur ce morceau.

Vous avez donné une interview à Rolling Stone Magazine France, bravo ! Pensez-vous que le groupe ait franchi une étape importante dans sa maturité ?

On l’espère, « Sisyphus » est l’album du retour pour nous après une période de questionnement et de remise en question (on n'a pas tourné pendant deux ans). On a compris que c’est dans l’adversité qu’on trouvait notre inspiration, ça a conditionné notre écriture et rendu meilleure je pense, du moins plus « assumée ». Ce qui peut-être considéré comme de la maturité.

Dans cette interview, on lit que ces morceaux ont été enregistrés “one take” et livrés sans overdub. Oui mais combien de fois avant que ce “one take” soit le bon ? Tu peux nous en dire plus ?

Je crois qu’il y a eu quatre versions maximum de chaque morceau et qu’on a choisi le plus souvent la deuxième ou troisième. La première servait de test, suite à quoi Pascal Mondaz (son) venait nous voir pour nous donner quelques indications, le plus souvent sur l’interprétation du chant, l’émotion à dégager et on refaisait. De toute façon, au bout de quatre prises, tu as tout donné en termes de concentration, tu commences à accélérer, à être moins attentif etc. Soit tu fais peu de prises soit tu en fais énormément, et nous on voulait capturer la fragilité, l’instant.

Vous semblez être nostalgique des années 50 (que vous n’avez pas connues) et de ses techniques d’enregistrement. Vous traversez une petite crise de vintage aiguë on dirait :-) ?

Pas du tout ;) on n'est pas nostalgique de cette époque particulièrement mais j’évoquais l’aspect de l’enregistrement de ces temps-là car cela rejoint ce dont je parlais juste avant. Arriver, se brancher et jouer, point. Je trouve que cette musicalité et cette spontanéité se sont perdues avec la musique moderne. J’adore les grosses prods, mais on doit pouvoir aussi jouer comme ça , sans rien, sans artifice, sans technologie.

Vous avez semble t-il soigné les vidéos qui accompagnent Cirkus et Idols. Comment se sont passées ces sessions d’enregistrement ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Pour Idols, c’est très simple, on a filmé les quatre prises d’enregistrement plus quelques raccords car il y avait un pare-son entre la batterie et la guitare et ce n’était pas très chouette visuellement. Mais l’essentiel des images sont celles de la prise qui figure sur le disque, donc il y a cette cohérence qui donne un côté très authentique au clip. Pour Cirkus, on a plus scénarisé et on voulait dès le départ mélanger le clip avec des images de « Freaks » de Tod Browning, il y a eu un gros travail de montage et le clip est super, notre meilleur je trouve, très réussi artistiquement. Il y a un vrai sens dans la situation actuelle, avec le fait qu’on soit montré comme des clowns tristes devant ces sièges vides. On ne voit pas passer les six minutes du morceau. C’est William Windrestin qui l’a réalisé, Tom Marchand a fait « Idols ».

On parlait à l’instant des années 50, mais on n'est quand même pas gâté par les années 2020. En tant que musiciens, comment arrivez-vous à joindre les deux bouts avec la crise actuelle ? Ça doit être raide ?

Pour l’instant on y arrive mais si la situation ne revient pas à la normale rapidement ça va être compliqué car on vend beaucoup moins de disques sans les concerts et les magasins ayant fermé très rapidement après la sortie de « Sisyphus », on n'en a pas vendu assez là non plus. C’est le point noirs des groupes indés, la perte sèche des ventes de disques.

Je suppose que pour le moment c’est tout pourri pour les concerts, est-ce que au moins ce sont des périodes propices à la création musicale ?

Oui forcément, on travaille sur des nouvelles choses mais il faut également observer ce qui se passe et se tenir prêt à toute « mutation » du système. C’est le plus compliqué car pour l’instant ce ne sont que reports sur reports.

J’ai vu passé des infos sur un possible remake de ciné-concert de Dead Of Night. Qu’en est-il ?

On a retravaillé le ciné-concert que l’on n’avait pas fait depuis 2013 pour jouer pour public en condition assise et distanciée et que ce soit quand même un vrai concert (les ciné-concerts sont assis). On devait le jouer quatre fois fin janvier mais c’est reporté en avril. On espère que ça tiendra.

Avez-vous d’autres projets en cours pour 7Weeks ?

Survivre à tout ça ahaha ! Plus sérieusement, on s’adapte, on patiente et on croise les doigt pour les reports de 2020 sur le printemps et l’été 2021 soient maintenus. Mais on sait que rien n’est sûr. On travaille sur de nouvelles choses mais on ne peut pas sortir un disque à chaque confinement comme en 2020, de plus il va y avoir tellement de sorties quand ça va reprendre que ça va être l’embouteillage (bon courage pour les chroniques d’ailleurs !!).

Merci pour cet entretien, je vous laisse le mot de la fin, pour nos lecteurs…

Merci d’avoir lu jusqu’au bout et achetez des disques c’est vital pour les groupes comme pour les distributeurs et les disquaires car quand ils ne seront plus là, et qu’il n’y aura plus qu’Amazon, ce sera pratique c’est sûr mais on aura perdu quelque chose de très important, la proximité et la compétence.

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