Groupe:

Howard

Date:

21 Avril 2020

Interviewer:

Didier

Interview Howard

Salut les Howard, pouvez-vous présenter le groupe à nos lecteurs ?

Bonjour Didier ! On est Howard, un trio Fuzzrock basé à Paris depuis 2017 et composé de Tom Karren à la batterie, Raphaël Jeandenand à la basse Moog et à l'orgue, et JM Canoville à la guitare ainsi qu'au chant.

Peut-on vous demander l’origine du nom du groupe ?

JM : Howard est le prénom de HOWARD PHILLIPS LOVECRAFT, auteur pionnier de la Fantasy, que l’on aime beaucoup notamment pour sa narration si particulière.

Quelles sont les influences majeures du groupe ?

Raph : Elles sont majoritairement Rock, bien qu'on écoute des tas d'autres genres musicaux. Dans les grandes lignes, ce serait Wolfmother, Queens of the Stone Age, Birth of Joy, All Them Witches, The Doors, et Neil Young.

Vous opérez en trio guitare/orgue/batterie sans basse, ce n’est pas banal, pourquoi ce choix ?

Tom : Il y a bel et bien une basse, mais elle est jouée par un synthé. On aime beaucoup la formation trio et c'était une composante essentielle pour nous, alors comme Raph apprécie de jouer la basse de la main gauche, c'est d'une pierre deux coups.

N’est-ce pas compliqué quand vous êtes sur scène ?

Raph : Non, pas plus qu'avec une basse électrique : on passe le synthé dans un ampli basse et ça fonctionne !

Vous œuvrez dans un style musical plus proche de la musique de vos parents que de la vôtre. Comment expliquez-vous ça ?

JM : Mon père écoute surtout Bach et Haendel, donc au final je n'en suis pas si proche ! Plus sérieusement, ce sont surtout mes grands frères qui m'ont fait découvrir le Rock quand j'étais tout petit, depuis je n'ai jamais décroché, et il n'y a rien qui me mette plus en joie que d'écouter des riffs saturés à plus de 93 dB.

Raph : J'ai découvert le rock dans la discographie de mes parents et on allait souvent aux concerts ensemble.

Tom : Je suis le chaînon manquant. Tout petit, je dansais jusqu'à saigner du nez sur Vivaldi et Bruce Springsteen.

D’ailleurs, je trouve rigolo que sur votre bio je lise “qu’une vague de renouveau submerge le paysage rock français”, car c’est une vague qui nous vient des années 70. Et ça n’est pas qu’en France d’ailleurs, ce renouveau “vintage” est partout (The Answer, Blue Pills, Greta Van Fleet, Rival Sons, …). C’est une bonne nouvelle, non, pour ceux qui aiment la bonne musique ?

JM : En effet, cette vague n'est pas propre à la France ! Le public redécouvre ces sonorités-là à l'échelle mondiale, et les gros noms comme Rival Sons ou Blues Pills, mais aussi les Black Keys ou autres White Stripes participent à l'engouement pour le rock dans son ensemble. Alors, c'est en effet une sacrée bonne nouvelle pour les amateurs du genre, mais ce n'est pas pour autant que l'on renie tous les courants actuels qui sont bourrés de talent ! Tous les trois, on écoute des musiques de tous horizons, le rock est bien loin d'avoir le monopole de la "bonne musique".

JM chante en anglais, qui plus est avec un accent excellent, ce que j’apprécie particulièrement. C’était une évidence pour Howard de chanter en anglais ?

JM : Oui, on trouve comme beaucoup que l'anglais est une langue qui marche instantanément avec le Rock. C'est un peu comme quand tu fais du traditionnel écossais : tu mets forcément de la cornemuse.

J’aime beaucoup la voix de JM, qui me rappelle celle de Jeff Angell du groupe Walking Papers (sur Quicklime et Void notamment), je ne sais pas si vous connaissez ce groupe ?

JM : Merci beaucoup ! On ne connaissait pas mais on vient d'écouter leur live KEXP, c'est super, merci pour la découverte. On voit la parenté, mais mes influences vocales majeures sont plutôt Neil Young et Chris Cornell.

