Interview Torve

Le groupe Torve est récent mais vous êtes tous des musiciens chevronnés. Peux-tu nous faire une présentation du groupe ?

Ça commence par deux potes (les gratteux Nath et Deb) qui, autour de leur pinte de bière hebdomadaire, décident de passer des promesses au concret, c’est-à-dire monter un groupe de rock qui leur ressemble. Cette phase dure un an et 384 pintes (4 pintes chacun par rdv hebdomadaire, soit 8 par semaine, 32 par mois, et donc 384 sur l’année...). C’est en 2017 que le reste du groupe arrive naturellement, on se connaît depuis des années grâce à nos groupes respectifs (Horsks, Sorry For Yesterday, Aura...), les répètes s’enchaînent au Bastion de Besançon et l’alchimie prend rapidement : dès fin 2018, on décide de l’enregistrement de l’EP !

Votre premier EP est sorti sur l’excellent label Araki Records, comment s’est passé votre rencontre avec ce label ?

Tu as raison, ils font un travail remarquable ! Leur catalogue est hyper dense, qualitatif, éclectique et ils ont une vraie vision de ce qu’ils veulent en faire. On est assez fier de faire partie de l’écurie ! On s’est approché d'eux tout simplement en envoyant la démo de l’EP à Simon, le boss, qui nous a dit “banco” le lendemain !

The Part Where It Kills You est sorti en version physique en vinyle uniquement ; vous êtes, comme moi, de ceux qui pensent que le vinyle est un superbe objet de collection musicale ? Amateurs du son vinyle ?

Complètement ! Le son et le fait d'avoir un bel objet entre les mains font que nous avons choisi ce support ! Y'a encore des gens qui écoutent des CD ?

Quel est le dernier vinyle / CD que tu aies acheté ?

Reverend Beat-Man And The New Wave et Birds In Row !

Quels styles et quels groupes écoutent les membres de Torve ?

Hardcore/ rock / pop.

The Mars Volta / Mutiny On The Bounty / Dogleg / Saosin / Botch / Mew / Mono....

Vos guitares au son clair me font penser à And So I Watch You From Afar, ce groupe fait partie de vos influences ?

Carrément, mais je dirais aussi dans un style un peu différent Mutiny On The Bounty.

Votre musique est très riche et variée, plusieurs styles musicaux se télescopent tels math rock, noise rock, garage, et un chant parfois proche du screamo. C’était une volonté de votre part ou simplement l’alchimie de votre travail qui a donné cela ?

Oui, le groupe s'est formé au départ avec Deb et Nath, les deux gratteux, on voulait des grattes plutôt rock, mais avec un basse/batt qui ramone et qui apporte le côté hardcore. On en a parlé à Fred (basse) et Briou (batteur) en leur disant de ne pas se fier aux grattes qui peuvent être parfois plus pop mais justement apporter un contraste, que la machine rythmique reste bien vénèr' ! Ensuite Fil, le chanteur, qui est passé par la pop et le hardcore fait le lien entre les instrus en passant par du chant clair, du chant scandé et du chant hurlé ! Chacun gère ses parties avec ce qu'il sait faire de mieux et surtout avec ce qu'il a envie de faire ! Tout ça mélangé, ça donne Torve !

La scène franc-comtoise a quelques excellents porte-étendard tels que Membrane, Fallen Lillies ou Horskh. Comment la juges-tu ? D’autres groupes à conseiller à nos lecteurs ?

C'est vrai que la scène franc-comtoise est riche et c'est dû entre autres au Bastion qui propose des locaux de répétitions et apporte un gros soutien pour les groupes locaux. On peut citer Potence, Whorsenation, Prison Life...

L’artwork de votre vinyle présente plusieurs dessins différents, peux-tu nous expliquer ces différentes représentations ?

La définition du mot torve c'est « regard oblique et menaçant » L'artwork a été réalisé par Champ Libre, on leur a laissé carte blanche, les seules consignes étaient qu'on voulait de la couleur, (y'en a marre de ces pochettes toujours en noir et blanc !) et un rapport à cette définition de torve, d'où toutes ces paires d'yeux dissimulées ici et là ! Les différentes représentations n'ont pas forcément d'explications, on voulait un bel objet, original, conçu par d'autres regards (torves) que les nôtres !

Votre EP est sorti en février de cette année, est-ce que vous avez déjà commencé à travailler sur la suite ?

Cette année, avec cette épidémie, a vraiment été super spéciale, annulation de tous nos concerts, peu de répètes... On voulait enregistrer de nouveaux titres début 2021 mais on va attendre de refaire quelques concerts pour pouvoir défendre sur scène « The Parts Where It Kills You ». Tout ça ne nous a pas empêché de bosser chacun de notre côté, il y a pas mal de nouvelles choses sur le feu dont plusieurs nouveaux titres qu’on testera en live. On prépare en ce moment un titre acoustique qu'on aimerait sortir en vidéo prochainement !

Vous allez continuer avec le format EP ou passer à l’album ?

Tout dépendra des opportunités qui se présenteront. On aime bien le format EP, ça permet de garder des titres sous le coude pour les lives, ou de les sortir d'une autre manière soit en vidéo soit gratos sur le web, etc.

La basse est vraiment très présente et mise en avant sur plusieurs morceaux, l’envie de mettre en lumière cet instrument de l’ombre ?

Ce n'est pas un choix artistique, le bassiste a un égo surdimensionné et son âge très reculé lui fait perdre un peu plus chaque jour de ses capacités auditives ! Non plus sérieusement, on pense que la basse doit avoir un rôle égal à celui des grattes. Elle n'est pas que rythmique, elle apporte pas mal de mélodies et sert à l'harmonie. On veut que chaque instrument puisse avoir sa place et que ce qu'il exprime soit entendu, pas juste une nappe sonore qui traîne dans le fond !

Comment s’est passée l’écriture de cet EP ? Tous les membres ont apporté leur pierre à l’édifice ?

La plupart du temps, les compos viennent des gratteux. Ce sont seulement des ébauches, chacun apporte des changements et surtout joue ce qu'il a envie de jouer ! Le résultat final n'a rien à voir avec les ébauches de départ. Arrivés en répète tous les cinq, les riffs sont triturés dans tous les sens, rallongés, raccourcis, supprimés, la rythmique et les accords changent, la structure est modifiée, etc. Encore une fois, chacun doit prendre sa place sans bousculer l'autre et ça marche plutôt bien !

Si tu avais le choix, avec quel groupe aimerais-tu partir en tournée ?

At The Drive in pour la classe, Mötley Crüe pour l’alcool et les drogues.

Si vous deviez choisir un featuring pour un titre, ça serait qui ?

Botch.

Et pour finir, je vous laisse le mot de la fin.

Chibre.