J’ai vu sur le Bandcamp que JM jouait de la guitare mais aussi du Lap Steel. D’où est-ce qu’il a sorti ça ? J’ai vu que vous étiez de Paris, mais c’est Paris, Texas en fait :-)

JM : Mon amour pour la Lap Steel vient de l'écoute intensive de Neil Young (mon artiste préféré). Sur l'album On the Beach, je suis tombé raide dingue des parties jouées par Ben Keith. J'ai fini par en acheter une et l'occasion s'est présentée sur un morceau de l'album pour en caler un solo. Pendant l'enregistrement, j'ai intelligemment oublié mon Bottleneck, et j'ai dû revenir aux bases en le jouant avec une bouteille de bière. Paris, Texas, en effet !

L’orgue Hammond de Raphaël donne ce petit côté Deep Purple (notamment sur The Path), c’est une référence importante pour vous ?

Raph : Bien sûr, j'ai passé un nombre d'heures incalculable à relever des solos ou autres plans de Jon Lord. La première fois que j'ai écouté ce groupe, j'ai compris quelle place pouvaient avoir les claviers et surtout l'orgue dans un groupe de rock. L'idée du 50/50 orgue/guitare sans rapport de force m'a séduit instantanément !

C’est un instrument qu’on retrouve peu sur la scène française ; on avait déjà Flayed, vous les connaissez ?

Raph : Malheureusement non ! Il y en a quelques-uns mais c'est vrai qu'ils se font rares. On connaît Moundrag par exemple, un jeune duo orgue/batterie des Côtes d’Armor à découvrir absolument !

J’ai vu aussi que Raphaël maniait le Theremin ; c’est d’un autre temps, ça. Et forcément, on pense à Jimmy Page. Vous pouvez nous en dire plus ?

Raph : Je joue surtout de l'orgue dans Howard mais je suis passionné d'instruments électroniques en tout genre : synthés analogiques, boîtes à rythmes, magnétophones, pédales d'effets, etc. J'avais fabriqué mon premier Theremin quand j'étais encore lycéen. Avec un circuit trouvé sur le net, une boîte en bois issue d'un coffret vinicole et une antenne de radio/cassette laissée pour pièces : ça faisait le job ! C'est d'ailleurs celui-là qui est utilisé sur l'album, passé dans les filtres d'un vieux Korg MS20.

Obstacle est votre premier album, il fait suite à un EP ; comment avez-vous bossé pour la composition des morceaux de cet album ?

Tom : À peu de choses près, les morceaux d'Obstacle et de notre EP ont été écrits en même temps. Untel amène une idée, on tricote ensemble et ça donne un beau pullov... une belle chanson. On se rend compte qu'à force de jouer ensemble, on en vient à partager un vocabulaire musical commun qui nous permet de bosser de manière toujours plus collégiale. Chacun participe et intervient à toutes les étapes de la compo. JM peut suggérer une ligne d'orgue ou de Moog, Raph un pattern de batterie et je peux même me retrouver à proposer un thème pour les paroles d'une compo toute fraîche.

De quoi traitent vos textes et qui s’en charge ?

JM: C'est le principe qu'on t'expliquait au-dessus : plus on avance ensemble, plus tout ce que l'on écrit (musique comme texte) est un acte commun. Dans chaque morceau, le texte est comme une photographie d'un état d'esprit sur un moment assez court, on développe les pensées et le ressenti du personnage avec un point de vue interne. On te parlait plus tôt de Lovecraft, et c'est ce que j'aime particulièrement dans son écriture, ce choix de point de vue où on a uniquement accès à ce que pense le protagoniste, avec ce que ça implique de mystère quant à ce qui lui arrive. Tous nos titres ont ce point de vue interne en commun, avec généralement des sujets assez sombres, qui ont toujours des résonances personnelles au sein du groupe. Pour Quicklime par exemple, Raphaël avait été témoin d'un accident voyageur sur une ligne de RER, et le morceau traite des réactions qu’il a pu observer, de l'empathie à l'absence totale de compassion pour la victime.

Vous êtes aujourd’hui dans les rangs de la Klonosphere, c’était important pour vous de trouver un label ? Et pourquoi Klonosphere en particulier ?

Tom : On est content de la sortie de notre EP parce que c'était un premier accomplissement avec le projet, mais pour la sortie d'Obstacle, on souhaitait faire plus de bruit. L'idée, c'était d'être relayés par la presse, envahir les playlists, jouer dans de plus grosses salles (coucou le COVID-19). Rejoindre un label permet de prétendre en partie à tout ça. Trois choses nous ont séduits avec la Klono. Déjà, on avait de bons retours des potes de Mama's Gun et UnCut qui ont signé chez eux. C'était important d'avoir le ressenti d'un groupe qui en est à un stade de développement semblable au nôtre. Ensuite, la rencontre avec Guillaume a été décisive, on a trouvé en lui l'interlocuteur qui a su nous comprendre et nous mettre en confiance. Enfin, la formule proposée nous a plu, on s'y retrouvait et on sentait que le projet vivrait ; qu'on serait pas un joli papillon accroché dans un roster-vitrine plein de promesses mais avec zéro concert et aucune presse à la clé.

Ça doit être un peu compliqué de sortir un album en plein confinement. Comment se passe votre confinement ? Et comment continuer à promouvoir sa musique dans ces conditions extrêmes ?

Tom : Sortir un album un vendredi 13, aussi... C'est vrai que ce n’était pas l'idéal. Durant le premier week-end d'ébullition avant l'annonce du confinement, c'était difficile d'avoir la tête à promouvoir quoi que ce soit, d'autant que les réseaux étaient pas mal saturés. Comme beaucoup, on a fait le pari de la solidarité en appelant ceux qui nous suivent (déjà bien sollicités) à commander notre merchandising en ligne ou à l'acheter en dématérialisé sur notre Bandcamp. À part ça, on s'efforce d'être le plus présent possible sur les réseaux. Grâce à la Klonosphère, on continue d'avoir de l'actu sur notre sortie et on sent un bel élan du côté des webzines, radios, blogs à faire en sorte de continuer à couvrir les artistes. Et ça, c'est sport.

Est-ce que le confinement est, du coup, propice à la création ?

JM : On a la chance d'être ensemble pendant ces deux mois de confinement. Comme on a tous les trois des emplois du temps très chargés en temps normal, c'est inédit pour nous d'être aussi longtemps regroupés avec la possibilité de jouer autant que l'on veut. On n’a pas hésité une seconde quand on a appris que nos jobs allaient être suspendus. S'affranchir des contraintes de temps, c'est vraiment libérateur pour composer ! On peut enfin jouer sans regarder sa montre, et prendre le temps de tester plein de pistes que l'on aurait peut-être éliminées en temps normal.

Je suppose que vous aviez des plans pour promouvoir votre album sur scène ? Est-ce que vous avez d’autres dates prévues plus tard dans l’année ?

Raph : Oui on devait faire deux dates avec Kadavar, une Maroquinerie (Paris) avec Klone et Uncut et une quinzaine de dates en guise de tournée promo de l'album. Tout s'est annulé évidemment. On devrait rejouer avec Kadavar en 2021, La Maroquinerie est reportée au 29 juin pour le moment, mais pas sûr que ça tienne. On va essayer de reporter tout le reste mais, comme les dates de reprise sont floues, c'est encore trop tôt pour ça. C'est un coup dur mais bon, on n’a pas le choix que de faire avec et le plus important est là, personne n'est touché par la maladie chez nous.

Quels sont les projets pour Howard ?

Raph : Dans l'immédiat, c'est continuer tant bien que mal à diffuser l'album. Par exemple, on est programmé au festival Stay Rock Stay Home où un live depuis notre lieu de confinement sera diffusé sur les réseaux. Ensuite, on va peaufiner nos nouveaux morceaux en vue de l'enregistrement du deuxième album et bien sûr retrouver le public le plus rapidement possible, dès que les lieux réouvriront. C'est le live qui nous motive et qui nous fait avancer, donc il nous tarde de remettre les pieds sur scène !

Je vous remercie et vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs…

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